Être bon serviteur de Dieu: début de la vie éternelle

bon serviteur

Résumé: Être bon serviteur de Dieu: début de la vie éternelle. Marcel Van en est un très bon exemple.

Le très bon exemple de Marcel Van

Marcel Van ou Marcel Nguyễn Tân Văn, né le 15 mars 1928 à Ngăm Giáo, Bắc Ninh (Viêt Nam), décédé le 10 juillet 1959 à Yên Bình, est un religieux rédemptoriste vietnamien. Baptisé le lendemain de sa naissance sous le patronage de saint Joachim, il manifeste, durant son enfance, un caractère joyeux et espiègle. À l’âge de 3 ans déjà, il exprime souvent le désir de devenir saint.  Souhaitant devenir prêtre, il suit très tôt une scolarisation chez un curé où il souffre de la faim et de mauvais traitements.

En décembre 1941, accepté au petit séminaire de Lan Song, tenu par les Dominicains, il découvre, durant l’été 1942, lHistoire d’une âme de S. Thérèse de Lisieux.  Peu de temps après, elle lui apparaît. Il va alors s’entretenir régulièrement avec elle. Elle lui enseigne sa petite voie. Son poème « Je suis un petit rédempteur » souligne assez l’influence de celle qui l’a institué « son petit secrétaire » :

« Oui, je suis un petit Rédempteur ! Ma vie ressemble à  celle de Jésus autrefois. Je suis tout entier au soin du ménage, comme l’a fait Jésus Enfant, à Nazareth. Je suis un petit Rédempteur ! Toute ma vie, je devrai rester caché, sans pouvoir aller au loin prêcher l’Evangile, me contentant d’être au service des apôtres de Jésus. Je suis un petit Rédempteur, me tenant tous les jours près de Marie, pour travailler sans relâche, souffrir et prier beaucoup pour le salut de l’humanité. A l’exemple de Jésus à Nazareth, s’appliquant tout le jour à d’humbles travaux, je passe, moi aussi, tout le jour à frotter et à balayer, à planter des légumes, à faire de la couture. Dans la cuisine, j’ai à peler les pommes de terre, cuire les aliments, faire du pain de blé, préparer le riz ou encore laver la vaisselle. Oh ! Quel bonheur je trouve au milieu de ces occupations ; C’est comme s’il m’était donné de prêcher aux gens, de leur venir en aide. Bien que très occupé à ces travaux manuels, jamais je n’oublie d’y joindre la prière. Bien au contraire, toutes mes fatigues, je les offre à Dieu comme une ardente supplication. »

Le séminaire des Dominicains ayant été réquisitionné par l’armée japonaise, Van est reçu en juin 1944 au couvent des Rédemptoristes de Hanoï. Il y arrive le 16 juillet, mais on le renvoie presque aussi vite, estimant qu’il n’a que 12 ans à cause de sa petite taille, alors qu’il en a 16 ! Pourtant, grâce à sa persévérance, trois mois plus tard, il est admis en communauté, et entre au noviciat le 17 octobre. Il y reçoit le nom de Marcel. C’est à cette période que vont commencer ses dialogues avec Jésus, le 14 novembre 1945.

En juillet 1954, après les accords de Genève, le Viêt Nam est coupé en deux. Alors que de nombreux Chrétiens fuient le Nord pour se réfugier au Viêt Nam Sud, Marcel Van, qui est au Sud, demande à retourner au Nord devenu communiste. Il est arrêté le 7 mai 1955, jugé et condamné à 15 ans de travaux forcés. Il meurt d’épuisement et de maladie le 10 juillet 1959 à l’âge de 31 ans, ayant prophétisé 10 ans avant qu’il mourrait d’amour : « Qui peut connaître la force de l’amour, qui peut en connaître la douceur… Viendra un jour où je mourrai, mais je mourrai consumé par l’amour. »

L’exemple de la femme parfaite dans le Livre des Proverbes

De même que Van ne récuse rien d’une vie qu’il aurait voulue autre, la femme parfaite, dont le livre des Proverbes fait l’éloge, accepte volontiers sa vie ordinaire : « Elle travaille d’une main allègre. […] Elle met la main à la quenouille, ses doigts prennent le fuseau. » (Pr. 31, 13.19)

Être bon serviteur de Dieu: début de la vie éternelle… selon l’exhortation de saint Paul

De la même façon, S. Paul urge les Thessaloniciens à ne pas se laisser surprendre par le sommeil lors de la venue du Seigneur, mais de rester « vigilants » et « sobres ». (1 Thess. 5, 6) Il se peut, en effet, que celui à qui le Seigneur a confié la mission la plus modeste, la plus à sa portée, devienne un « serviteur bon à rien », si exécrable qu’il connaîtra même la peine éternelle. (Mt. 25, 30) Comment cela est-il possible ? C’est la question de ce jour.

1. Les serviteurs jugent différemment une même tâche…

Le mauvais serviteur, n’a rien fait. Il a été paralysé par la crainte de son maître.  Cette peur vient des pensées qu’il a entretenues et dont il rend compte à son maître !

  • Son maître est dur. Son maître est dur : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur. »
  • Son maître moissonne là où il n’a pas semé : « Tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. »
  • Il rendra à son maître son pécule, de telle sorte que son maître n’aura pas de reproches à lui faire !

Ce pauvre serviteur a sucé de mauvaises pensées, comme le dit S. Païssios à une moniale : « Efforce-toi de ne pas sucer ces pensées qui sont à l’extérieur tout sucre et tout miel, mais à l’intérieur remplies de poison, prends garde à ne pas désespérer ensuite ! »[1] Sa stratégie (et sa pensée) est complètement stupide : Comment un maître dur allait-il accepter que son bien soit resté en friche !

A l’inverse, les bons serviteurs ne se sont pas souciés de juger le maître et encore moins ses dispositions. Ils se sont mis au travail « aussitôt ». (Mt. 25, 14) Le résultat est magnifique :

  • Ils vont de l’avant. « Celui qui obéit va de l’avant et progresse. » [2]
  • Ils reçoivent manifestement une grâce pour agir avec fruit. « Si [une personne] obéissait à autrui, tout en sachant que celui-ci se trompe, il recevrait la Grâce, et même en abondance, car il aurait fait preuve d’humilité. » [3]
  • Ils voient les choses du bon côté. « Lorsqu’une personne n’agit pas avec simplicité, sa pensée se tourne vers le mal et elle voit tout de travers. » [4]

Être bon serviteur de Dieu: début de la vie éternelle.

Nos pensées, nos actions ont un résultat. C’est ce que dit Jésus à Alice Lentchevska qui a écrit ses dialogues avec le Christ. Le Christ lui dit que :

  • Notre quotidien nous mène vers Dieu ou vers Satan: « Les petites choses, les actions apparemment sans importance, mènent toujours plus profondément vers l’un ou l’autre côté : du côté de Dieu ou du côté de Satan qui, comme une araignée envers sa proie, ligote toujours plus étroitement avec des fils d’hypocrisie et d’aveuglement ceux qui Me sont fidèles dans leur quotidien. » Le résultat est magnifique pour les bons serviteurs, dramatique pour le mauvais serviteur.
  • Notre quotidien est une grâce à laquelle il faut prêter grande attention. « Chaque seconde de ta vie est un don de Ma grâce. Garde donc bien cet instant et ton cœur pour que rien ne soit gaspillé sur le chemin vers la Maison du Père. »
  • Notre quotidien est fait pour développer la vie de l’âme. « Quelle est la signification de la vieillesse ? » demande Alice à Jésus. Jésus lui répond : « Quand les occasions de l’activité extérieure se tarissent, ainsi que l’habileté du corps, il faut développer l’activité de l’âme dans l’amour et l’offrande, à partir des réflexions du cœur et de l’intelligence, et s’unir encore plus à Moi et à Ma Mère dans [une] offrande d’amour comme [un] enfant et [une] bien aimée. »
  • Marcel Van oriente sa vie dès sa jeunesse dans cette direction, avec enthousiasme et piété. Sa vie, pour lui, n’est pas ordinaire.

Conclusion : Être bon serviteur de Dieu: début de la vie éternelle.

… par une prise de conscience

« Je mène une vie sans grand relief », me disait un Américain il y a quelques années.  Il voulait dire par là qu’il avait le sentiment « d’exister », mais non pas de vivre. Il y a, effectivement, une différence entre « vivre » et « exister ».

  • Nous existons tous: nous sommes nés d’un père et d’une mère, nous mangeons, nous buvons, nous dormons
  • Mais nous ne vivons pas tous. Notre vie peut ne pas être « pleine » comme les Chrétiens de cette Eglise à qui l’Ange de l’Apocalypse écrit : « Non, je n’ai pas trouvé ta vie bien pleine aux yeux de mon Dieu. » (Ap.3, 2)

Cet Américain sentait que sa vie n’était pas une « vie vraiment vie », une vie éternelle déjà commencée, parce qu’on lui avait enseigné « que l’homme heureux doit mener une vie agréable », [5] Cela a été vrai un certain temps jusqu’à ce qu’il se réveille et souffre dans son âme. Cette vie là – la vie agréable – était trop étroite, « sans grand relief ». Sa pensée sur l’homme était trop étroite !

… par une pensée « évangélisée »

A l’inverse, Marcel Van, au milieu de ses casseroles, pense tout autrement. Il pense :

  • Qu’il est « un petit Rédempteur ».
  • Que sa vie « ressemble à celle de Jésus ».
  • Qu’il se tient « tous les jours auprès de Marie, pour travailler sans relâche, souffrir et prier beaucoup pour le salut de l’humanité ».

Du coup, sa vie prend un relief extraordinaire : Non seulement il meurt en martyr, mais son humble obéissance à écrire ce que Jésus lui dicte, lui vaut d’être lu dans le monde entier, d’être aimé par la France (qu’il haïssait), d’être fondateur de deux congrégations religieuses à titre posthume, l’une contemplative, l’autre apostolique. Il avait compris – par grâce sûrement – qu’il convenait de se soumettre  à « la main sage et puissante de Dieu » [6] afin d’avoir cette vie féconde dont il rêvait.

 

Prions : « Seigneur, nous Te remettons nos vies simples pour en faire des vies fécondes pour ce monde dont nous voulons, à l’exemple de Van, être les “petits rédempteurs“. Amen.

 

Oraison jaculatoire : « Que je sois Ta bonne odeur dans ce monde ! »

 

Question : Quelle genre de pensées avez-vous entretenu cette semaine ?

 

Suggestion : Offrir dès le matin une journée « de rédempteur » à Dieu.

 

[1] S. Païssios l’Athonite, Le combat spirituel, éd. Monastère S. Jean le Théologien,  2016, p. 66

[2] Ibid., p. 48

[3] Ibid., p.48

[4] Ibid., p. 23

[5] Aristote, Ethique à Nicomaque, 1170 a 10

[6] Dom Vital Lehodey, le Saint Abandon, 1ère partie, chapitre 1er

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A propos Geoffroy de Lestrange 75 Articles
Le père de Lestrange, curé dans le monde rural, a fait ses études supérieures aux États-Unis. Il y a découvert le Renouveau charismatique catholique ainsi que les églises évangéliques. Bénédictin, puis profès simple chez les frères de Saint-Jean, il a découvert par ces contacts divers, l'importance de la prière pour une nouvelle Pentecôte dans l'Église, souhaitée par tant de papes.

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