Que répondre à ceux qui croient en la réincarnation?

Tiré du livre: "Guide des difficultés de la foi catholique"

Source image: Clip: Miséricordieux comme le Père de Richard Vidal

Résumé : Que répondre à ceux qui croient en la réincarnation? Les arguments invoqués par les tenants de la réincarnation ne sont pas décisifs.

Que répondre à ceux qui croient en la réincarnation? Quelques arguments invoqués par ceux qui croient en la réincarnation

1- Les inégalités naturelles: « Si Mozart, à cinq ans, composait des musiques aussi élaborées, c’est qu’il les avait déjà ébauchées dans des vies antérieures » pensent les adeptes de la réincarnation. Pourquoi un enfant naît-il mongolien, alors que son frère jumeau est surdoué? Cela ne peut s’expliquer que comme la conséquence des actions accomplies dans des existences antérieures : l’un doit se purifier de ses fautes passées, tandis que l’autre bénéficie de ses travaux précédents.

Chaque action produit un jour ou l’autre son résultat – bon ou mauvais : cette loi cosmique de relation de cause à effet et de rétribution quasi mécanique de nos actes s’appelle dans l’hindouisme le « karma ». L’enseignement de cette doctrine encourage les hommes à ne pas céder à leurs penchants mauvais. Celui qui est tenté de torturer son ennemi doit penser que, s’il cède à la tentation, il sera torturé à son tour. C’est donc une croyance, pensent ses adeptes, qui n’enferme pas inéluctablement l’être humain dans son passé, mais qui le pousse à se sentir responsable de ses actes.

2- Une possibilité de recommencement: Un être humain qui n’a pas eu « tout son compte de vie » ou qui l’a gâchée doit avoir la possibilité de refaire sa vie dans une autre existence. Un enfant qui est emporté tout jeune dans un accident ou par une maladie n’a pas eu le temps de réaliser toutes ses virtualités : il faut bien qu’il puisse les accomplir dans une autre existence! Quant à ceux qui se sont laissé glisser dans l’alcoolisme, la débauche ou la violence – pensons à Hitler! – il faut bien qu’ils puissent se racheter ou plutôt se purifier peu à peu à travers toute une série de réincarnations au cours desquelles ils comprendront enfin leurs erreurs antérieures et en seront débarrassés.

Il est impensable que Dieu condamne à des peines éternelles des êtres aussi fragiles que les hommes. L’existence humaine est si brève! L’homme doit avoir le droit à l’erreur! Il doit bénéficier d’examens de repêchage! La croyance en la réincarnation permet d’échapper à la perspective terrifiante d’un enfer éternel. Les âmes qui ont vécu dans le mal ne connaissent que le « purgatoire » et celui-ci s’accomplit sur terre, au cours d’existences successives.

3- L’origine de l’âme des nouveau-nés: C’est le premier argument développé par Platon en faveur de l’immortalité de l’âme, dans le dialogue du « Phédon » : les âmes des vivants ne peuvent venir que des morts. Les âmes qui « s’éveillent » viennent forcément, pense-t-il, de celles qui se sont « endormies ».

Il ne vient pas à l’idée de Platon que les âmes des nouveau-nés puissent être créées à partir de rien par une Puissance divine. Pour lui, rien ne se perd, rien ne se crée : le nombre des âmes est fixe et invariable. Elles « préexistent » depuis toujours à la naissance des nouveau-nés.

Platon explique aussi de cette façon la présence dans l’intelligence humaine des idées éternelles de justice, de beauté ou de vérité. Les âmes les ont contemplées dans une vie céleste antérieures.

4- L’expérience des comateux: Les Occidentaux qui croient à la réincarnation essaient de lui donner une base scientifique. Ils invoquent tout d’abord des phénomènes qui ne peuvent s’expliquer, disent-ils, que si nous avons déjà vécu une autre vie : le sentiment du déjà vu ou du déjà vécu. Un professeur a l’impression de connaître déjà un poème qu’il lit pour la première fois. La capacité qu’ont certains êtres de comprendre ou même de parler des langues qu’ils n’ont pas apprises. Mais on cite surtout aujourd’hui le témoignage de personnes qui, plongées dans un coma profond, se souviennent de l’expérience étrange qu’elles y ont faite. Expériences décrites dans le livre du Dr. Moody, La vie après la vie, Laffont, 1977 : sur 100 personnes interrogées : – 60 ont éprouvé une sensation très forte de paix;

  • 37 une sensation d’extra-corporéité;
  • 23 la sensation d’entrer dans une profonde obscurité (un tunnel);
  • 16 ont vu leur apparaître une grande lumière;
  • 10 ont eu la sensation d’entrer dans cette lumière.

Après leur expérience, quelques-uns de ces comateux sont enclins à croire à la réincarnation : « Je ne conçois plus la mort comme un anéantissement mais comme une renaissance. Mourir permet de renaître pour connaître une nouvelle vie plus paisible ». « D’après cette expérience, la mort n’existe pas. Pour moi, ce n’est qu’une phase transitoire pour se rendre ailleurs. J’ignore comment est fait cet autre endroit, mais je suis certaine que c’est très bien ». (…).

Que répondre à ceux qui croient en la réincarnation? LES ARGUMENTS INVOQUÉS PAR LES TENANTS DE LA RÉINCARNATION NE SONT PAS DÉCISIFS

Reprenons maintenant chacun des arguments invoqués plus haut par les partisans de la réincarnation et répondons-leur à la lumière de l’ensemble du mystère chrétien.

Que répondre à ceux qui croient en la réincarnation? Le handicap n’est pas un châtiment

Les inégalités naturelles peuvent s’expliquer autrement que comme une conséquence de la loi du « karma ». Les êtres moins favorisés à la naissance semblent à première vue victimes d’une injustice : leur handicap peut apparaître dans un premier temps comme la punition de quelque faute commise antérieurement.

Mais la Bible nous invite à dépasser cette première impression. « Les voies de Dieu ne sont pas celles de l’homme » (Isaïe 55.8). Des personnes handicapées privées de santé, de talents intellectuels ou manuels, peuvent être douées d’un cœur extraordinairement aimant et, par voie de conséquence, réussir leur vie de façon magnifique. Il suffit de penser à la richesse intérieure qu’elles possèdent souvent. Après avoir déjà perdu l’usage de ses membres inférieurs, un enfant de six ans devenu aveugle entend sa mère pleurer auprès de son lit. Il lui dit : « Pourquoi pleures-tu, maman? J’ai encore un cœur pour aimer ma maman! » Il mourait quelques jours plus tard. N’était-il pas prêt à partir dans son éternité? Son cœur avait atteint sa taille adulte, une maturité que nous n’avons sans doute pas encore à un âge plus avancé.

Que répondre à ceux qui croient en la réincarnation? Un instant de vrai repentir peut tout réparer

La conception biblique du temps permet de répondre parfaitement à la seconde objection – la plus insidieuse de toutes. C’est vrai, il y a des jeunes qui sont trop tôt fauchés par la mort : qu’on pense à tous les Mozart assassinés par les avortements! Ne doivent-ils pas jouir d’une « autre » vie pour réaliser leurs potentialités cachées?

Et ceux qui ne comprennent que sur le tard, à la toute dernière extrémité, qu’ils ont fait fausse route? Dieu ne va-t-il pas leur accorder la possibilité de réparer dans une autre existence toutes les erreurs, toutes les bêtises de leur vie?

C’est oublier que devant le Seigneur, « un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour » (2 Pierre 3.8). Le Dieu de la Bible aime parfois se jouer du temps lorsqu’il s’agit de guérir ses enfants, dans leur corps (guérison instantanée) ou dans leur cœur (conversion foudroyante). C’est l’histoire du bon larron. Dans les ultimes secondes de son existence, il a réparé toutes les déviances de sa vie.

Bien mieux, nous pouvons penser que le plus bel acte de notre pèlerinage sur terre s’accomplit à l’instant de notre mort, lorsque nous entrons dans notre éternité. C’est alors que nous disons définitivement « oui » ou « non » à la Vérité, à Dieu. Cet acte est préparé par tous les actes libres de notre vie mais il est plus important qu’eux, il les « résume », il les « reprend », il en fait un bouquet définitif. C’est ainsi qu’un homme qui se suicide peut aller directement au paradis; au-delà de son acte de désespoir, il y a la décision ultime de sa vie. Décision dont les survivants ne connaissent rien.

Que répondre à ceux qui croient en la réincarnation? À corps nouveau, âme nouvelle

La prodigalité de Dieu est infinie. Il ne cesse de créer de nouveaux êtres. À la différence des philosophes grecs, les chrétiens croient que Dieu crée à chaque instant de nouvelles âmes pour animer les corps qui viennent d’être conçus. Le Dieu vivant est une source inépuisable de vie! Il ne cesse de faire sortir du néant des âmes qui n’existaient pas à la seconde précédente : âmes de bêtes ou de bestioles, âmes humaines.

Mais il y a un « hiatus » énorme entre l’âme d’un cheval ou d’un chimpanzé et l’âme d’un petit d’homme. Seule, celle-ci est immortelle, appelée à entrer pour toujours dans la danse trinitaire. Le premier récit de la Genèse affirme avec force la différence entre la création des premiers êtres vivants et la création de l’homme et de la femme « à l’image et à la ressemblance » du Créateur. Même affirmation dans le second récit, où l’homme n’est pas satisfait par la présence des animaux à ses côtés.

Cela n’empêche pas le chrétien de se sentir solidaire de tout le cosmos et de saluer, avec François d’Assise, le soleil et la pluie comme son frère et sa sœur. Il espère même, à la suite de saint Paul, que la création tout entière participera à la Rédemption finale (Romains 8. 19-22) dans des « cieux nouveaux et une terre nouvelle » (Apocalypse 21.1).

Que répondre à ceux qui croient en la réincarnation? Les comateux ne reviennent pas du royaume des morts

L’expérience des personnes qui reviennent « de loin » après avoir été plongées dans un profond coma ne prouve rien, puisque, par définition, elles n’ont pas franchi les portes de la mort.

Les chrétiens accordent infiniment plus d’importance au témoignage des douze apôtres qui ont fait l’expérience unique au monde de Celui qui est revenu d’entre les morts, après avoir été enseveli! Nous revenons au paradoxe de la foi chrétienne, fondée sur un Événement qui s’est réalisé dans l’Histoire, et non sur une réflexion purement rationnelle à partir de la condition humaine, sur l’impression psychologique de « déjà vu » que peuvent éprouver certaines personnes ou sur l’expérience des comateux.

Rappelons par ailleurs que les découvertes récentes de la génétique ne confirment en rien les prétentions scientifiques de la croyance en la réincarnation. Le code génétique de chaque individu est absolument unique et ne pourra jamais se reproduire dans l’avenir de l’humanité. La croyance en la réincarnation méconnaît cette union profonde entre le corps et l’âme et ne peut se maintenir qu’en affirmant l’existence d’un corps astral distinct du corps physique livré à nos observations.

Irénée répondait déjà aux gnostiques de son temps : « Les âmes demeurent sans passer dans d’autres corps : elles gardent telle quelle la caractéristique du corps auquel elles sont adaptées » (Contre les hérésies, II, 34, 1, p.267).

SOURCE : Extrait de : Abbé Pierre Descouvemont, Guide des difficultés de la foi catholique, Cerf, Paris, 2009, pp. 541-544; 548-551.

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A propos Pierre Descouvemont 12 Articles
Pierre Descouvemont est un prêtre du diocèse de Cambrai et docteur en théologie. Il est auteur de nombreux ouvrages, poursuit actuellement un ministère d’enseignement (conférences, retraites) et anime des chroniques sur différentes radios chrétiennes. Il a ouvert en 2015 un site internet où il met à disposition nombre de ses enseignements.

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