Le règne de Jésus en moi

Homélie pour le 8ème dimanche du Temps ordinaire (année A) - Mt 6,24-34

3 amis à la recherche du Royaume de Dieu
Geoffroy, Jean et Quentin

Introduction : Le Royaume de Dieu recherché…

… par trois étudiants

Geoffroy, Quentin et Jean ont fini leurs cours dans une Ecole de Commerce, en juillet 2013. Ils doivent chercher un stage en entreprise. Les trois amis en discutent autour d’un plateau de pâtes au pesto à Paris. Quentin lance sa « bombe » : « Les gars, je veux faire un tour du monde avec vous ! » Geoffroy s’emballe, Jean interroge ses compagnons : comment ce projet peut-il « prendre aux tripes et impliquer amis, familles, proches et moins proches » ? La réponse tombe d’elle-même : la foi sera au centre de ce projet ! Jean n’hésite plus : « Il ne m’est alors plus possible de rester à l’écart. Au plus profond de moi, je ne peux être que rempli de joie à l’idée de consacrer une année au Christ, qui plus est avec Geoffroy et Quentin. Car notre amitié s’est construite et enracinée dans la foi et dans la joie de l’Evangile », écrit-il. « Oui, mais la foi c’est un peu vaste, écrira Quentin. Il nous faut trouver un fil conducteur, un angle d’attaque précis. Durant plusieurs semaines, nos esprits bouillonnent […] Et si nous répondions à l’appel du pape François, qui exhorte les Chrétiens et plus particulièrement les jeunes à se rendre dans les périphéries de l’Eglise ? »

Près d’un an a déjà passé, le retour est proche. Les trois amis ne sont plus qu’à 2624 km de l’arrivée. Dès la genèse du projet ils ne souhaitaient pas que cette année soit une simple parenthèse. Pourtant, ils savaient aussi que cette année était une année « hors des contraintes d’emploi du temps, une année privilégiée pour laisser place à l’inattendu dans nos vies. Nous nous frottions les mains avant le départ, en imaginant débarquer dans un endroit improbable où nous pourrions décider à la dernière minute de rester plus longtemps que prévu. Cela nous est arrivé plus d’une fois. Un jour, en remontant la rivière « Nam Ou » au Laos, on a atterri dans un petit village perdu dans une vallée, le village de « Ban A ». Nous pensions rester une nuit. Le  matin de notre départ, nous avons fait nos sacs et nous nous sommes assis en face des montagnes. Sans nous l’avouer, nous avions tous les trois terriblement envie de rester. Puis l’un de nous s’est alors tourné vers les deux autres avec un sourire. Nous sommes restés là quatre jours. Oui, cette année, nous avons été dans des conditions spéciales, dans lesquelles nous ne nous retrouverons peut-être pas l’an prochain. Mais vivre dans ces conditions radicales de disponibilité nous a ouvert à l’accueil de l’inattendu. Le retour n’est ni le contraire de l’aller, ni un recommencement, il est l’annonce d’un nouveau départ. […]

Les différentes missions auprès des plus pauvres et la prière étaient pour nous autant d’occasions de sentir que nous étions à notre place. Se savoir où Dieu nous veut procure une joie sur laquelle la peur n’a pas de prise. […] On entend souvent dire qu’il ne faut pas penser à demain car à chaque jour suffit sa peine, et c’est vrai ! Que le passé appartient à la miséricorde, l’avenir à la providence et le présent à Dieu, et c’est vrai ! Mais réfléchir au futur, mettre des mots sur ses envies ne rend pas nécessairement indisponible au présent et ne fait pas de nous de petits planificateurs préoccupés par l’imprévisibilité de l’à-venir. La perspective du retour que nous avons à vivre ces dernières semaines n’est qu’un reflet du défi spirituel de la vie chrétienne : un long chemin entre activité et passivité, entre action – qui nécessite d’avoir formulé quelques visions au préalable – et prière, entre don de soi et accueil des grâces indispensables à la réalisation de toute bonne œuvre. »

… par les disciples ?

Les disciples de Jésus sont plus terre à terre que nos trois compagnons. Ils se font du souci : « “Qu’allons-nous manger ?“ ou bien : “Qu’allons-nous boire ?“ ou encore : “Avec quoi nous habiller ?“(Mt. 6, 31) Jésus leur répond : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et Sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît. » (Mt. 6, 32) Qu’est-ce que Jésus entend par là ? Le souci du quotidien Lui semble vain alors que le souci du « Royaume de Dieu et Sa justice » le serait moins. Sommes-nous « vains » en nous centrant sur le quotidien, ou sommes-nous dans l’essentiel en nous préoccupant du Royaume de Dieu ? Voilà la question que pose Jésus aujourd’hui.

1. Le Royaume de Dieu …

…  dans la mentalité des apôtres

Pour les apôtres, le Royaume de Dieu devait apparaître d’une manière magique, le Messie mettant les occupants romains dehors, ressuscitant les morts, renouvelant le ciel et la terre, balayant les nations du monde. (cf. Thayers Greek Lexicon) Les apôtres exposent leur conception très terre à terre du Royaume à Jésus ressuscité, avant l’Ascension, quand ils Lui demandent : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où Tu vas restaurer la royauté en Israël ? » (Ac. 1, 6)

… enseigné par Jésus

Mais le Royaume que Jésus propose est tout autre chose. Jésus dit que ce royaume :

  • Est déjà là par Sa présence. Jésus le dit aux Pharisiens qui osent affirmer qu’Il a guéri un démoniaque aveugle et muet par Béelzéboul, le prince des démons. A quoi Il répond qu’un royaume divisé contre lui-même court à sa ruine, mais que « si c’est par l’Esprit de Dieu que J’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous.» (Mt. 12, 28)
  • Est à recevoir. C’est ce que Jésus explique à Nicodème, un Pharisien qui, par peur du qu’en dira-t-on, vient voir Jésus de nuit. Jésus lui dit simplement que l’entrée du Royaume de Dieu se fait par Lui et l’Esprit Saint, en un mot, par le baptême et la Confirmation : « En vérité, en vérité, Je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » (Jn. 3, 5)
  • Est à désirer. Pourtant si l’on entre dans le Royaume par le baptême, on avance dans le Royaume en le désirant. Calvin, dans son Catéchisme de 1553 demande à l’enfant : « [Le Règne] ne se fait-il pas dès à présent ? L’enfant doit répondre : « Si fait, en partie. Mais nous désirons que continuellement il croisse et soit avancé, jusqu’à ce qu’il vienne finalement à sa perfection. » (Jean Carmignac, Recherches sur le Notre Père, éd. Letouzey et Ané, 1969, p. 98)
  • Est à demander avec insistance. Nous le demandons chaque jour dans le Notre Père : « Que ton Règne vienne. » Le Concile de Trente, en 1566 dira : « Le Christ Seigneur règne en nous par les vertus intérieures de foi, espérance et charité, par lesquelles nous devenons, en quelque sorte, des parties de son règne. [Mais] nous demandons enfin que Dieu seul vive et règne en nous. » (Jean Carmignac, ibidem, p. 98)

En d’autres termes :

Nous cherchons à être les « sujets du Royaume », le bon grain. Expliquant Sa parabole de l’ivraie dans le champ, Il dit à Ses apôtres : « Le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume, l’ivraie, ce sont les sujets du Mauvais. » (Mt. 21, 38)

 

2. Le Roi, son règne et son royaume…

« En français, “royauté“ désigne la dignité du roi ; “règne“ désigne l’exercice du pouvoir royal ; et “royaume“ désigne […] les territoires ou les personnes sur lesquels s’exerce [le] pouvoir [du roi]. » (Jean Carmignac, ibidem, p. 91) Nos trois voyageurs s’intéressent :

  • A la dignité du Roi, en l’honorant par la prière. Ils perdent du temps pour Lui seul. C’est ce en quoi consiste l’Adoration du Saint Sacrement qui est l’engagement de notre année 2017. Inscrivez-vous comme Adorateurs, une fois par mois ! Nous tâcherons d’arriver à une fois par semaine en fin d’année !
  • A l’exercice du pouvoir royal. Jean s’incline tout de suite quand il sait que le projet de ses compagnons aura comme centre, la foi. Les paroissiens s’invitent à déjeuner pour pratiquer l’amour les uns des autres et c’est parfait. Mais ils veulent peut-être découvrir davantage la manière dont Jésus règne. C’est tout l’objet du parcours Alpha. On y pose des questions simples sur Son règne : « Pourquoi est-Il mort ? » « Pourquoi a-t-Il permis le mal ? », etc.
  • Aux personnes sur lesquelles s’exerce le pouvoir royal. Tout au long de leur parcours, notre trio a été à la découverte des communautés chrétiennes. C’est aussi tout l’objet de l’invitation à découvrir les Cellules paroissiales d’évangélisation : là s’exerce le pouvoir du Roi, par l’amour les uns des autres.

Conclusion :      Le pouvoir de Jésus sur moi…

Jésus, mon roi, peut-il exercer Son pouvoir sur moi, sur mon entourage ?

  • Il y a des Nicodème qui viennent voir Jésus « de nuit ». Ils ne veulent pas perdre leurs positions dans le royaume terrestre, et s’engagent donc timidement dans le royaume dont Jésus est le roi…
  • Il y a des Pharisiens, qui s’opposent au royaume de Jésus, en disant qu’Il vient du diable. Jésus continuera néanmoins à établir Son royaume, malgré l’opposition, une opposition telle qu’elle Le tuera !
  • Il y a des Judas qui acceptent le royaume de Jésus un temps, le temps de la séduction, puis Lui tourne le dos quand cela devient difficile.
  • Il y a des Pierre qui Le renieront trois fois ou plus, mais qui se reprennent.
  • Il y a des Geoffroy, Quentin et Jean qui, séance tenante, accueillent le royaume de Jésus. Chaque jour, ils se remettent entre les mains du Roi, en s’ouvrant à Sa volonté et en disant : « Que Ton règne vienne ! »

Comme ces trois jeunes, osons dire oui, séance tenante, à Celui dont le pouvoir a pour fin d’établir Son règne d’amour en nous et autour de nous.   

 

Prions : « Seigneur, Tu es “doux et humble de cœur“, je n’ai pas peur de ton pouvoir sur moi. J’y consens. Sois maître en moi, règne en moi. Amen.  »

 

Question : En quoi consiste « le royaume de Dieu » pour vous ?

 

Suggestion : Chercher le royaume de Jésus là où vous êtes.

 

Oraison jaculatoire : « Règne en moi, Seigneur Jésus ! »

 

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A propos Geoffroy de Lestrange 75 Articles
Le père de Lestrange, curé dans le monde rural, a fait ses études supérieures aux États-Unis. Il y a découvert le Renouveau charismatique catholique ainsi que les églises évangéliques. Bénédictin, puis profès simple chez les frères de Saint-Jean, il a découvert par ces contacts divers, l'importance de la prière pour une nouvelle Pentecôte dans l'Église, souhaitée par tant de papes.

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