Quel est le problème de l’Église?

Titre original : Divine Rénovation 2- Quel est le problème?

Résumé : Quel est le problème de l’Église? L’Église vit une crise profonde d’identité qui fait en sorte qu’elle a oublié sa raison d’être : la mission de faire des disciples.

Quel est le problème de l’Église? Quand les parties de cartes supplantent les rencontres d’évangélisation

« Pas besoin de nous parler de Jésus, nous, ce que l’on veut, c’est jouer aux cartes ». À ces mots, elle tapa du poing sur la table, le silence s’installa et tous furent bouche bée et ceux qui s’apprêtaient à jouer leur carte se figèrent dans leur mouvement. Mais en plus d’avoir l’air choqué, leurs visages semblaient reconnaissants d’avoir exprimé ce qu’eux-mêmes voulaient dire. C’est le père James Mallon, fondateur du mouvement « Divine Rénovation » qui nous raconte un fait qui est très proche de notre réalité. Il explique que lorsqu’il est devenu curé de paroisse dans le diocèse de Halifax, il voulait tenir des soirées d’évangélisation, comme des parcours Alpha. Mais il a dû se buter aux joueurs de cartes qui occupaient déjà les locaux que la paroisse leur offrait gracieusement depuis des années. Il était lui-même encouragé par les fruits que portait Alpha : parcours de dix rencontres regroupant des croyants, des non-croyants autour de la même table partageant sur un même thème comme l’existence de Dieu, la vie de Jésus, la prière, etc… Grâce à ces parcours, des vies étaient transformées. Mais d’un autre côté, beaucoup d’associations voulaient utiliser les locaux de la paroisse au nom d’un droit acquis depuis Mathusalem et résistaient à céder leur place. Dès lors, le père James s’est posé la question : comment expliquer qu’il soit si difficile de parler de Jésus dans sa propre paroisse? Comment en est-on arrivé là? Quel est le problème de l’Église?

Quel est le problème de l’Église? L’Église vit une crise profonde d’identité

Dans son livre : Manuel de survie pour les paroisses, le père James Mallon donne cette réponse qui me semble mettre le doigt sur le bobo : notre Église souffre d’une crise d’identité. En dessous de la crise des vocations, la crise du mariage, la crise financière, la crise de la foi, la crise des abus sexuels. Il y a une crise plus profonde. Il dit ceci : « J’affirme que notre plus grande crise est une crise d’identité et que les autres crises ne sont que les symptômes d’une grande crise. Nous avons oublié qui nous sommes et ce que nous sommes appelés à faire en tant qu’Église. Et quand on lit les Écritures, on réalise que ce n’est pas la première fois. Ni dans l’histoire de l’Église ni dans l’histoire du peuple d’Israël. Vous vous rappelez quand Jésus a chassé les vendeurs du Temple, il mettait le doigt sur le bobo. Le Temple n’est pas destiné au commerce mais à la rencontre avec le Dieu vivant. Non seulement pour le peuple d’Israël mais pour toutes les nations. Quand Jésus pose ce geste, il fait référence à une parole du prophète Isaïe : « Ma maison sera une maison de prière pour tous les peuples ». Ce grand dérangement que Jésus provoque n’est pas un accès de colère soudain. Mais un geste fort et prophétique pour rappeler à Israël son identité profonde à être lumière des nations. L’histoire biblique nous montre qu’Israël s’est allègrement replié sur lui-même en s’installant confortablement dans le statu quo, la dévotion, le rituel en célébrant sa propre élection et le plus souvent à l’exclusion des autres peuples.

Quel est le problème de l’Église? Les Papes nous appellent tous à relever le défi de la mission

La crise actuelle de l’Église n’est pas bien différente de celle que traversait Israël au temps de Jésus. On dit que ce n’est pas l’Église qui a une mission mais plutôt que c’est la mission de Jésus Christ qui a une Église. Mais nous, nous avons si bien oublié notre appel essentiel à être missionnaires que nous nous sommes contentés de nous entretenir et de nous servir. Au cours des 50 dernières années passées, les Papes et les théologiens ont fréquemment insisté sur le fait que l’Église existe pour la mission. Mais la plupart des catholiques voient la mission comme quelque chose que seul un petit groupe d’élus mènent sur des terres lointaines. Et beaucoup de paroisses paralysées par une culture d’entretien ne s’attache au mieux qu’à répondre aux besoins des paroissiens. Comme Israël, nous sommes devenus les voleurs du peuple vers lequel Dieu nous a demandé d’aller pour que son salut parvienne aux extrémités de la terre.

Notre mission en tant qu’Église est de « faire des disciples »

Pour moi, cette crise d’identité explique un grand nombre de malaises que j’ai rencontré dans mon ministère de prêtre. Je vous ai raconté dans la capsule précédente ce que j’ai vécu lors de mon premier baptême en paroisse. Bien aussi, j’ai déjà vu dans mon ministère des personnes rencontrer Jésus dont la vie a été transformée par Lui. C’est tellement beau! C’est tellement fort! La joie que ces rencontres donne est si grande que les mots me manquent pour en parler. Quelle est donc l’identité de l’Église? Le père James continue : « il faut regarder les derniers versets de l’évangile selon saint Matthieu le passage connu de l’envoi en mission. Les disciples hésitants reçoivent l’ordre : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé ». Mallon explique que parmi les verbes d’action en grec : allez, faites, baptisez, enseignez, un seul est conjugué, les trois autres sont des participes. Le seul verbe fini et conjugué et aussi le pôle théologique de la phrase c’est le verbe « faire ». Littéralement, faire des disciples. Cette mission est le cœur même de l’envoi en mission. Et c’est autour d’elle que les autres aspects missionnaires de l’Église s’articulent : allez, baptisez, enseignez. Donc, quelle est l’identité première de l’Église? Est-ce que c’est faire des funérailles? Faire des mariages? Faire la catéchèse aux enfants? Faire des baptêmes? De louer des locaux pour des clubs de cartes, des soirées dansantes et des bingos? Non! L’identité première de l’Église, ce que Jésus attend de nous, c’est de faire des disciples. Et qu’est-ce qu’un disciple? C’est une personne qui a fait la rencontre personnelle avec Jésus qui lui parle et qui parle de lui. C’est une personne qui suit Jésus et qui peut dire aux autres ce que Jésus a fait dans sa vie. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’être catholique ou juste croyant ou pratiquant. Il s’agit d’être disciple et de faire des disciples comme dans l’évangile. Et je le crois du plus profond de mon cœur, il ne s’agit pas d’être prosélyte ou de recruter à tout prix. Il s’agit de partager notre plus grand trésor susceptible de sauver des vies. Et quand j’y pense, il s’agit là de fécondité. Je pense que nous sommes tous fatigués de la stérilité. Nos propositions ne donnent rien. Justement, c’est ce que Jésus dit dans l’évangile : « ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruits, que vous soyez pour moi des disciples ». Pour moi, cela fait aucun doute, le commandement missionnaire de Jésus : « faites des disciples » est en mesure de réveiller notre identité profonde et notre désir profond de fécondité.

SOURCE : ECDQ.TV

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