Vivre l’Église en Église

Résumé : Vivre l’Église en Église. Vivre la petite église qui se réunit dans nos maisons en Église c’est-à-dire dans la grande Église.

On poursuit ensemble l’approfondissement de notre énoncé de mission paroissiale. Nous allons voir aujourd’hui la troisième ligne de cet énoncé de mission : Vivre l’Église au cœur de nos maisons (première ligne de l’énoncé);
pour incarner l’amour et la Parole de Jésus (deuxième ligne de l’énoncé);
en Église à l’école de Marie (troisième ligne de l’énoncé). Nous allons nous arrêter aujourd’hui à cette petite expression : Vivre l’Église en Église. Donc, déjà, on voit que le mot revient : dans la première ligne : Vivre l’Église au cœur de nos maisons et dans la troisième ligne : en Église. On sent que le mot « Église » signifie la même chose et pas tout à fait. On pourrait dire de manière assez simple que la première expression : « vivre l’Église » désigne la petite église qui se réunit dans notre maison. « En Église » signifie la grande Église. On se rappelle que notre petite église fait partie d’une grande Église.

Vivre l’Église en Église : méditons sur l’image de saint Paul : Église, Corps du Christ

Pour aborder ce sujet, on va s’arrêter à une image qui nous vient de saint Paul : Église comme Corps du Christ. Saint Paul aux Corinthiens : « notre corps forme un tout mais il a pourtant plusieurs membres. L’oreille ne peut pas dire à l’orteil, je n’ai pas besoin de toi. De même que la main dire au pied je peux me passe de toi. » Il y a plusieurs membres qui forment un seul corps qui est l’Église. Il y a plusieurs petites églises qui forment un seul corps ou Église.

Aujourd’hui on va s’arrêter à cette image à partir de la lettre aux Éphésiens (4, 1-16) où saint Paul approfondit l’image du Corps du Christ dans un autre sens celui de l’unité du Corps : « Chacun de nous a reçu un don particulier l’un de ceux que le Christ a généreusement accordé. C’est ainsi qu’il a rendu le peuple de Dieu apte à accomplir son service pour faire croître le Corps du Christ. De cette façon, nous parviendrons tous ensemble à l’unité de la foi dans la connaissance du Fils de Dieu. Nous deviendrons des adultes dont le développement atteindra à la stature parfaite du Christ. Alors nous ne serons plus des enfants emportés par les vagues ou les tourbillons de toute sorte de doctrines. Au contraire, en proclamant la vérité avec amour nous grandirons en tout vers le Christ qui est la tête. C’est grâce à lui que le Corps forme un tout solide bien uni par toutes les articulations dont il est pourvu. Ainsi, lorsque chaque partie fonctionne comme elle doit, le Corps entier grandit et se développe par l’amour. »

Vivre l’Église en Église : l’Église fait vivre les petites églises et inversement, les petites églises font vivre la grande Église

Ici, Paul nous parle de la croissance du Corps. J’aimerais qu’on s’arrête à deux aspects qui sont nécessaires pour qu’il y est une croissance harmonieuse dans l’unité de la foi. Pour qu’il y est un développement harmonieux, il faut que les membres, donc l’ensemble des petites églises, soit uni premièrement par l’amour et deuxièmement par des articulations. C’est comme dans notre corps. Admettons qu’il y a un petit rassemblement de cellules sanguines qui rencontrent une cellule osseuse avec une cellule musculaire, avec une cellule nerveuse et une cellule adipeuse. Tout ce monde-là se côtoie et ils ont chacun leurs caractéristiques propres. Ils se parlent et ils vont découvrir qu’ils ont deux choses importantes en commun. Si elles peuvent exister, c’est parce qu’elles sont nourries par le Corps. C’est le corps qui apporte aux cellules ce qu’elles ont besoin pour se développer. Puis, c’est le corps qui respire, qui mange … Et à l’inverse, les cellules font vivre le corps. Les cellules osseuses, sanguines, nerveuses, …, sont nécessaires pour que le corps vive. Donc, les cellules sont nécessaires au corps et le corps est nécessaire aux cellules. Il y a ce va et vient entre les petites églises et la grande Église. Donc, premier élément, c’est la reconnaissance que saint Paul va appeler l’unité de la foi et dans l’amour. Le corps va grandir par l’amour. C’est important. C’est une réalité qui est intérieure. Quand on se rassemble en petites églises, nous sommes conscients que nous faisons partie d’une grande Église et nous aimons cette grande Église. On ne se rassemble pas en petites églises par opposition à la grande Église ou parce qu’on est meilleur et qu’on veut se séparer d’elle. C’est le contraire. On se réunit en petites églises parce que c’est un moyen de collaborer à la vie de la grande Église. De la grande Église on reçoit la vie, la foi, les sacrements, tous les témoignages de l’histoire de l’Église, la vie des saints, la vie de la grâce. Mais cette grande Église ne peut se développer sans nous. C’est nous, personnellement et communautairement comme petites cellules d’église qui alimentons et faisons grandir cette grande Église à partir des dons que nous avons reçus. Chacun a reçu le don de la grâce comme le Christ l’a voulu le partager. Quelle est notre relation intérieure avec l’Église. Quand je pense à la grande Église, à qui je pense? À quoi je pense? Est-ce que j’aime cette grande Église profondément? Suis-je conscient que l’Église m’alimente car je ne peux recevoir la vie du Christ sans l’Église. Est-ce que je suis conscient que l’Église a besoin de moi et de nous.

Ensuite, il y a des articulations qui sont importantes : les liens qu’il y a entre toutes ces millions de particules qui font partie de mon corps, toutes les cellules de mon corps. En Église, il en est ainsi. Il y a des articulations. Il y a un premier lien d’Église si vous faites partie d’une petite église, vous êtes en lien avec une autre Église plus grande à travers un responsable. Dans l’Église Catholique, il y a un lien avec un prêtre qui est en lien avec l’évêque, qui est en lien avec le Pape. Donc, c’est un lien d’Église concret qui contribue à l’unité de l’Église qui ne remplace pas l’amour ou la foi. Mais qui est nécessaire pour que l’amour et la foi soient bien coordonnés. Donc, quand on se rencontre, avec quel prêtre ou à quel évêque sommes-nous en lien?

Une assemblée fait référence principalement à l’Église qui se rassemble le dimanche. Dans la lettre aux Hébreux au chapitre 10 : « Ne désertez pas vos assemblées comme certains en ont pris l’habitude ». C’est important l’assemblée. L’assemblée dominicale. Moi je fais partie d’une petite église mais quelle est ma communauté ou mon assemblée d’appartenance? Quel est le lieu où habituellement je vais à la messe le dimanche? Il y a un réseau de personnes qui se rassemblent le dimanche de façon régulière. Et moi, je suis en lien avec ces gens-là. Alors, il est possible que notre petite église soit toute entière avec cette assemblée-là. C’est possible que non. Il se peut qu’on se rassemble en petites églises, mais il y des gens qui viennent de différentes assemblées. On vient ensemble, on se soutient comme petites églises, on se forme et ensuite on retourne dans nos assemblées ou communautés chrétiennes. Mais toi, quelle est ta communauté chrétienne d’appartenance? C’est-à-dire la paroisse. Mais depuis quelques années, la notion de paroisse est floue avec la fusion de paroisses, la disparition de certaines églises. Auparavant, c’était clair : il y avait un village, une paroisse, une église, un curé. Cela s’est transformé. Mais à travers cela il y a un don de Dieu et il y a l’œuvre de Dieu qui s’accomplit et qui veut nous amener vers quelque chose d’autre.

Dans le code de droit canonique, on lit la définition de la paroisse : « La paroisse est la communauté précise de fidèles qui est constituée d’une manière stable dans l’Église particulière et dont la charge pastorale est confiée au curé comme à son pasteur propre sous l’autorité de l’évêque diocésain. ». Donc, la paroisse est constituée de personnes qui de manière stable. « En général, la paroisse sera territoriale. C’est-à-dire qu’elle comprendra tous les fidèles du territoire donné. Mais, là où c’est utile, sera constitué des paroisses personnelles déterminées par le rite, la langue ou la nationalité. » Quand on fusionne des paroisses, on fusionne des territoires. Le territoire est important car c’est concret et objectif. On ne peut pas vivre dans la subjectivité. Par exemple : moi je me sens bien d’aller là. Je fais partie d’une paroisse. Cela se peut que j’aime plus ou moins telle ou telle personne, le curé… La paroisse est un lieu de conversion où j’apprends à aimer.

Vivre l’Église en Église : comment la paroisse va-t-elle se reconstituer?

Dans ce contexte d’aujourd’hui où la paroisse est remise en question et qui est en transformation profonde, comment va-t-elle se reconstituer? Elle va se reconstituer selon la lettre aux Éphésiens « à partir des dons que chacun de nous a reçus ». Chacun de nous avons reçu une grâce. Ensemble, on forme une petite église de maison sous la forme d’une cellule d’évangélisation, groupe de partage biblique, … Comment cette grâce est-elle au service de l’Église? On reçoit de l’Église la foi, la grâce, les sacrements mais on ne doit pas tout attendre de l’Église parce que le Seigneur nous choisit et nous accorde une grâce que nous avons à mettre au service de l’Église. En fait, la restructuration des paroisses ne se fera pas seulement et prioritairement à partir des restructurations qui sont pensées dans les bureaux diocésains. Ce n’est pas comme cela que cela se passe. Bien sûr que c’est nécessaire, mais cela n’aboutira à rien si cela ne tient pas compte des grâces que nous avons reçues. Et vous qui prenez le temps de vous réunir dans une maison, vous êtes prophétiques. Ce n’est pas donné à tout le monde actuellement. Vous avez reçu la grâce de vous réunir en petite église de maison, c’est très important de l’accueillir, d’y être fidèle, d’aimer profondément l’Église et de sentir que cela est pour le service de l’Église. Et c’est à partir de cette grâce que va se reconstituer un tissu paroissial et ecclésial, un réseau de communautés chrétiennes. Donc, vivre l’Église au cœur de nos maisons, en Église, dans l’amour, en ayant des liens concrets avec la grande Église (les articulations) et dans la fidélité à la grâce reçue.