Résumé : Urgence d’entrer dans la nouvelle évangélisation. Nos paroisses ont un besoin urgent d’entrer dans la nouvelle évangélisation car la manière traditionnelle que nous avons d’évangéliser en paroisse est devenue stérile. Dans cet article, le P. Guy Simard omv en donne pour exemple la pastorale du baptême de sa propre paroisse. Or, le fruit de la nouvelle évangélisation, c’est la Vie nouvelle de l’Esprit Saint qui nous fait désirer de devenir des saints.
Le saint pape Jean-Paul II a invité les pays de tradition chrétienne à mettre en place une nouvelle évangélisation : nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans son expression.
Si le pape nous invite à utiliser de nouvelles méthodes d’évangélisation, ce doit être parce que nos méthodes ne sont pas efficaces.
Pastorale traditionnelle au Québec
Regardons ce qui se passe chez nous au Québec, ou du moins dans ma paroisse (j’aurais aimé dire « notre » paroisse, mais certaines personnes parmi vous ne sont pas de notre paroisse). Comment évangélisons-nous les personnes qui ont délaissé en quelque sorte la religion catholique ? Nous acceptons toute personne qui désire faire baptiser son enfant. On agit comme si c’était le droit de chaque baptisé de faire baptiser son enfant. Or la grande majorité des parents que je rencontre pour le baptême de leurs enfants, n’ont pas la foi chrétienne, la foi de leur baptême. Souvent ce n’est pas de leur faute, mais c’est un fait. Certains d’entre eux me disent clairement qu’ils ne savent pas si Dieu existe ou s’il n’existe pas. D’autres me disent qu’ils prient à chaque soir. Ils croient en Dieu, mais ils me disent clairement qu’ils ne croient pas que Jésus est Dieu. Or la foi catholique, la foi chrétienne, c’est précisément de croire que Jésus est Dieu et sauveur.
Lisons un passage des Actes des apôtres : le discours de Pierre au lendemain de la Pentecôte : Actes 2, 22-42.
22 Hommes d’Israël, écoutez les paroles que voici. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, homme que Dieu a accrédité auprès de vous en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes.
23 Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies.
24 Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.
25 En effet, c’est de lui que parle David dans le psaume : Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche : il est à ma droite, je suis inébranlable.
26 C’est pourquoi mon cœur est en fête, et ma langue exulte de joie ; ma chair elle-même reposera dans l’espérance :
27 tu ne peux m’abandonner au séjour des morts ni laisser ton fidèle voir la corruption.
28 Tu m’as appris des chemins de vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
29 Frères, il est permis de vous dire avec assurance, au sujet du patriarche David, qu’il est mort, qu’il a été enseveli, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous.
30 Comme il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un homme issu de lui.
31 Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption.
32 Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins.
33 Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez.
34 David, en effet, n’est pas monté au ciel, bien qu’il dise lui-même : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : “Siège à ma droite,
35 jusqu’à ce que j’aie placé tes ennemis comme un escabeau sous tes pieds.”
36 Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. »
37 Les auditeurs furent touchés au cœur ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? »
38 Pierre leur répondit : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit.
39 Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. »
40 Par bien d’autres paroles encore, Pierre les adjurait et les exhortait en disant : « Détournez-vous de cette génération tortueuse, et vous serez sauvés. »
41 Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre furent baptisés. Ce jour-là, environ trois mille personnes se joignirent à eux.
42 Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.
Ce texte est pour moi d’une importance capitale. Il y est question d’adultes à qui on annonce le kérygme, c’est-à-dire le centre de notre foi : « Jésus de Nazareth cet homme puissant en paroles et en actes, est le Seigneur Tout-Puissant que les autorités juives ont tué mais qui est ressuscité d’entre les morts et qui siège à la droite du Père. » Et comment ont réagi les adultes qui, ce jour-là ont reçu ce message ? On nous dit qu’ils ont été « touchés au cœur » ; autrement dit qu’ils ont été profondément bouleversés par cette annonce. N’oublions pas que les gens qui entendaient cela, avaient à l’esprit de façon très vive ce qui s’était passé cinquante jours plus tôt. Tout le monde avait été témoin d’une façon ou d’une autre de la passion et de la mort de Jésus. Et qu’est-ce que ces adultes ont fait ? Ils ont demandé « Que devons-nous faire ? ». Ils sentaient que ce message devait changer quelque chose dans leur vie ; qu’ils ne pouvaient pas rester dans la situation où ils étaient. Pierre leur dit alors : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. » Le texte laisse entendre que tous n’ont pas cru aux paroles de Pierre, mais que ceux qui « avaient accueilli la parole de Pierre, furent baptisés ». Ces gens se sont engagés ce jour-là à changer de vie, à vivre en compagnie de Jésus, sous son regard et à suivre le chemin de l’évangile. Ils ont sûrement appris par la suite, de façon plus concrète ce que cela voulait dire car la dernière phrase dit: « Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. » Ils étaient donc des affamés, des gens qui voulaient en connaître davantage sur leur religion et qui participaient à l’eucharistie.
Savez-vous à quoi ce texte me fait penser ? Quand j’avais dix-huit ou vingt ans, j’aimais beaucoup regarde à la télévision les Billy Graham Crusades, que je traduirais ainsi : Les Croisades de Billy Graham. Billy Graham, qui est décédé tout dernièrement, est un prédicateur évangélique, de dénomination protestante. J’ai une grande estime de cet homme dont la parole a touché de très nombreux cœurs. M. Graham allait s’installer dans une des grandes villes des États-Unis, avec son équipe, restait dans cette ville durant quelques jours et prêchait à chaque soir dans un immense state soit de baseball ou de football. À chaque fois que je regardais la Croisade à la télévision, les stades étaient remplis. À la fin de chaque soirée de prédication, Billy Graham lançait une invitation du genre de celle-ci : « S’il y a des gens parmi vous qui ce soir, sont prêts à accepter Jésus Christ comme leur Sauveur et à le suivre sur le chemin du Salut, venez me rejoindre ici, en bas, au pied de l’estrade, et nous ferons une prière ensemble. Si vous êtes venus en autobus, ne soyez pas inquiets, votre autobus vous attendra ; il ne partira pas sans vous. C’est convenu ainsi. » La scène suivante à la télévision, était très touchante. Des gens, par dizaines, par centaines, descendaient les marches du stade pour aller rejoindre Billy Graham qui alors priait avec eux. Je suis sûr que pour plusieurs d’entre eux, ce fut le début d’une vie nouvelle. Or ce devrait être cela le baptême pour un catholique : le début d’une vie nouvelle.
Les adultes qui viennent demander le baptême pour leurs enfants en notre paroisse, sont loin, TRÈS LOIN d’avoir de telles dispositions. Or si l’on baptise les enfants, ce devrait être d’abord et avant tout à cause de la foi des parents. Et on baptise quand même. Selon moi, c’est une grave erreur. Cela fait des décennies que l’on fait cela au Québec. J’aimerais qu’on me montre les fruits de cette évangélisation. Si les parents des enfants n’ont pas les bases de la foi chrétienne, et en tout premier lieu, s’ils n’ont pas fait la rencontre personnelle avec Jésus ressuscité, le baptême de l’enfant ne pourra pas s’épanouir. Peut-être bien que le parent voudra que son enfant fasse sa première communion et soit confirmé pour faire comme le reste de sa famille ou pour qu’il puisse se marier un jour, mais la semence que les catéchètes auront déposée dans le cœur des enfants et des parents qui auront suivi la catéchèse, aura beaucoup de difficulté à parvenir à maturité en raison de la société très laïcisée que nous connaissons au Québec. La façon dont la grande majorité des Québécois vivent, ne peut qu’influencer négativement toute personne, à moins que la foi de cette personne ait des RACINES TRÈS PROFONDES. D’où l’importance des cellules paroissiales d’évangélisation.
Jésus a dit: ” Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé “(Mc 16,16).
Je termine ce blogue avec un texte du pape François tiré de sa plus récente exhortation apostolique. Dans le paragraphe que vous lirez dans un instant, le pape décrit ce qu’est la sainteté pour diverses catégories de personnes. Attendez de voir en quoi consiste selon lui la sainteté d’un papa ou d’une maman. Au numéro 14 de l’exhortation, il dit ceci :
Pour toi aussi
- Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels.” Gaudete et exsultate: Exhortation apostolique
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