« J’ai écrit ton nom dans le sable… »

Homélie 5° Dimanche de Carême B 2024

Résumé : « J’ai écrit ton nom dans le sable… » Dieu a inscrit notre nom dans son Cœur pour l’éternité et il voudrait que son Nom soit aussi gravé dans notre cœur pour toujours.

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« J’ai écrit ton nom dans le sable
mais la vague l’a effacé,
j’ai gravé ton nom sur un arbre,
mais l’écorce est tombée,
j’ai incrusté ton nom dans le marbre
mais la pierre a cassé,
j’ai enfoui ton nom dans mon cœur
et le temps l’a gardé. »

Ce très beau poème d’un auteur inconnu que vous connaissez sans doute me semble peut-être avoir été inspiré par le prophète Jérémie que nous avons entendu dans la 1° lecture : « Voici venir des jours, déclare le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une Alliance nouvelle. (…) Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai dans leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. »

« J’ai écrit ton nom dans le sable… » : Dieu a inscrit notre nom dans son Cœur pour l’éternité

Dieu a inscrit notre nom dans son Cœur pour l’éternité et il voudrait que son Nom soit aussi gravé dans notre cœur pour toujours. C’est l’Alliance d’Amour Eternel qu’il veut établir avec chacun de nous. C’est aussi la conversion à laquelle nous sommes invités à vivre spécialement durant le carême. Car notre cœur, on ne le sait que trop, est inconstant, instable et faible. La conversion que nous devons réaliser n’est pas simplement un changement de comportement. Il s’agit véritablement d’acquérir un cœur nouveau, un cœur aux dimensions de Dieu. Donc, la conversion du cœur est comme une transplantation cardiaque : nous devons donner notre cœur malade au Seigneur et en retour recevoir et vivre avec le Cœur de Dieu afin que nous puissions désirer ce que Dieu désire : l’Amour. Et pas n’importe quel amour. L’Amour même de Dieu : un amour éternel que rien ne pourra dépasser, que rien ne pourra détruire : ni le temps, ni le péché des hommes, ni leur inconstance, ni même leur folie.

On peut alors se demander comment se réalise cette opération du coeur ? Cette « transplantation cardiaque » s’effectue de manière mystérieuse puisque c’est Dieu lui-même qui la réalise. L’épitre aux Hébreux (2° lecture) disait : « Le Christ, pendant les jours de sa vie mortelle, a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort ; et, parce qu’il s’est soumis en tout, il a été exaucé. Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion ; et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel. »

« J’ai écrit ton nom dans le sable… » : « Si le grain tombé en terre ne meurt pas »

Vous le savez, les choses profondes et importantes de la vie humaine nous sont souvent apprises davantage dans les moments de souffrance que par de longues études intellectuelles. Pour comprendre cela, il ne faut pas être doloristes ou masochistes.  Jésus, dans l’évangile va nous aider à mieux le comprendre : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. » Jésus est ce grain de blé tombé en terre qui donne sa vie par Amour sur la Croix afin que nous ayons la Vie Éternelle, la Vie de Dieu, l’Amour qui ne passe pas. Encore faut-il que nous nous tournions vers Lui afin de recevoir son Cœur d’Amour. C’est la raison pour laquelle Jésus dit : « et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

Nous sommes tous ardemment invités par Dieu Lui-même à tourner notre regard de foi vers Jésus crucifié et à nous unir à Lui d’un seul cœur. Là, sur la Croix, le côté de Jésus a été ouvert afin que chacun de nous puisse recevoir le Cœur de Jésus et ainsi, être capable d’aimer comme Lui i.e. en donnant notre vie pour les autres. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour les autres ».

Certains pourraient se dire : ‘Cela c’est très beau ! Mais comment pouvons-nous aimer à la manière de Jésus concrètement en donnant notre vie pour les autres ?’ L’Amour qui donne la Vie Eternelle passe nécessairement par une mort à soi-même. Nous pouvons vivre cet amour qui donne la Vie Eternelle principalement de trois façons bien concrètes :

Premièrement, l’Amour implique un véritable dialogue où il y a une véritable écoute de l’autre et une disposition à m’adapter à l’autre afin d’assurer la communication et l’union avec la personne aimée. Avons-nous un véritable dialogue avec les personnes que nous aimons ? Si dans le dialogue, je veux toujours avoir raison, si je n’écoute que moi-même, si je suis incapable de mettre de l’eau dans mon vin, alors il n’y a pas de vrai dialogue. Je reste seul avec moi-même, enfermé en moi-même. C’est le début de l’enfer ! Je refuse de mourir à moi-même. Alors, l’amour n’est pas possible. Mon monologue fait mourir l’amour.

Deuxièmement, l’amour implique aussi le partage avec les autres. Si je ne veux rien partager avec les autres, je reste seul. Le partage de mon temps, de mes biens et de mes richesses personnelles implique une privation, une mort à moi-même. Si je donne seulement de mon superflu, le miracle de l’amour qui donne la vie ne pourra pas se produire. Il est donc nécessaire que je donne réellement de moi-même pour que naisse la Joie de Dieu en moi et dans les autres.

Troisièmement, l’amour qui donne la Vie Eternelle implique le service gratuit aux autres. Jésus lui-même nous le dit dans l’évangile : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. » En effet, si je ne me mets pas au service des autres, je reste seul avec moi-même. Le service aux autres suppose le renoncement à moi-même. Par les efforts, la fatigue et l’énergie que je déploie pour les autres, je me détache de moi-même. Je donne ma vie pour que les autres vivent. Voilà l’Amour qui fait vivre en Vie Eternelle ! De plus, le service aux autres me permet de vérifier si je suis capable de gratuité en me donnant pour le bien des autres.

Donc, nous sommes tous invités à nous mettre à l’école du Christ crucifié par le dialogue, le partage et le service afin d’apprendre à aimer comme Lui et ainsi, à rendre Gloire à Dieu i.e. afin que tous les hommes puissent entrer dans la Vie Éternelle.

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A propos Gérald Lajeunesse 335 Articles
Le père Gérald Lajeunesse est prêtre et membre de la Congrégation des Oblats de la Vierge Marie (omv). Il est curé de la paroisse St Enfant-Jésus de la Pointe-aux-Tremble, à Montréal.

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