Ce troisième défi s’inscrit de manière cohérente en relation étroite avec les deux défis précédents. La formation des leaders intègre à la fois le défi relationnel et celui de la vision néotestamentaire du petit groupe évangélisateur. Le leader de cellule est un témoin de l’importance du caractère interpersonnel de l’évangélisation de l’oïkos et de la vie fraternelle et ecclésiale de la cellule. Il est le coeur de la cellule. Il incarne en lui la vision de la cellule en croissance appelée à se multiplier. Pour exploiter à fond la métaphore biologique, il est l’ADN sans lequel il est impossible pour la cellule de se nourrir et de se développer. C’est pourquoi nous disons de plus en plus que ce n’est pas tant la cellule qui se multiplie que son leader. Ainsi, la formation du leader intègre, non seulement les deux défis précédents, mais se révèle être aussi le défi le plus grand et le plus exigeant. La fécondité du SCPÉ dépendra particulièrement de la capacité de former des leaders capables d’en former d’autres. L’affirmation de Paul, dans 2 Tm 2, 2, devient pour le SCPÉ une référence essentielle pour présenter cette vision de multiplication. L’apôtre écrit à son fils spirituel, Timothée: “Ce que tu as appris de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui seront eux-mêmes capables de l’enseigner encore à d’autres.” (2 Tm 2, 2). Le mandat missionnaire de Jésus ressuscité dans Mt 28, 20 (“Formez des disciples…” trad. litt.) ne peut être compris que dans cette perspective multiplicatrice: un disciple bien formé devra tôt ou tard entendre et comprendre cette parole de Jésus qui l’invite à former lui-même d’autres disciples. Le test ultime de l’évangélisation, de l’expérience cellulaire et de la responsabilité des leaders se trouve dans les deux questions suivantes: “combien de disciples ai-je formés jusqu’à maintenant?”, “combien ai-je formé de disciples capables d’en former d’autres?” Ces deux questions devraient être posées à tous les baptisés et pasteurs au sein de l’Église.
Cette vision de la formation démultiplicatrice est bien présente dans le Manuel de Base (MB), mais peu développée du point de vue des outils pédagogiques et des méthodologies de formation, d’accompagnement et de soutien auprès des leaders. Les pasteurs doivent donc se consacrer à cette tâche inédite, à ce chantier nouveau et immense de la formation des leaders. On ne saurait trop insister sur le caractère émergent de cette vision de multiplication des leaders. Cette nouvelle réalité nous pousse à développer des instruments pédagogiques qui s’insèrent dans ce nouveau style de vie pastorale proposé par le SCPÉ. La formation ne doit pas être conçue uniquement du point de vue académique ou dans la perspective d’acquérir de nouvelles habiletés. Le MB répond très bien à ces attentes. Mais nous insistons pour dire que la formation doit aussi se situer dans le dynamisme relationnel de l’accompagnement interpersonnel. Renoncer au caractère relationnel dans la formation des leaders ou le considérer comme un élément secondaire, c’est contredire la vision même du SCPÉ. Un leader sera fécond et exemplaire au sein de la cellule dans la mesure où il est lui-même soutenu par une autre personne qui l’accompagne dans le contexte concret de son expérience fraternelle et ecclésiale de la vie en cellule.
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