Résumé: Rayonner le Règne de Dieu … dans la vie d’Albert Schweitzer et dans nos vies.
… dans la vie d’Albert Schweitzer
Albert Schweitzer est né le 14 janvier 1875 à Kaysersberg et meurt le 4 septembre 1965 à Lambaréné (Gabon). Médecin, musicien, pasteur, théologien philosophe, Schweitzer voit en Jésus l’inspirateur de sa propre vie, notamment lorsqu’il fait le choix de l’Afrique. Il l’interprète comme une réponse à l’appel : « Toi, suis-moi ! » Dans Ma vie et ma pensée, il raconte comment, à l’automne 1904, son regard tomba « machinalement » sur un article du Pasteur Alfred Boegner, déplorant le manque de missionnaires pour la Mission au Congo – l’actuel Gabon. Il prend aussitôt sa décision de partir et en informe ses proches.
En 1912, il est habilité à exercer la médecine. De son côté, sa future femme, Hélène Bresslau, entreprend une
formation d’infirmière à Francfort. Albert et Hélène Schweitzer embarquent le 26 mars à Bordeaux sur le paquebot Europe. Le 16 avril 1913, ils arrivent à Lambaréné. La grande guerre interrompra son œuvre. Les horreurs de la Première Guerre mondiale, l’amènent à correspondre avec Albert Einstein et Robert Oppenheimer. Il s’oppose à l’arme nucléaire et poursuit ce combat jusqu’à la fin de sa vie. Les Etats-Unis et la France lui battront froid pour cet engagement contraire aux leurs. Schweitzer lutte pour cette cause parce que, pour lui, le monde ne doit ni être méprisé ni être idéalisé, il doit être transformé par l’action de Dieu dans les hommes.
A travers ces prédications, préparées avec soin, il exhorte ses paroissiens à œuvrer à l’avènement du Royaume de Dieu par l’action. Chacun peut y prendre sa part (mitwirken), même si les obstacles sont nombreux : découragement, indifférence, habitudes et préjugés. En septembre 1915, au cours d’un long trajet en pirogue sur l’Ogooué pour se rendre au chevet d’une malade, il vit une expérience inattendue : « Le soir du troisième jour alors que nous avancions dans la lumière du soleil couchant, en dispersant au passage une bande d’hippopotames, soudain m’apparurent sans que je les eusse pressentis ou cherchés les mots : “respect de la vie“. » Il s’engagera alors de plus belle à mettre l’accent sur le caractère irremplaçable de tout être vivant et sur la responsabilité de l’homme à l’égard de tous les êtres vivants. Le « respect de la vie » (Ehrfurcht vor dem Leben : « respect craintif » ou « crainte respectueuse devant la vie »), constitue le fondement de l’action d’Albert Schweitzer, comme un résumé de son œuvre et de sa vie. Dès 1909, dans un sermon du 7 février, il utilisait Ehrfurcht (respect) dans un contexte un peu différent pour inviter ses paroissiens à ressentir ce sentiment de crainte respectueuse envers Jésus. Il témoignera de cette « crainte respectueuse » non seulement pour Dieu, mais pour tout être vivant jusqu’à son dernier souffle.
… dans nos vies
« Le règne de Dieu est tout proche », fait entendre Jésus à la Galilée. Chaque jour nous disons « Que ton règne vienne. » En quoi consiste cette demande du « règne de Dieu » : est-ce simplement un vœu pieux ? Cela a-t-il une incidence concrète dans nos vies, comme pour un Albert Schweitzer, un Simon et André, un Jacques et un Jean ? En quoi consiste le règne de Dieu ?
Le règne de Dieu…
… dans la contradiction
L’assassinat de Jean-Baptiste par Hérode meurtre a beaucoup affecté Jésus. Il se retire « dans un lieu désert » pour pleurer son cousin. (Mt. 14, 13) la foule, qui L’a retrouvé, le contraint à reprendre son ministère à peine quitté. S’adaptant immédiatement à la situation, Il proclame « la bonne nouvelle de Dieu ». Cette bonne nouvelle consiste en ce que, contrairement au règne de terreur que fait subir Hérode, donnant à penser que le règne de Dieu est loin, ce règne de Dieu est « tout proche » (ἤγγικεν), (Mc. 1, 15), imminent. En vérité, il est déjà là, agissant, même s’il reste inaperçu en raison des scandales, des meurtres, des guerres, des vols, etc.
Albert Schweitzer connaîtra cette contradiction d’un Royaume qu’il cherche à établir et des royaumes terrestres qui s’acharnent à Le détruire. En 1914, parce qu’il est Alsacien, et donc Allemand, il sera arrêté par la police française en Afrique ! Quand il reviendra à Lambaréné, il lui faudra reprendre toute son œuvre !
… est là
« Que Ton règne vienne (ἐλθέτω) ! » (Mt. 6, 10 ; Lc. 11, 2) prions-nous. Ce n’est pas seulement : que Ton règne vienne… dans un futur indéterminé, mais « qu’il arrive », qu’il se manifeste ! Aux Pharisiens demandant à Jésus quand « viendrait (ἔρχεται) le Royaume de Dieu » (Lc. 17, 20), Il répond qu’Il est déjà là, « au milieu [d’eux] ». (Lc. 17, 21) En effet, ce royaume, c’est le Christ qui « naît toujours mystérieusement, s’incarnant à travers ceux qu’Il sauve. » (S. Maxime le Confesseur, Philocalie des Pères Neptiques, éd. Abbaye de Bellefontaine, 1985, p. 256) Donc, « que ton règne vienne » signifie : « qu’Il s’établisse dans les cœurs ! »
… où l’Esprit Saint est présent
Le Seigneur Jésus a déjà « déposé » Son Royaume dans certains cœurs, comme les cœurs de Simon, Jean, André, Jacques, Albert Schweitzer. Ces disciples prient sans cesse que ce Royaume ne soit pas simplement « déposé » en eux. Ils prient que ce Royaume soit agissant par le Saint Esprit : « “Que vienne ton Règne“, c’est-à-dire l’Esprit Saint », dit S. Maxime le Confesseur. Et il ajoute : « Nous nous efforçons de signifier dans la vie que nous menons les empreintes de Celui qui nous a fait naître : […] par nos actes, […] dans ce que nous pensons, […] dans ce que nous faisons. » (Philocalie des Pères Neptiques, éd. Abbaye de Bellefontaine, 1985, p. 253)
Le Règne de Dieu demande la conversion …
Le Royaume est là, en Jésus, présent au milieu de Son peuple. Le Royaume est là, présent dans les Sacrements de l’Eglise, dans son enseignement… Mais Il nécessite la conversion. « Le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Evangile. » Cette conversion, consiste en :
- Une reconnaissance de notre pauvreté. « Bienheureux les pauvres en Esprit, car le Royaume des Cieux est à eux. » (Mt. 5, 3) « La première “pauvreté en esprit“, c’est de se reconnaître pauvre en “Esprit Saint“, pauvre, comme un véritable mendiant, quelqu’un privé de tout, car en vérité celui qui est encore privé de Dieu est privé […] de Celui qui est « Tout pour tous » et qui seul remplit tout. » (Philocalie des Pères Neptiques, Tome B, Pierre Damascène et Macaire l’Egyptien, éd. Abbaye de Bellefontaine)
- En une supplication. « Devenons des mendiants de Dieu, en mendiant l’Esprit saint qui est Royaume et richesse du Royaume. […] Mendions comme un pauvre l’Esprit Saint. […] l’auteur de la prière. » (Philocalie des Pères Neptiques, ibidem.)
- En un aveu de notre état de pécheur. « Celui qui, comme le publicain de la Parabole, [reconnaît] qu’il n’y a pas sur terre un plus grand pécheur que lui, [reconnaît] son manque de force pour changer de vie, a atteint, sans le savoir, le premier degré de la Béatitude. Car il ne se fonde sur rien de bon ni de valable en lui pour s’adresser à Dieu. […] Il demande à Dieu [de] vaincre le péché en lui parce qu’’il confesse avec saint Nil de la Sora : “Seigneur je suis sans force. “ » (Philocalie des Pères Neptiques, ibidem.)
- En une acceptation des épreuves. « [Celui qui, comme le publicain s’adresse à Dieu,] accepte enfin la crucifixion des épreuves comme une participation d’abord involontaire et ensuite volontaire au Sacrifice du Christ sur la Croix… » (Philocalie des Pères Neptiques, ibidem.)
Le Règne de Dieu exige un engagement …
… matériel
Albert Schweitzer, pour que le règne de Dieu vienne sur terre, a tout laissé, au grand dam de sa mère, désolée de le voir sacrifier une brillante carrière universitaire et musicale pour un projet qui lui semblait déraisonnable. Simon et André, Jacques et Jean, ont aussi tout laissé pour établir le règne de Dieu avec Jésus.
… et spirituel
Tous auront à laisser un « moi » bien plus encombrant. Comment abandonner derrière soi l’orgueil, la colère, la vanité, ses passions ? Un Père spirituel propose l’examen de conscience régulier, mais aussi et surtout le gémissement de l’âme devant sa pauvreté : « les véritables “pauvres en Esprit“ conscient […] des haillons du péché dont ils sont revêtus […] crient et gémissent comme des mendiants que le Christ leur accorde l’Esprit Saint Consolateur. » (Philocalie des Pères Neptiques, ibidem.)
… sans retour
Le règne de Dieu n’est sans doute jamais plus présent que quand il semble anéanti. Ainsi, alors que l’Heure de la trahison de Jésus est toute proche et que la tentation est de s’en évader, Jésus interroge à haute voix : « Maintenant mon âme est troublée. Et que dire ? Père, sauve-Moi de cette heure ! Mais c’est pour cela que Je suis venu à cette Heure ! Père glorifie Ton Nom ! Du ciel vint alors une voix : « Je L’ai glorifié et de nouveau, Je Le glorifierai. » (Jn. 12, 27-29)
Jonas, à l’inverse, fuira l’appel à proclamer le message que Dieu lui a donné pour Ninive. Pourtant, cette grande ville païenne « divinement grande : il fallait trois jours pour la traverser », (Jon. 3, 3) se repent immédiatement : « Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac. » (Jon. 3, 5)
… corps et âme
Le règne de Dieu consiste à laisser régner le Saint Esprit dans nos cœurs. Il consiste aussi à Le rayonner jusqu’à son dernier souffle, en tous temps, en tous lieux.
Prions : « Seigneur, donne-moi de rayonner Ton Règne par ma vie. Amen.»
Question : Comment avez-vous rayonné le Règne de Dieu cette semaine ?
Suggestion : Faire un examen de conscience chaque soir sur la manière dont j’ai établi de Règne de Dieu par mes actes et mes pensées.
Oraison jaculatoire : « Que Ton Règne s’établisse dans les cœurs ! »
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