Beaucoup trop de chrétiens se figurent qu’ils peuvent se dispenser de connaître et d’appliquer les méthodes d’oraison mises au point depuis des siècles par tous ceux qui se sont exercés, leur vie durant, à cet art difficile de la rencontre avec Dieu.
Certes, chacun doit découvrir peu à peu sa manière originale de prier, comme les grands skieurs finissent par adopter un certain style pour descendre une piste. Mais avant d’en arriver là, ils ont suivi une école de ski! On pèche par présomption lorsqu’on s’imagine – sous prétexte que le Saint-Esprit est le grand maître de la prière – qu’on peut arriver à savoir prier sans aucune aide et en négligeant les conseils qui ont fait leurs preuves dans le passé. Combien de laïcs ou de religieux reconnaissent, à l’issue d’une « école de prière », avoir découvert en une semaine ce qu’ils avaient cherché en vain pendant des années.
Mais il reste vrai que la prière chrétienne ne sera jamais le simple résultat d’une technique de concentration, de méditation ou de relaxation! En régime chrétien, le « père spirituel », « l’accompagnateur spirituel » n’est pas un « gourou » : on vient essentiellement lui demander l’art de se laisser conduire par l’Esprit-Saint. Lui seul, en définitive enseigne à chacun la façon dont il doit dire à Dieu: Abba! (Rm 8, 15).
Lui seul peut donner un coeur d’enfant pour aller à Dieu avec la simplicité et la confiance qui conviennent.