Résumé: De l’importance de ne pas bâcler l’oraison. Si nous voulons persévérer dans l’oraison, il nous faut observer certaines règles importantes.
De l’importance de ne pas bâcler l’oraison : Ne pas la terminer avant l’heure prévue
Nous ne devons jamais l’interrompre avant que la tour de contrôle ne nous ait donné la permission d’atterrir! Autrement dit, si j’ai décidé de donner une demi-heure au Seigneur, je ne quitte pas mon poste au bout de vingt-cinq minutes. Mais je n’ai plus rien à dire au Seigneur! Tu repars faire un tour dans le ciel! Qu’est-ce que je vais Lui dire? Tu Lui rediras que tu crois en son Amour! Tu Lui rediras avec la bienheureuse Élisabeth de la Trinité: “Que chaque minute m’emporte plus avant, Seigneur, dans la profondeur de votre mystère!”. Tu te laisseras pétrir un peu plus longtemps dans ses mains de Potier divin. Tu te remettras quelques instants sur son tour pour qu’il te façonne un peu plus à son image. Écoute-Le te redire une nouvelle fois:
Comme l’argile dans les mains du potier
Ô toi que J’aime, longtemps Je t’ai pétriTu n’étais rien encore, déjà J’entrevoyais
Ce que tu deviendrais,
Moi seul Je le connaissais.
Oui, il faut du temps pour qu’Il puisse nous pétrir et supprimer toutes nos rugosités.
De l’importance de ne pas bâcler l’oraison : Retenir un verset
Retenir un verset, une pensée, une phrase d’évangile nous aidera à rejoindre le Seigneur plus facilement tout au long de notre journée et à parvenir peu à peu à la prière continuelle.
De l’importance de ne pas bâcler l’oraison : Présenter à Dieu le travail que nous allons faire
Lui ouvrir notre agenda. Lui parler des personnes que nous allons rencontrer, Lui demander de les aimer en nous. Nous rappeler que le Seigneur se plaît autant à nous voir travailler qu’à nous voir sur notre banc de prière: “Chaque chose en son temps!”.
De l’importance de ne pas bâcler l’oraison : Ne pas juger notre oraison
Ce qui compte, ce n’est pas l’impression de paix ou d’aridité ressentie, mais l’action de Dieu dans les profondeurs de notre être, le “coeur nouveau” qu’Il nous a donné. L’essentiel est de se livrer tout entier à l’action mystérieuse de Celui qui est toujours présent tout au fond de notre coeur. “Ceux qui se sont promenés dans un jardin luxuriant, remarque François de Sales, ne le quittent pas sans avoir pris quelques fleurs pour pouvoir respirer leur parfum tout au long du jour; ainsi notre esprit, ayant médité sur quelque mystère, y choisira deux ou trois points plus propres à son goût ou à son avancement, dont il se souviendra le restant de la journée en humant leur parfum spirituel” (Introduction à la vie dévote, II, 7).
De l’importance de ne pas bâcler l’oraison : Afin de persévérer dans l’oraison
“Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira” (Lc 11, 9). Ne nous imaginons pas qu’il suffise de bien suivre tous les conseils précédents pour ne plus avoir de difficultés à prier. Il arrive qu’on aille à la prière comme à une danse mais elle ressemble souvent à un combat; le combat de Jacob avec l’ange! (cf Gn 32, 25-30). À la suite de l’évangile qui revient souvent sur la nécessité de durer dans la prière, de ressembler à celui qui tambourine à la porte de son voisin jusqu’au moment où il obtient satisfaction (Lc 11, 5-8), les grands maîtres spirituels ont tous insisté sur la nécessité absolue et sur la difficulté de la persévérance: en un sens, elle est l’effort essentiel à accomplir et à reprendre sans cesse.
“Parfois, à peine appliqué à l’oraison, tu prieras bien; d’autres fois, après de longs efforts, tu n’atteindras pas le but. C’est pour que tu cherches davantage et que ta conquête soit inviolable”, affirme Évagre le Pontique, disciple de saint Grégoire de Nysse. Lorsque notre prière se fait difficile, nous sommes acculés à prier avec un coeur de pauvre. C’est la prière la plus agréable à Dieu. C’est alors que nous prions en toute vérité, en nous présentant devant Dieu tels que nous sommes: des créatures qui ont absolument besoin de Lui pour exister et pour être sauvées.
“Priez, mes enfants, mais priez donc, priez sans cesse !”
On demandait à l’abbé Agathon: “Père, quelle est dans la vie la vertu qui exige le plus d’efforts?”. Il répondait à ses frères: “Croyez-moi, j’estime qu’il n’y a pas rien qui demande plus d’efforts que de prier Dieu. Car chaque fois que l’homme veut prier, les ennemis cherchent à l’en détourner; ils savent que l’on ne peut résister que si l’on prie Dieu. Et, quelque genre de vie vertueuse que l’homme poursuive, il trouvera son repos, s’il y persévère; quant à la prière, elle réclame le combat jusqu’au dernier soupir.”
Au chapitre XIX de son autobiographie, Thérèse d’Avila nous explique que “le plus insidieux des pièges” que Satan lui ait tendus a été de la détourner un moment de la pratique de l’oraison. Du fait qu’elle n’avait pas le courage de renoncer aux conversations mondaines qu’elle entretenait si volontiers au parloir avec l’aristocratie d’Avila, elle se dit un jour que ses oraisons n’étaient qu’hypocrisie. Elle s’en abstint “pendant douze ou dix-huit mois”. “Je ne me souviens plus”, écrit-elle. Heureusement, un dominicain l’exhorta vivement à reprendre la pratique de l’oraison. C’est en reprenant cette habitude que Thérèse se soumit enfin – après dix-huit ans de tergiversations! – aux inspirations de l’Esprit. Elle voudrait à son tour persuader son lecteur qu’il ne doit en aucun cas abandonner la pratique de l’oraison.
Qu’on se rappelle aussi le message de Notre-Dame dans toutes ses apparitions: “Priez, mes enfants, mais priez donc, priez sans cesse!”. Il fait écho à la parole du prophète : “Vous qui tenez en éveil la mémoire du Seigneur, ne prenez aucun repos! Ne lui laissez aucun repos qu’il n’ait rendu Jérusalem inébranlable!” (Is 62, 6b-7a).
Cet article a été publié dans la revue Sainte Rita de mai 2017.
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