L’intelligence de la foi: Don de l’Esprit-Saint

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L’intelligence de la foi: Don de l’Esprit-Saint qui vient au secours de la fragilité de l’esprit humain des disciples

La pensée fragile des apôtres

Jean Cassien, né entre 360 et 365 en Scythie mineure (actuelle Dobrogée roumaine) et mort entre 433 et 435 à Marseille, est un moine qui a marqué profondément les débuts de l’Église en Provence au ve siècle. Fondateur de l’abbaye Saint-Victor de Marseille, il a laissé une œuvre doctrinale importante qui a influencé le monachisme occidental du ve siècle à nos jours. Certains passages de la Règle de saint Benoît reprennent presque mot à mot des passages de Cassien, et cette même règle suggère de lire les Conférences des Pères et les Institutions de Cassien. Humbert de Romanos le cite abondamment dans son commentaire de la règle de S. Augustin.

Le monachisme occidental s’appuyait sur l’expérience qu’avait faite Cassien du grand monachisme oriental des déserts de Palestine et d’Égypte. Ainsi Cassien établit un pont entre le monachisme d’Orient et celui d’Occident. Les œuvres de Cassien furent le premier manuel de spiritualité de l’Occident.  Il était connu de tous au Moyen Âge : « Cassien formait les consciences, et faisait progresser dans la vie spirituelle », disait l’évêque Léonce de Fréjus. Cassien aurait sûrement aimé commenter cette remarque du Seigneur alors qu’il apparaît à Ses apôtres au Cénacle, en leur disant : « Pourquoi ces pensées (διαλογισμοὶ) qui surgissent dans votre cœur ? » (Lc. 24, 38) En effet, son expérience de la vie solitaire lui fit découvrir bien vite que « l’esprit de l’homme est toujours mobile et très mobile. […] C’est une condition de sa nature de ne pas rester oisive, et si on ne règle pas ses mouvements en l’occupant comme elle doit être, sa légèreté naturelle l’emporte nécessairement d’objets en objets. » (Conférences de Cassien sur la perfection religieuse, Librairie Poussielgue Frères, Paris, 1868, p. 170) Saint Bède le Vénérable, un moine anglais du 7ème siècle, docteur de l’Eglise, aurait pensé la même chose. En commentant la remarque du Christ à Ses apôtres, il se demande : « Quelles pouvaient être ces pensées ? Des pensées fausses et dangereuses. […] Ces pensées ne sont pas descendues du ciel, mais elles sont montées de la terre dans le cœur, comme de mauvaises herbes. » (S. Thomas d’Aquin, La Chaîne d’or, Lc. 24, 36-40)

A vrai dire, quelques heures avant cette apparition dont nous avons entendu le récit, Jésus s’était déjà heurté au doute de deux disciples en route vers Emmaüs. Mais Jésus, leur « interpréta dans toutes les Ecritures ce qui Le concernait » (Lc. 24, 27) et leur cœur prit feu. Ils se le disaient l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand Il nous parlait en chemin, quand Il nous expliquait les Ecritures ? » (Lc. 24, 32)   « Quand le feu vient résider dans le cœur, il ressuscite la prière ; et quand celle-ci se sera réveillée et sera montée au ciel, il se fera une descente du feu dans le cénacle de l’âme », dit S. Jean Climaque, un moine Syrien (579-649). C’est ce qui se passera à la Pentecôte, où il ne sera plus question de doutes et d’interrogations, mais de proclamer, comme Jésus le demandera à Ses apôtres en leur apparaissant, la rémission des péchés « à toutes les nations ». (Lc. 24, 47)

La pensée fragile des disciples d’aujourd’hui

Aussi, la question est de savoir comment ressusciter le feu dans nos cœurs avec une telle force que nos pensées ne montent pas de la terre, mais descendent du ciel pour nous embraser afin d’embraser notre monde ?   

 

1. La pensée trop sûre d’elle ébranlée par le témoignage

Jésus rencontre d’abord des pensées de la terre et ces pensées bien répandues de nos jours : la suspicion devant un phénomène surnaturel, et les pensées sceptiques qui s’ensuivent. Comment s’y prend-t-Il pour surmonter cet état d’esprit chez des gens qui ne sont pas hostiles, mais fragiles. La mort terrible de Jésus leur a fait oublier la promesse qu’Il ressusciterait le troisième jour. Le récit de ceux qui L’ont vu n’ont fait qu’ébranler leur scepticisme :

  • Ces femmes qui L’ont vu à la tombe, n’ont-elles pas eu une hallucination en raison de leur grand chagrin ?
  • Ces deux disciples qui reviennent d’Emmaüs sont bien sympathiques, mais enfin ce ne sont que des disciples, ce ne sont pas même des apôtres choisis par Jésus pour continuer Son œuvre !

La pensée trop sûre d’elle désarmée par l’interrogation

Jésus se met à la portée de son interlocuteur et interroge. Il facilite ainsi l’ouverture du cœur en aidant l’interlocuteur à s’ouvrir de son trouble. Il le désarme :

  • Jésus interroge les apôtres : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? » (Lc. 24, 38) Il interroge encore en indiquant la source de ce bouleversement : Leurs pensées. « Et pourquoi des doutes s’élèvent-ils en vos cœurs ? » (Lc. 24, 38)
  • Il avait aussi interrogé les disciples d’Emmaüs : « Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant ? » (Lc. 24, 17)
  • Les anges avaient aussi interrogé les saintes femmes venues L’embaumer : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? » (Lc. 24, 5)

La pensée trop sûre d’elle désarmée par le réel

Ensuite, Jésus aide Ses disciples à surmonter leur scepticisme par l’usage de leurs sens. Les sens ne peuvent pas induire une erreur dans l’intelligence. C’est trop concret ! 

  • La vue : « Voyez Mes mains et Mes pieds ; c’est bien Moi ! » (Lc. 24, 39)
  • Le toucher : « Touchez-Moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que J’en ai. » (Lc. 24, 39)
  • La nourriture ingérée : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? […] Il prit [le poisson grillé] et le mangea sous leurs yeux. » (Lc. 24, 43)

La pensée trop sûre d’elle désarmée par la cohérence

Puis Jésus s’adresse à l’intelligence des apôtres en leur montrant la cohérence de ce qu’ils voient avec les promesses qu’Il leur avait faites : « Telles sont bien les paroles que Je vous avais dites quand J’étais encore avec vous. » (Lc. 24, 44)

La pensée trop sûre d’elle désarmée par un miracle

Enfin, Jésus fait un miracle spirituel : Il « ouvre » (Lc. 24, 45)  l’esprit des apôtres à l’intelligence des Ecritures.  

  • Le Seigneur fera la même chose pour Lydie écoutant Paul prêcher près d’un cours d’eau de la ville de Philippes : « C’était une négociante en pourpre, de la ville de Thyatire ; elle adorait Dieu. Le Seigneur lui “ouvrit complètement“ (διήνοιξεν) le cœur, de sorte qu’elle s’attacha aux paroles de Paul. » (Ac. 16, 14)
  • Le Seigneur fera de même lors de la première prédication de Pierre : Les foules rassemblées à la suite des phénomènes de la Pentecôte ont « le cœur transpercé » et interrogent : « Frères, que devons-nous faire ? » (Ac. 2, 37) C’est un renversement étonnant après l’hostilité manifestée à la croix !

L’intelligence de la foi…

… n’est pas toujours donnée

Le Seigneur ne fait pas toujours ce miracle dans les intelligences. Ainsi, S. Paul, à la synagogue de Thessalonique, « trois sabbats de suite » discute avec les Juifs : « Il expliquait et donnait les évidences (διανοίγων καὶ παρατιθέμενος)  [dans les Ecritures] que le Christ devrait souffrir et ressusciter des morts. » (Ac. 17,3) Pourtant, il n’y en a que quelques-uns qui se laissent convaincre. (cf. Ac. 16, 4)

L’intelligence de la foi est donnée en son temps

La foi est donnée en son temps. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint et une œuvre fragile.  Jésus en est si conscient qu’Il contraint les apôtres à dix jours de réclusion dans la chambre haute « jusqu’à ce que vous soyez revêtus  de la force d’en-haut ». (Lc. 24, 49)

L’intelligence de la foi est précédée par l’attente

Pendant ces dix jours, les apôtres prient en attendant l’Esprit Saint « avec quelques femmes, dont Marie, Mère de Jésus, et avec ses frères ». (Ac. 1, 14) Il y a déjà là une grâce de l’Esprit. Les disciples attendent. Bien des gens « attendent » le miracle de la foi et cette attente est déjà une grâce.

L’intelligence de la foi donnée au cœur qui attend

Cette attente où l’âme peut être dans une grande désolation, est vue de Dieu. Au moment le plus inattendu, il se fait « une descente de feu dans le cénacle de l’âme », dit bellement S. Jean Climaque.

Ressusciter le feu de l’Esprit dans nos cœurs et nos esprits ?

Comment faire descendre le feu « dans le cénacle de l’âme », au point que tous les troubles, toutes les questions disparaissent ? Il me semble qu’il faut :

  1. Un cœur  désolé. La désolation des disciples a « aimanté » le Christ : désolation de Marie-Madeleine, désolation des disciples d’Emmaüs, désolation de Pierre, des apôtres, de Marie … Ce regret, qui prouve leur amour, fait venir Jésus, fait venir son Esprit : « Pour que le Saint Esprit demeure dans nos âmes, la première condition est d’avoir un très grand regret de Son absence. » (Jean d’Avila)
  2. Un cœur qui demande le Saint Esprit. « Si donc vous, qui êtes méchants, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du Ciel donnera-t-Il l’Esprit à ceux qui L’en prient. » (Lc. 11, 13)
  3. Le Saint Esprit qui se mêle à notre esprit pour témoigner de Dieu. (cf. Rm. 8, 16) « Qui Le veut ? Qui Le veut, mes frères ? » disait Jean d’Avila en parlant du Saint Esprit. Tu es pécheur et tu Le veux ? Tu es baptisé, tu crois en Jésus Christ mais ton esprit reste sceptique et tu veux l’Esprit qui dépasse toute intelligence ? Tu n’es pas baptisé mais tu Le veux ? Tu es orphelin dans ton cœur et tu Le veux ? Viens au Christ qui donne l’Esprit. Demande-le-Lui et Il vaincra ta pensée fragile.

 

Prions : « Seigneur,  Tu récompenses ceux qui s’approchent de Toi. (cf. He. 10, 33) Je m’approche de Toi. Je  veux boire Ton Esprit à Ton côté ouvert. Donne-Le-moi pour affermir mon cœur sceptique. Amen. » 

 

Oraison jaculatoire : « O Esprit Saint, par Jésus,  viens dans mon cœur ! »

 

Question : Avez-vous déjà été sceptique ? Qu’est-ce qui a vaincu votre scepticisme ?

 

Suggestion : Demander l’Esprit qui fait descendre le feu dans l’âme.

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A propos Geoffroy de Lestrange 75 Articles
Le père de Lestrange, curé dans le monde rural, a fait ses études supérieures aux États-Unis. Il y a découvert le Renouveau charismatique catholique ainsi que les églises évangéliques. Bénédictin, puis profès simple chez les frères de Saint-Jean, il a découvert par ces contacts divers, l'importance de la prière pour une nouvelle Pentecôte dans l'Église, souhaitée par tant de papes.

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