René et Janine Lebret vivent à Laval, en France. René est médecin, sa femme, assistante médicale. Bruno, un de leurs fils, devient toxicomane. René et Janine font alors un examen de conscience : « Les situations de désert amènent l’homme à crier vers Dieu » (Voix, n°4, 2002, p.24) René ne peut plus se satisfaire de ce qu’il appelle « sa parfaite bonne conscience ». Sa parfaite bonne conscience n’est pas due, comme le pharisien de l’évangile à ce qu’il « jeûne deux fois la semaine (et) paie la dîme de tout ce qu’(il) acquiert » (Lc.18, 12) mais à ce que :
Il reste attaché à ses racines : « Je suis resté attaché à mes racines tout en me satisfaisant des rites religieux » (Voix, ibidem, p.24).
- Il est fidèle et généreux : « La fidélité dans mon couple et mes responsabilités multiples me donnaient une parfaite bonne conscience » (Voix, ibidem, p.24).
- C’est un « catho. » parfait, comme sa femme qui se dévoue aux malades, gère au mieux l’éducation de ses quatre enfants : « je trouvais là mon épanouissement, en tout bonne conscience » (Voix, ibidem, p.25).
Avec un fils toxicomane, toute cette construction s’écroule. Ils ont alors besoin d’une prière :
- Qui « traverse les nuées » (Si.35, 17).
- Qui « parvient jusqu’au ciel » (Si.35, 16)
- Qui « atteint son but » (Si.35, 17).
Ils en sont proches parce que la situation de désert qu’ils traversent,- leur fils malade-, font que :
- Ils commencent à prier avec le cœur. Or, le Siracide le dit clairement : c’est « Celui qui sert Dieu de tout son cœur » (Si.35, 16) qui peut s’attendre à ce que sa prière soit exaucée.
- Ils sont, d’un seul coup, devenus pauvres (ou humbles). Or, dit encore le Siracide, c’est « la prière de l’humble (du pauvre) (qui) pénètre les nuées » (Si.35, 17).
D’un seul coup, ces lutteurs de la vie, ces « gagnants » dans la société,- Janine Lebret disait mener « une vie mondaine trépidante » (Voix, ibidem, p.25)-, basculent dans une autre lutte, une lutte spirituelle. Ils peuvent reprendre à leur compte les termes de S. Paul :
- Ils combattent le combat de la foi : « J’ai combattu le bon combat » (2 Tm.4, 7).
- Ils persévèrent dans la prière (ils « obtiendront » la conversion de leur fils) : « J’ai fini la course » (2 Tm.4, 7).
- Le dépôt de la foi devient leur trésor. Lui, « frappé d’insomnie » commence à lire la Bible chaque nuit, « pendant plus d’une heure » et n’a « jamais été fatigué le lendemain ». Il peut dire, comme S. Paul : : « J’ai gardé la foi » (2 Ti.4,7).
Pourquoi « le bon combat de la foi» (1 Ti.6, 12), permet-il à la prière de « percer les cieux ? » La raison en est double:
- Premièrement, parce que l’homme de foi a engagé un dialogue vivant avec le Dieu vivant.
- Deuxièmement, parce que l’homme de foi, à la foi vivante, compte davantage sur Dieu que sur lui-même, comme le pauvre qui n’a pour seule ressource que le Seigneur : « La prière du pauvre …tant qu’elle n’a pas atteint son but… demeure inconsolable… (le pauvre) ne s’arrête pas avant que le Très-Haut ait jeté les yeux sur lui » (Si.35, 17-18).
A l’inverse, la prière s’arrête, la foi s’étiole quand nous comptons sur autre chose que Dieu, quand nous nous consolons dans autre chose que Dieu. La supplique se fait alors molle et sporadique.
A l’inverse, la prière s’arrête, la foi s’étiole quand il y a encore une petite place pour une satisfaction quelconque de soi, comme ce pharisien qui est satisfait de marcher en parfait : « Je jeûne deux fois la semaine, je paie la dîme de tout ce que j’acquiers » (Lc.18, 22).
La prière toute puissante est celle de l’humble ou du pauvre, comme celle que propose Jésus dans sa parabole sur le Publicain :
- Il « se tient à distance » (Lc.18, 13).
- Il « ne veut même pas lever les yeux vers le ciel » (Lc.18, 13).
- Il « se frappe la poitrine » (Lc .18, 13).
- Il confesse son néant : « Ô Dieu, sois propice pour moi, le pécheur » (Lc.18, 13).
Comment arriver à une telle humilité vraie ? Nous ne pouvons pas ne pas penser à Marie dont l’humilité, la remise de soi à Dieu est si grande que sa prière obtient le premier miracle de Jésus. C’est la raison pour laquelle S. Maximilien Kolbe recommandait d’être proche de l’Immaculée : « Cherchons à nous tenir de plus en plus proches de l’Immaculée, chaque jour plus proches d’elle ; alors, par là même, nous nous approcherons encore plus du cœur de Jésus, de Dieu le Père et de toute la très sainte Trinité, parce qu’aucune créature n’est aussi proche de la divinité que l’Immaculée elle-même » (J.F. de Louvencourt, Saint Maximilien Kolbe, ami et docteur de la prière, éd. Centro Internazionale ‘Milizia dell’Immacolata’, Roma, 1998, p.332).
Être proche de la Vierge n’est pas si compliqué. S. Maximilien Kolbe suggérait simplement de dire le nom de Marie : « Avant et après chaque action, et au milieu des difficultés : ‘Marie’, afin qu’elle daigne se les approprier et faire comme il lui plaît » (J.F. de Louvencourt, ibidem, p.218).
Souvent, la récitation d’un rosaire tout entier n’est pas possible, « mais on ne saurait dire la même chose d’un Ave Maria. » S. Maximilien Kolbe ponctuait tout par cette prière : la demande d’une grâce, devant une tentation, en commençant le travail ou en le terminant : « Commençons tout par l’Ave Maria et par l’Ave Maria terminons tout » (J.F. de Louvencourt, ibidem, p.202).
Tous « peuvent se servir aisément du rosaire comme d’un moyen de prière », car « le rosaire est une prière très facile ». Pour éviter la routine, S. Maximilien Kolbe ajoutait une clausule au mystère qu’il méditait, après le nom de Jésus (J.F. de Louvencourt, ibidem, p.200-201).
Mais ce qui compte, avant tout, c’est le regard du cœur : « S’adresser à …l’Immaculée …même seulement par la pensée pour qu’elle arrange tout ce que nous avons gâché en nous et chez les autres » (J.F. de Louvencourt, ibidem, p.209).
Je prie : « Seigneur, aujourd’hui plus que jamais, j’ai besoin d’une prière qui traverse les nuées et atteigne son but. Donne-moi de redécouvrir celle dont la prière traverse les nuées. Amen ».
Je crie : « Ô Marie, conçue sans péché, prie pour nous qui avons recours à toi et pour tous ceux qui n’ont pas recours à toi, en particulier pour…» (Invocation de S. Maximilien Kolbe.)
Seigneur, je n’ai pas atteint mon but :
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