Résumé: La vie consacrée est un don total de soi à Dieu. Léonie Martin nous montre par sa vie que la vie consacrée peut être vécue en toutes situations.
La consécration…
… difficile de Léonie Martin
Léonie Martin, sœur de S. Thérèse de l’Enfant Jésus, a été béatifiée en 2015. Née le 3 juin 1863 à Alençon, en la fête du Saint Sacrement, Léonie n’est pas de constitution bien forte. Ses seize premiers mois, passés entre la vie et la mort, causeront, selon l’un de ses biographes, « une certaine débilité intellectuelle ». A l’école, elle comprend si peu le calcul qu’elle en devient turbulente. Bien que renvoyée du pensionnat de la Visitation du Mans, le jugement de sa tante Visitandine n’est pourtant pas sévère. Elle est convaincue que, l’âge venant, « elle vaudra autant que ses sœurs ». Elle écrira : « Quand cette petite aura la raison et qu’elle verra son devoir, rien ne l’arrêtera […] c’est une nature forte et généreuse, tout à fait à mon goût, mais si la grâce de Dieu n’était pas là, que serait-ce ?… » A la maison, elle est aussi « ingouvernable », parce que maltraitée par une domestique violente, sans que personne ne s’en rende compte.
Comme ses sœurs, Léonie veut être religieuse. Alors que la famille s’entretient de la mort prochaine de la tante visitandine, Léonie dit à sa sœur Marie qu’elle tient à lui écrire avant qu’elle ne meure « pour lui donner mes commissions pour le Ciel ». Elle glisse dans sa lettre une phrase étonnante : « Ma chère tante, quand vous serez au Ciel, demandez au Bon Dieu, s’il vous plaît, qu’il me fasse la grâce de me convertir et aussi qu’il me donne la vocation de devenir une vraie religieuse, car j’y pense tous les jours. » Sa sœur Pauline veut qu’elle efface de sa lettre l’adjectif « vraie » devant le mot religieuse. A quoi Léonie répond : « Je t’en prie, laisse-moi mettre cela, moi je veux qu’il en soit ainsi. » Sommée d’expliquer l’adjectif « vraie », Léonie répond : « Cela signifie que je veux être une religieuse toute à fait bonne et enfin être une sainte. »
En 1886, à 23 ans, Léonie choisit d’entrer dans l’Ordre très austère des Clarisses où elle ne tiendra que deux mois. Une année après, en 1887, à 24 ans donc, elle fait un essai chez les Visitandines, où elle ne restera que six mois. En 1893, à 30 ans, elle fait un second essai chez ces mêmes Visitandines, y prend l’habit, mais deux ans après, la voilà chez son oncle, incapable de faire face à la sévérité de la règle. Heureusement, les supérieures changent, cela se sait, et en 1899, à 36 ans, Léonie peut entrer définitivement en communauté sous le nom de Sr. Françoise-Thérèse. Elle reçoit deux faveurs de sa sœur S. Thérèse. L’une, au début de sa vie religieuse, pour l’aider à chanter l’Office divin avec piété. Pendant l’Office des Matines, elle voit, tout à coup, une main lumineuse se poser sur son livre ; cette vision, rapide comme un éclair, lui fait dire : « C’est ma petite Thérèse, mon second Ange Gardien, qui veut m’exciter à la ferveur. » L’autre au milieu de sa vie religieuse, à 49 ans : un jour, elle sent une pénétrante odeur de roses – sa sœur est déjà au ciel depuis 15 ans – et elle se prend à dire quelque temps après : « Depuis je me sens plus fervente. Le petit rien [Léonie] voudrait devenir saint lui aussi. Hélas ! Quelquefois il se révolte ; il a de la peine à pratiquer la petitesse. » Léonie meurt en 1941, à l’âge de 78 ans. En 2015, elle est déclarée servante de Dieu et « sainte patronne des enfants difficiles ».
… des premiers-nés
La chandeleur, que nous fêtons aujourd’hui, appelée aussi « Présentation du Seigneur au Temple », est un appel à la consécration. La mise à part d’une chose ou d’une personne pour Dieu, ou la consécration, était une pratique courante dans l’Ancienne alliance. En mémoire de l’Exode, le Seigneur avait promulgué cette loi : « Tout premier-né de sexe masculin, sera consacré au Seigneur. » (Lc. 2,23) Que signifie cette « consécration » pour nous Chrétiens ? Nous sommes tous, en effet, des consacrés.
1. La consécration…
…une offrande
La consécration est une offrande à Dieu, comme nous le laisse encore entendre l’Évangile : « Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus Le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur. » (Lc. 2, 22)
… la sainteté
Les parents de Jésus, s’ils font un grand geste, un grand don, ne font pas tout. C’est Dieu qui est « Saint » et qui rend saint : « Le Christ a aimé l’Eglise, Il s’est livré pour Elle, afin de La sanctifier. » (Ep. 5, 26)
… une purification
Nous avons du mal à concevoir ce qu’est la sainteté de Dieu. Par contre, nous pouvons comprendre comment la sainteté de Dieu agit sur nous : « Vous vous êtes lavés, […] vous avez été sanctifiés […] par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu. » (1 Co. 6, 9-11)
- Le saint, est donc celui qui était « sale » et qui est rendu « propre » par l’invocation du Nom de Jésus et la descente de l’Esprit sur lui à son baptême. Tous les sacrements visent à cela : faire du Chrétien un temple de l’Esprit Saint.
- Léonie est très consciente de cela. Elle aimait particulièrement la fête de Pentecôte, parce qu’elle met en lumière l’action de l’Esprit. A l’une de ces fêtes, elle notait : « Que je savoure ces paroles : Le Bon Dieu travaille en nous. Il n’est pas besoin de Le voir, de Le sentir. Heureusement, car je suis toujours, et de plus en plus, une pauvre bûche ; je demande à Jésus d’y mettre le feu et à l’Esprit d’Amour de l’activer. »
2. La vie consacrée :
1° un don d’une vie sainte
La purification, la sainteté est l’œuvre de l’Eglise toute entière, appelée aussi « Sacrement universel du salut ». (Vatican II, Lumen Gentium, n°48) Le Concile ajoute que l’Eglise est « un moyen d’opérer l’union intime avec Dieu ». (Vatican II, ibidem, n°1)
- Léonie est aidée sur le chemin du salut par cette église domestique qu’est sa famille. Au cours de sa vie religieuse, elle sera encore beaucoup aidée par sa sœur Marie. Elle se sent, par sa famille, comme une obligation de sainteté et la met à contribution pour réaliser ce but. « Noblesse oblige », disait-elle.
2° un appel irrécusable
Cet appel à la sainteté est si fort qu’il ne semble pas possible à Léonie de s’y dérober, sous peine de gâcher sa vie.
- C’est pourquoi Léonie frappe toujours à la porte des couvents. Cette détermination qui vainc les obstacles devait beaucoup plaire au Seigneur. Comme le dit S. Benoît : « [Elle] répondait par [ses] œuvres à Ses saintes leçons, (celles du Seigneur, s’entend). » (S. Benoît, Règle, Prologue, verset 35)
3° un travail
En même temps, il ne suffit pas d’être consacré, il faut en faire les actes. Saint Benoît le dit avec humour : « Ne pas vouloir être appelé saint avant de l’être, mais le devenir d’abord, alors on le sera appelé avec plus de vérité. » (S. Benoît, Règle, Chap. 4, 62)
- Léonie, alors au milieu de sa vie religieuse, reçoit encore une grâce, l’odeur pénétrante de roses, pour travailler à être plus fervente encore : « Depuis je me sens plus fervente. Le petit rien [Léonie] voudrait devenir saint lui aussi. Hélas ! quelquefois il se révolte ; il a de la peine à pratiquer la petitesse. »
4° un travail caché
Ce travail intérieur, il se peut que nul ne le voie… pendant des années ou même toute une vie. C’est une si rude tâche de se corriger. Et les autres sont là pour vous dire qu’il ne suffit pas de bonnes paroles, mais d’actes. Le consacré apprend à se taire et à travailler sur lui-même : « J’ai résolu de surveiller toutes mes voies… je me suis abstenu de parler même de choses bonnes. » (Ps. 38,2-3, S. Benoît, Règle, chap.6, 1)
- Léonie, nommée à l’économat de sa maison, fait part à sa sœur Agnès de Jésus de ses efforts dans son emploi : « J’ai été nommée aide à l’économat. […] C’est tout à fait mon affaire de mettre de l’ordre ici et là, par toute la maison […] Que de renoncements, que de pratiques, connus de Jésus seul ! Que d’âmes je peux sauver par ces petits riens qui sont mon humble moisson, toute petite comme moi ! Oh ! les âmes de prêtres surtout ! Elles ont tout mon attrait. »
- Par ces humbles pratiques, elle veut s’effacer : « Ce que je rêve, écrit Léonie, c’est de m’effacer de plus en plus. »
5° un travail quotidien
Ce travail est un travail obscur, à mener quotidiennement, dans une très grande persévérance, jusqu’au dernier souffle. La persévérance est une qualité monastique : « Persévérant jusqu’à la mort dans Sa doctrine au sein du monastère […] nous mériterons d’avoir part à Son Royaume » (S. Benoît, Règle, Prologue, verset 50)
Conclusion : la sainteté…
… le fait des consacrés
Ce dur labeur de la sainteté, bien sûr, n’est pas le seul fait des « consacrés ». Les parents de Léonie, Louis et Zélie, sont aussi dans ce « travail », priant et jeûnant ensemble, éduquant une famille de 9 enfants dont 4 meurent en bas-âge, travaillant tous les deux. Zélie écrira : « Je veux devenir une sainte, ce ne sera pas facile. Il y a un bûcher et le bois est dur comme une pierre. Il eût mieux valu m’y prendre plutôt, pendant que c’était moins difficile, mais enfin “mieux vaut tard que jamais“. »
…un appel universel
Chacun entend, s’il est attentif, des appels à la sainteté aux différents moments de sa vie : qui dans un service, qui dans un travail, qui dans une maladie acceptée, qui dans le mariage, qui dans le veuvage. L’appel à la sainteté est multiforme, mais il est irrévocable. Nous ne pouvons nous y dérober : « N’oublions pas que le Christ Jésus veut la sainteté de son corps mystique », dit Dom Marmion. (Le Christ dans Ses mystères, éd. Maredsous, 1947, p. 18) Le propos du Christ n’a été que celui-là : « Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour Elle afin de La rendre sainte. » (Ep. 5, 25)
Prions : « Seigneur, donne-moi d’être un “vrai“ Chrétien, “tout à fait bon“ et “saint“, comme ma consécration baptismale m’y appelle. Amen. »
Oraison jaculatoire : « Me voici, Seigneur, pour faite Ta volonté ! »
Question : Quels ont été les appels de Dieu cette semaine à plus de sainteté dans votre vie ?
Suggestion : Demander la grâce de la sainteté.
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