Résumé : Comment vivre le quotidien après avoir rencontré Jésus? Vivre le quotidien dans sa Présence même au milieu des échecs en me centrant sur lui.
Comment vivre le quotidien après avoir rencontré Jésus?
Nous terminons notre retraite de carême avec le chapitre 21 de l’évangile de saint Jean qui raconte cette ultime manifestation de Jésus sur le bord du lac de Galilée. Ce chapitre nous montre encore une fois l’originalité de l’évangile de Jean et l’unité des évangiles. Retour en Galilée : les apôtres sont en majorité originaires de Galilée. Ils retournent chez eux. Ils étaient montés à Jérusalem avec Jésus pour la fête de la Pâque comme tous les juifs. Ils retournent en Galilée sans Jésus. Ils ne retournent pas dans la vie qu’ils avaient avant car depuis trois ans, ils avaient tout quitté pour suivre Jésus. Ils s’en retournent auprès de leurs familles. Pourquoi? Pour faire quoi? Pour vivre comment? Est-ce que ces trois années vécues avec Jésus ont été simplement une parenthèse? Et voilà, cette parenthèse est passée, on retourne à la vie avant de connaître Jésus. Qu’est-ce que c’est que vivre notre vie ordinaire après avoir rencontré Jésus? On avait mis tous nos espoirs en Jésus. Mais Jésus est mort, il est ressuscité, il est vivant. Mais où est-il maintenant? Comment le rencontrer? Quel lien y a-t-il maintenant entre Lui et nous? Le récit commence par cette déclaration de Simon-Pierre : « Je m’en vais à la pêche. Et les disciples répondent : nous allons avec toi ». Tout le récit va nous faire découvrir : Comment vivre le quotidien après avoir rencontré Jésus? Voici quelques éléments de réflexion :
Comment vivre le quotidien après avoir rencontré Jésus? Conscient de sa présence
1°- « Il est là ». Le récit est parsemé d’expressions tellement simples qu’elles peuvent sembler anodine. On dit ceci : « Au levée du jour, Jésus se tenait sur le rivage mais les disciples ne savaient pas que c’était lui ». La vie chrétienne repose tout entière sur cette certitude de foi et cette affirmation qui est à la fois toute simple et fondamentale : « il est là ». Où? « Il est là ». Comment? « Il est là ». Qu’est-ce que cela change? « Il est là ». Affirmation de foi fondamentale sur laquelle repose notre vie chrétienne : « Il est là ».
Comment vivre le quotidien après avoir rencontré Jésus? Jésus nous est présent au cœur de nos échecs
2°- « Il est là spécialement dans nos échecs ». Et Jésus fait presque par exprès pour mettre le doigt dessus, pour mettre en évidence nos échecs. Des fois c’est un peu fâchant. Il dit : « Les enfants, auriez-vous de quoi à manger? » Cela peut être une question banale quand on rencontre des pêcheurs on dit : avez-vous du poisson? Mais en même temps, ce n’est pas une question banale. C’est une question qui peut être très importante ou fondamentale : avez-vous trouvé ce que vous cherchez? Vous êtes allés à la pêche pour trouver quelque chose avec un désir. Avez-vous trouvé ce que vous désirez? Et là, les apôtres vont donner une réponse très laconique : « Non ». Ce petit mot : « Non », ce n’est pas un mot qui apparaît souvent dans les évangiles. « Non, nous n’avons pas trouvé. Non, nos filets sont vides. Non, notre espoir n’a pas été comblé. Cette prise de conscience est super importante. Nous en avons déjà parlé quand on a abordé la spiritualité du désir. Reconnais que tu n’as pas trouvé ce que ton cœur désire. Reconnais qu’il y a un vide en toi. Peut-être que tu fais de belles choses en apparence. Mais reconnais que tu n’as pas trouvé ce que ton cœur désire.
Comment vivre le quotidien après avoir rencontré Jésus? En nous recentrant sur Jésus
3°- Jésus est la plénitude de ce qu’en théologie on appelle la grâce. « Alors, il leur dit : jetez le filet à droite et vous trouverez. Ils jetèrent le filet et cette fois, ils n’arrivaient pas à le tirer tellement il y avait de poissons ». Et là il va se passer quelque chose d’extraordinaire : immédiatement les regards se détournent des poissons et se tournent vers Jésus. Ils étaient allés à la pêche, ils espéraient prendre du poisson. Ils devraient être content d’avoir du poisson, mais tout de suite, ils oublient les poissons. Une seule chose compte : c’est le Seigneur. Le disciple bien-aimé va dire : « c’est le Seigneur ». Ce qui me comble, ce n’est pas le fait d’avoir pris 153 gros poissons. Ce qui me comble, c’est la prise de conscience de la présence du Seigneur : « C’est le Seigneur ». Dans le quotidien, dans l’échec, je n’avais pas encore pris conscience qu’il était là. Mais là, il se produit un événement qui retourne mon cœur et qui détourne mon cœur de cette recherche de poissons à laquelle je donne toute mon énergie parce que ce n’est pas vraiment cela que je cherche. Alors mon cœur se tourne vers Celui que mon cœur désire. Le seul qui peut combler mon unique désir, le désir d’être aimé et d’aimer. Alors, il va se passer un autre événement qui est un point tournant du récit :
Comment vivre le quotidien après avoir rencontré Jésus? En nous convertissant au jour le jour
4°- Le passage de l’ancienne Alliance à la nouvelle Alliance : retournement où on se détourne des poissons pour se tourner vers Jésus produit un autre retournement : « Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement car il n’avait rien sur lui et se jeta à l’eau ». Alors Pierre était tout nu pour la pêche, il passe un vêtement sur lui et il se jette à l’eau pour aller vers le Seigneur. Quand est-ce que l’on voit cela dans la Bible? C’est le passage d’Adam et Ève qui prennent conscience qu’ils sont nus et quand ils entendent que le Seigneur vient, ils passent un vêtement et ils vont se cacher. Ici, Pierre va faire le contraire : il met un vêtement sur lui mais il plonge à la rencontre du Seigneur. Pierre est passé du côté de l’Alliance nouvelle, du côté de la Miséricorde. Pierre a saisi l’essentiel de l’évangile qui vient transformer le cœur humain. Parce que le réflexe naturel quand on a fait un mauvais coup, c’est d’aller se cacher. Et je me cache même de Dieu. Intérieurement on dit : je reviendrai quand je serai meilleur. J’ai tellement vu de personnes qui même arrêtent de prier en disant : je ne suis pas digne de prier et ils vont se cacher du Seigneur et je reviendrai quand je serai plus parfait. Et quand on y réfléchit, c’est complètement stupide. Est-ce que c’est en s’éloignant du Seigneur qu’on va devenir meilleur? Bien non, c’est le contraire. « Pierre plonge et se rend sur le rivage à la rencontre de Jésus ». Et là, dans le dialogue avec Jésus, on revient au fondement de la vie chrétienne qui est celui de l’Amour. « Jésus dit : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? » Et là, Pierre donne cette réponse tellement belle et vraie : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ». Il ne dit pas : « Seigneur, tu vois bien que je t’aime ». C’est le contraire. Tout ce que j’ai fait n’est pas tellement un signe d’amour. Pas seulement le reniement. À chaque fois que Pierre apparaît dans l’évangile, ce n’est jamais glorieux : il marche sur l’eau mais il se met à couler. Il confesse que Jésus est le Fils de Dieu mais après il va dire les paroles du diable. Il sort son épée pour défendre Jésus à Gethsémanie et puis il s’enfuit. C’est pas fort, hein? « Seigneur tu sais tout. Tu sais bien que je t’aime ». Tu vois le fond de mon cœur. Et sincèrement, malgré les apparences, oui je t’aime. C’est important de revenir sans cesse là-dessus. Parce que Jésus nous pose la question et il nous faut être honnête, on ne se moque pas du Seigneur. Mais on répond à partir de notre cœur, à partir du désir sincère de notre cœur. Et non pas à partir de nos réalisations. Comme Pierre, on ne dit pas : « Seigneur, regarde ce que j’ai fait pour toi. Tu vois bien que je t’aime ». Mais, « Seigneur tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ».
Comment vivre le quotidien après avoir rencontré Jésus? Jésus renouvelle en nous son appel
Jésus prend le temps de préciser : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes? ». Il aurait pu dire : Pierre, toi le chef de l’Église, le roc sur lequel je fonde mon Église, est-ce que tu m’aimes? Non. « Simon, fils de Jean, ce que tu étais avant toute fonction, ce que tu étais avant même que je t’appelle, ce que tu es depuis que tu es sorti du ventre maternel est-ce que tu m’aimes? Et à toi aussi, Jésus pose la même question. Il te demande non pas à partir de la fonction que tu occupes, non pas à partir de tes réalisations. Toi, toi dans ce que tu portes de plus saint, de plus humble, de plus fondamental, de plus humain depuis toujours, est-ce que tu m’aimes? La réponse va amener ce qu’on va appeler : le second appel. Car dans nos vies, il y a le premier appel ou la première rencontre avec Jésus. Mais il y a plusieurs « second appel ». Jésus nous ré-appelle sans cesse. Ce second appel se produit exactement dans le même contexte que le premier appel. Vous vous souvenez dans l’évangile de Jean au chapitre 5 : il y a la pêche miraculeuse sur le bord du lac de Galilée et Pierre est estomaqué et Jésus lui dit : « Suis-moi ». Et ici dans le chapitre 21, on se retrouve dans le même contexte sur le bord du lac de Galilée, Pierre est estomaqué et Jésus va lui redire aussi : « Suis-moi ». Mais avec au moins trois différences :
3 différences entre le premier appel et le second appel
Première différence : Simon Pierre a derrière lui trois années de vie avec Jésus. Nous aussi, nous avons des années de vie avec Jésus. Et là, il se connaît mieux lui-même. Il a expérimenté lui-même à quel point il peut être faible. Et voilà que Jésus renouvelle son amour et son appel. Comme si Jésus n’avait pas vu cela. Comme s’il n’avait pas vu à quel point Pierre est un misérable, un lâche. « Suis-moi ».
Deuxième différence : Simon Pierre connaît mieux Jésus. La première fois c’était tout nouveau. Comme on dit : tout nouveau, tout beau. Jésus fait des miracles extraordinaires (pêche miraculeuse) wow! On va le suivre à la course. Maintenant Pierre qui est Jésus. Il sait que Jésus a les Paroles de la Vie Éternelle. Il sait que Jésus est le Fils du Dieu Vivant et le Sauveur du monde. Mais il sait aussi que cette mission passe nécessairement à travers la Passion et la Mort sur la Croix. Lorsque Jésus lui dit : « Suis-moi », Pierre sait ce que cela veut dire. Il sait où cela va le conduire.
Troisième différence : La mission est un peu différente. La première fois, Jésus avait dit : « Venez à ma suite et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Passer de pêcheurs de poissons à pêcheurs d’hommes, c’était un peu le même domaine. Mais là, il lui dit : « Sois le Pasteur de mes brebis ». Toi qui avais l’habitude d’être un pêcheur, tu vas devenir un pasteur et le pasteur de mes brebis. Tirer à l’eau pour ramener du poisson, c’est une chose. Accompagner un troupeau, être pasteur et prendre soin d’un troupeau, ce n’est pas tout à fait la même chose. Alors dorénavant, ce n’est plus toi qui décides où tu vas aller tirer ton filet. Tu vas te laisser guider par ton troupeau dont tu dois prendre soin. Tu vas marcher à leur rythme, tu vas être attentif à ces brebis que je te confie.
Nous sommes invités à répondre chaque jour au second appel
Le second appel, celui que nous pouvons entendre chaque jour. Un jour, nous avons dit oui à Jésus de le suivre dans un élan merveilleux. Maintenant, nous sommes appelés à renouveler notre oui. Maintenant que tu te connais mieux et entre autres, que tu connais ta misère. Maintenant que tu connais mieux Jésus et où il veut t’entraîner. Jésus te repose la question : est-ce que tu m’aimes? Et tu es invité à lui répondre sincèrement et vraisemblablement : oui, Seigneur tu sais que je t’aime. Et ton amour est plus mûr qu’il était autrefois, plus confiant même si tu te sens de plus en plus pauvre et fragile. Jésus te dit : « Suis-moi ».
Le chapitre 21 se termine en Galilée là où l’évangile avait commencé. En fait, ce n’est pas le dernier chapitre de l’évangile mais c’est le premier chapitre de la vie chrétienne ordinaire.
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