La miséricorde faite…
… à Christophe
Chers frères,
A l’âge de 5 ans, Christophe se fait mordre au visage par un chien en voulant protéger un enfant dont le goûter allait être dévoré. Cet accident le laisse avec un sourire déformé. Son entourage, lorsqu’il sourit, lit plutôt une réaction moqueuse ou sarcastique. Dans sa petite enfance, le Christ ne lui avait pas été enseigné. Baptisé, il avait seulement appris le Notre Père grâce à son grand-père maternel. Cela ne l’empêchait pas de se sentir proche de Jésus qu’il contemplait souffrant sur la croix. Aucune explication de cette souffrance ne lui avait été donnée. Il ne comprenait pas davantage pourquoi le Christ était mort, mais il aimait celui qu’il croyait être le Fils de Dieu. « Et cette raison m’a suffi pendant mon enfance », écrit-il.
A 11 ans, il fait un grave mensonge à l’un de ses amis et à sa famille en faisant croire qu’il est somnambule. Il reçoit alors l’apparition d’un ange ayant l’apparence de son arrière-grand-père. Bien qu’aucune parole ne soit échangée, il sait qu’il doit révéler ce mensonge à ses parents… Il garde de cette expérience la conviction qu’il faut combattre le mal en soi pour que la vie ne devienne pas un enfer et pour gagner le Ciel. A l’adolescence, il doute de tout : de ses parents, de ses professeurs, de Dieu. A cette époque, sa mère lui offre un livre de récits bibliques. Il y cherche des réponses, mais le récit de la création le trouble : la description imagée de la Bible ne correspond pas à l’explication scientifique qui lui est donnée dans ses cours. Bientôt, la croix elle-même l’effraie. Il ne croit plus que cet homme soit mort pour le sauver de ses péchés « alors qu’Il n’a pas pu se sauver Lui-même ». S’il ne crie pas comme le mauvais larron : « Sauve-Toi Toi-même, et nous avec ! », il n’en est pas bien loin.
Il a maintenant 17 ans et se plonge dans la philosophie. A 20 ans, il découvre « l’arbre de vie » de la Kabbale qui devient comme « un guide », « un bâton », « un étendard ». Il comprend que c’est un chemin initiatique qui nécessite un sacrifice, celui de la foi. Hélas, à cette époque, il a glissé dans le péché : « drogue, alcool, tabac, sexualité ». « Je me suis blessé, gravement. Mon âme en serait morte si Dieu le Père n’avait pas eu pitié de moi, car l’ennemi me nuisait avec ardeur et mon âme s’effondrait de plus en plus. » Il lui faudra bien des années de lutte pour dominer ces maux et les quitter. Il a maintenant 37 ans et se trouve être dans un emploi où l’on s’entre-déchire. L’Esprit lui fait comprendre qu’il faut laisser ses bêtes « s’entre-dévorer, […] au risque de m’y casser les dents ou pire de devenir comme [elles], cruel et orgueilleux. »
A 42 ans, il lutte encore avec ses vieux démons. Ce n’est que peu à peu qu’il comprend que le Christ a souffert sur la croix pour purifier le monde par son sang. Un matin de décembre 2013, méditant, comme il en avait l’habitude, sur une représentation de « l’arbre de vie », il entend le Saint Esprit lui dire « Tu as tout compris. » Il tombe à genoux. Il se relève, va dans la salle d’eau. Son visage est miraculé : plus de trace de la morsure du chien. Christophe change : il n’avait plus qu’à « faire attention, à ne plus salir [son] âme, ne plus [se] vautrer dans la boue. » C’est ce qu’il fait : il endosse son « habit blanc », arrête ce qui lui faisait du mal. La colère qu’il ressentait à l’égard d’autrui disparaît. Le combat spirituel demeure, mais il entend le Christ dire à son âme : « Aime-Moi et vis à travers Moi. »
…à un voleur
A la croix, il en est de même, un brigand se convertit après une longue vie d’errance. Il plaide sa cause devant Jésus avec une insistance incroyable alors qu’il ne mérite aucune miséricorde. Il le dit d’ailleurs à son compagnon : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste, après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. » (Lc. 23, 40-41)
… à un voleur insistant
Malgré cela, ce brigand se tourne vers Jésus avec une incroyable audace : « Et il disait en insistant », écrit S. Luc. (L’évangéliste utilise ici l’imparfait qui dure.)
… à un voleur exigeant
Ce n’est pas tout ! Il plaide sa cause en demandant au Christ de se souvenir immédiatement de lui quand Il entrera dans son royaume. Un traducteur exprime la demande du « bon larron » ainsi : « Tu dois tout de suite Te rappeler de moi quand Tu seras sur le point d’entrer dans ton Royaume » (William J. Morford, The Power New Testament, éd. Shalom Ministries, 2005, p.126)
… aux Chrétiens
Aussi, la question de ce jour est de savoir comment nous pouvons avoir cette audace, cette exigence à l’égard de la miséricorde de Jésus ?
La miséricorde comprise par un voleur…
Ce voleur a compris quelque chose en regardant Jésus. Il a compris que Jésus est Amour miséricordieux, bonté infinie. Alors :
- Le bon larron plaide sa grâce sans aucun fondement qui puisse justifier cette grâce. Il ne peut prétendre à aucune bonne action : « Après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons.» (Lc.23, 41)
- Christophe sait, lui aussi, qu’il n’y a aucune justification aux grâces qui lui ont été faites :
- Cet ange qui lui reproche son mensonge, dans sa toute petite enfance, c’est une grâce gratuite de Dieu.
- Sa recherche et sa soudaine intelligence de l’Arbre de vie est aussi une grâce gratuite qui le met à genoux.
- Enfin, sa guérison physique est une grâce gratuite qui le confond.
- Le bon larron plaide sa grâce aux Rois des rois, cela il le sait. Il dit à Jésus : « Jésus, souviens-Toi de moi quand Tu viendras dans Ton » (Lc.23, 42)
- Christophe sait lui aussi depuis son enfance, et croit, en dépit des doutes qui le mordent parfois, que Jésus est « fils de Dieu ».
- Le bon larron plaide sa grâce devant un roi qu’il peut appeler par son prénom : « Jésus ». (Lc.23, 42)
- De même, Christophe reconnaîtra l’action merveilleuse de Jésus dans le miracle de son visage restauré.
La miséricorde de Jésus révélée à Sr. Faustine…
Cette bonté, cette miséricorde, Jésus a voulu la révéler à notre génération d’une manière absolument unique. Il demande à Sr. Faustine, une religieuse, de faire savoir :
- Que les plus grands pécheurs « ont droit avant tous les autres à la confiance en l’abîme de Ma miséricorde ». (Petit Journal de Ste Faustine, n° 1146)
- Que Ses plaies sont un torrent de miséricorde. « De toutes Mes plaies, comme d’un torrent, coule la miséricorde pour les âmes. Mais la plaie de Mon cœur est la source de l’insondable miséricorde, de cette source jaillissent toutes les grâces pour les âmes. » (n° 1190)
- Que «la plus grande misère de l’âme n’allume pas Ma colère, mais Mon cœur frémit d’une grande miséricorde pour elle. » (n° 1739)
- Que toute âme qui s’approche de Lui est comblée de grâces : « Quand l’âme s’approche de Moi avec confiance, Je la comble de tant de grâces, qu’elle ne peut les contenir toutes et qu’elle rayonne sur toutes les autres âmes. » (n° 1074)
- Que le diable fuit devant une âme qui fait confiance à la Miséricorde de Jésus. «Lorsqu’une âme glorifie Ma bonté, alors le démon tremble à cette vue et s’enfuit au fond de l’enfer. » (n° 378)
- Que la confiance en Sa miséricorde contraint Jésus à accorder Ses grâces. « Ta grande confiance envers Moi Me force à t’accorder continuellement des grâces. » (n° 718) « L’âme qui fait confiance à Ma miséricorde est la plus heureuse car Je prends soin Moi-même d’elle. » (n° 1273)
- Que les âmes qui tendent à la perfection doivent adorer particulièrement Sa miséricorde. « Je désire que ces âmes se distinguent par une confiance illimitée en Ma miséricorde. Je M’occupe Moi-même de la sanctification de ces âmes. Je leur procure tout ce qui peut être nécessaire à leur sainteté. Les grâces de Ma miséricorde se puisent à l’aide d’un unique moyen – et c’est la confiance. Plus sa confiance est grande, plus l’âme reçoit. […] Par contre, je m’attriste si les âmes demandent peu, si elles resserrent leur cœur. » (n° 1578)
La miséricorde oblige…
Une telle révélation oblige le Chrétien. Jésus demande à tous :
- De puiser pour tous dans Sa miséricorde. « Tu connais tout l’abîme de Ma miséricorde, puise donc pour toi et spécialement pour les pauvres pécheurs. Le ciel et la terre retourneraient plus vite au néant avant qu’une âme confiante échappe à Ma miséricorde. (n° 1777)
- D’être la miséricorde-même. « Ma fille, Je désire que ton cœur soit la demeure de Ma miséricorde. Je désire que cette miséricorde se répande sur le monde entier par ton cœur. Que quiconque t’approchera ne te quitte pas sans cette confiance en Ma miséricorde que je désire tant pour les âmes. » (n° 1777)
- A chercher la miséricorde dans le Sacrement de Réconciliation. « Ma fille, quand tu t’approches de la sainte confession, de cette source de Ma miséricorde, le sang et l’eau qui sont sortis de mon cœur se déversent sur ton âme et l’ennoblissent. » (n°1602)
- A s’unir à Lui par la Communion. « Ecris pour les âmes religieuses que Mon délice est de venir dans leur cœur par la sainte Communion, mais si dans ce cœur il y a quelqu’un d’autre, Je ne peux le supporter et J’en sors au plus vite, emportant avec Moi tous les dons et les grâces que J’avais préparés pour elle. » (n° 1683)
Prions : « Seigneur, Tu as voulu, tout au long de cette année, répandre Ta miséricorde, en cette fête de Ta Royauté que nous comprenons comme une Royauté de miséricorde, inonde encore nos âmes de Ta bonté. Amen. »
Question : Quelles sont les caractéristiques de la miséricorde de Jésus ? A qui la miséricorde de Jésus s’adresse-t-elle ?
Oraison jaculatoire : « J’ai confiance en Ta miséricorde ! »
Suggestion : Puiser sans cesse dans la miséricorde de Jésus pour les âmes.
Homélie pour la Solennité du Christ, Roi de l’univers Année «C »
Dimanche 20 novembre 2016 Lc. 23,35-43
Thème : La miséricorde
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