Est-ce qu’un chrétien peut désirer être le premier?

Homélie du 25° Dimanche Ordinaire B : Marc 9, 30-37

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Résumé : Est-ce qu’un chrétien peut désirer être le premier? Jésus dans l’évangile semble répondre non. Mais quelle est la véritable première place que nous devons désirer? Là est la vraie question.

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous.» À la lumière de cette parole de Jésus, certains pourraient croire qu’un chrétien ne peut pas désirer être le premier dans aucun domaine de la vie. Mais à mon avis, cette manière de penser vient de l’influence d’une certaine prédication du passé qui avait une fausse conception de l’humilité chrétienne qui était assimilée souvent à la médiocrité et à la misère.

Désirer être le meilleur est tout à fait naturel

Il faut noter que Jésus dit bien : « Si quelqu’un veut être le premier ». Donc, pour Jésus, il peut être légitime de vouloir être le premier. D’ailleurs, il est tout à fait naturel de vouloir être le premier car depuis que le monde est monde, chacun de nous désire exceller dans tous les domaines. Par exemple, les garçons désirent être les plus forts physiquement et les jeunes filles désirent être les plus jolies. Tous les étudiants veulent avoir 100% à leur examen. Toutes les entreprises cherchent à devenir des leaders dans leur domaine respectif . Dans tous les sports, chaque équipe désire gagner la coupe du championnat et tous les athlètes font tout leur possible afin d’obtenir la médaille d’or aux jeux olympiques.

Quelle est la véritable première place que nous devons désirer?

Mais alors comment comprendre la pensée de Jésus? En fait, Jésus veut nous enseigner qu’il existe une véritable première place et une fausse. La véritable première place à laquelle notre cœur doit aspirer ne se trouve pas dans les apparences extérieures. En effet, même si en apparence notre vie est une réussite parfaite aux yeux des hommes, cela ne fait pas en sorte que nécessairement nous serons heureux réellement. Par exemple, je me rappelle d’un très beau film : « Les chariots de feu » qui est basé sur une histoire vraie qui raconte la compétition de deux athlètes aux jeux olympiques de Paris en 1924. L’un des athlètes est athée. Celui-ci cherche par tous les moyens et de toutes ses forces à gagner la médaille d’or de la course du 100m. L’autre athlète coure aussi le 100m mais il est chrétien. Il cherche à gagner la course non pas pour sa propre gloire mais pour la Gloire de Dieu. Or, voici que l’horaire de la course du 100m qui doit les opposer est déplacée le dimanche. Le coureur chrétien ne veut pas courir le dimanche (Jour du Seigneur). Il renonce alors à courir le 100m. Mais un de ses compagnons qui devait courir le 400m le samedi vient à se blesser. Il décide alors de courir le 400m à sa place même s’il n’est pas du tout préparé pour ce genre de course. À la fin du film, nous pouvons voir la différence entre les deux athlètes : celui qui est athée gagne la médaille d’or au 100m. Sur le coup, il est extrêmement heureux. Mais dans la soirée il s’enivre fortement et termine dans la tristesse et la solitude. Tandis que l’athlète chrétien gagne contre toute attente sa course du 400m. Il considère sa victoire comme un don de Dieu et cela contribue à faire grandir la joie. À la fin du film on mentionne que l’athlète chrétien ira comme missionnaire laic afin d’évangéliser les pauvres. Au fond, l’un et l’autre ont excellé dans leur discipline mais la grande différence est que l’un le faisait pour lui-même et uniquement pour la gloire humaine qui ne remplit pas le cœur tandis que l’autre le faisait pour la Gloire de Dieu afin de le remercier et de lui manifester son amour.

Chercher à être les premiers dans l’ordre de l’amour

Ainsi, Jésus nous encourage à ne pas chercher à être les premiers dans l’ordre des apparences mais plutôt dans l’ordre de l’amour gratuit qui cherche à servir les autres. Pour illustrer sa parole, Jésus fait un geste symbolique : « Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa ». Ce geste de Jésus était à son époque révolutionnaire car l’enfant n’avait aucun droit en ce temps-là. Il était le dernier de la société. Ainsi, Jésus nous présente l’enfant comme modèle à imiter. Car l’enfant reconnaît aisément sa fragilité et son incapacité qui font qu’il a besoin d’un plus grand que lui. Au fond, la qualité de l’enfant que Jésus souligne est sa capacité naturelle à accueillir l’autre. Malheureusement, souvent lorsque nous devenons adultes, nous avons la tendance à nous renfermer sur nous-mêmes dans un esprit d’individualisme et d’indépendance qui nous fait croire que nous avons besoin de personne, pas même de Dieu. Voilà pourquoi Jésus continue son enseignement en parlant d’accueil.

Accueillir Jésus dans le petit et le faible, voilà ce qui nous donne la première place dans l’ordre de l’amour

« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » Par cette parole, Jésus nous donne la recette pour devenir vraiment « les premiers » dans l’ordre de l’amour : c’est en accueillant Jésus caché dans le petit, le pauvre et le faible que nous pourrons devenir les premiers. C’est ce qu’ont fait tous les saints et saintes : Mère Thérèsa de Calcutta, Vincent de Paul, Jean Vanier, Frère Roger de Taizé. Mais nous pouvons nous demander ce que signifie « accueillir l’autre au nom de Jésus »? C’est accueillir l’autre non pas à cause de ses qualités humaines, de son apparence physique, ou parce qu’il nous semble sympathique ou par intérêt personnel. Ainsi, accueillir au nom de Jésus signifie accueillir l’autre simplement parce qu’il est un enfant de Dieu, parce que Dieu l’aime.

Demandons donc au Seigneur la grâce de devenir vraiment humbles comme des enfants. Ainsi, nous pourrons accueillir Jésus dans le pauvre, le petit et le faible afin d’être les premiers dans le Cœur de Dieu.

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A propos Gérald Lajeunesse 311 Articles
Le père Gérald Lajeunesse est prêtre et membre de la Congrégation des Oblats de la Vierge Marie (omv). Il est curé de la paroisse St Enfant-Jésus de la Pointe-aux-Tremble, à Montréal.