Résumé : « Si vous aviez de la foi grosse comme une graine de moutarde ». C’est notre confiance en Dieu qui nous sauve. Cette confiance est appelée à grandir grâce à la prière.
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« Les apôtres dirent au Seigneur : ‘Augmente en nous la foi’ ». Par cette prière, les apôtres demandent à Jésus d’augmenter leur confiance en Dieu. En fait, comme les apôtres, nous aussi nous avons besoin bien souvent que notre confiance en Dieu soit augmentée. Cela me fait penser à une histoire : « Un homme marche dans le bois en plein hiver dans l’obscurité et brouillard très épais si bien qu’il ne voyait pas au-delà de 2-3 pieds. Tout d’un coup, il glisse sur une plaque de glace et tombe dans un précipice. Il gesticule désespérément dans tous les sens et réussit enfin à s’agripper à une branche de sapin qui avait poussé sur la paroi rocheuse de la falaise. L’homme est peu croyant mais dans le désespoir de sa situation, il se risque à crier : « Dieu, si tu existes, viens à mon secours ! » Il entend alors une voix lui dire : « Je vais te sauver mais avant lâche la branche sur laquelle tu es suspendu ». L’homme alors répondit après un moment d’hésitation : « Y a-t-il quelqu’un d’autre là-haut ? » Et il n’a jamais osé lâcher la branche et il finit par s’évanouir d’épuisement. Le lendemain, un article du journal de la ville relatait qu’on avait fait la découverte d’un homme mort complètement gelé qui gisait sur une branche de sapin situées à 4 pieds du sol. »
« Si vous aviez de la foi grosse comme une graine de moutarde » : la foi est vivante et elle croît par la prière
Un autre exemple : un jour, une catéchète qui enseignait le catéchisme à des enfants de 6° année citait le passage de l’évangile d’aujourd’hui: « La foi, si vous en aviez gros comme un grain de moutarde vous diriez au grand arbre que voici : déracine-toi et va te planter dans la mer et il vous obéirait. » À propos de cette parole de Jésus, un des enfants lui demanda une question saugrenue : Madame, pourquoi Jésus n’a-t-il pas dit : « … comme un grain de sable au lieu d’une graine de moutarde ? ». La catéchète était un peu surprise par la question et ne savait pas quoi répondre. Et voilà qu’un autre élève leva la main et dit : « C’est parce que dans le grain de sable il n’y a pas de vie comme dans la graine de moutarde ». Voilà une réponse lumineuse ! Car la foi, c’est quelque chose de vivant et comme tous les vivants, elle peut croître, s’approfondir et se développer. Or, une des conditions afin que la foi grandisse et s’approfondisse, c’est de désirer que notre foi envahisse toutes les dimensions de notre vie quotidienne.
Un grand écrivain chrétien : Georges Bernanos écrivait dans son roman : Le journal d’un curé de campagne : « Cette expression de « perdre la foi » comme on perd sa bourse ou un trousseau de clés m’a toujours paru d’ailleurs un peu niaise. On ne perd pas la foi, elle cesse d’informer la vie, voilà tout. On ne croit plus parce qu’on ne désire plus croire. Vous ne désirez plus votre joie. »
« Si vous aviez de la foi grosse comme une graine de moutarde » : le défi de la foi est d’accepter la proximité de l’amitié avec Dieu
Il y a plusieurs années, alors que je faisais un pèlerinage avec un groupe de canadiens, une personne du groupe m’a dit une chose qui m’a beaucoup marqué. Elle me disait : « En fait, généralement, le problème n’est pas que les hommes ne croient pas en Dieu ou en son existence puisque la création est si belle, si grande et si merveilleuse qu’on ne peut penser sérieusement que tout cet univers qui nous dépasse totalement se soit fait par hasard. Mais ce que les hommes en général ne veulent pas accepter, c’est la proximité, la familiarité ou l’amitié que Dieu désire tisser avec nous. Et la raison d’un tel refus est bien simple : c’est parce qu’ils considèrent que s’ils acceptaient cette familiarité et cette amitié avec Dieu, toute leur vie devrait changer et se centrer sur Lui. »
En effet, souvent j’ai constaté moi-même quand je parlais avec des gens qui me disaient qu’ils n’avaient pas la foi, qu’au fond, ils avaient peur énormément de perdre leur liberté s’ils décidaient de s’abandonner dans la foi au Christ et à Dieu. C’est la raison pour laquelle il est très important d’avoir dans l’esprit et dans le cœur une bonne conception du Vrai Visage de Dieu tel que Jésus nous l’a enseigné dans l’évangile. En effet, Jésus nous présente Dieu comme un Bon Papa qui nous aime et qui, parce qu’il nous aime, veut nous libérer de nos peurs, de nos erreurs, de nous-mêmes et de tout ce qui nous empêche d’être vraiment libres et heureux.
Or, pour être authentique, notre foi en ce Dieu qui nous libère doit éviter deux pièges :
1- La tentation de la pensée magique : i.e. croire que Dieu me libèrera de mes problèmes sans que je n’aie à faire aucun effort. Selon la parabole du serviteur, Jésus nous montre que Dieu s’attend à ce que j’accomplisse fidèlement et consciencieusement le travail qu’il me donne à faire à chaque jour. Mais ce n’est pas tout. Il faut aussi éviter un autre piège
2- Le piège de l’orgueil et du marchandage. Par exemple, les pharisiens étaient persuadés qu’ils méritaient le Ciel par leurs bonnes œuvres. Leur relation avec Dieu était du type : donnant- donnant. Mais en fait, on ne peut prétendre avoir le contrôle sur Dieu et sur ses grâces. On ne peut pas dire à Dieu : « Voilà, j’ai fait fidèlement tout ce que tu m’as dit de faire maintenant, tu me dois la récompense éternelle. » La seule vraie attitude devant Dieu, c’est celle de l’humilité et de la gratuité : « Quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dîtes-vous : nous sommes des serviteurs quelconques ». C’est dans cette attitude de foi authentique que la Toute-Puissance de l’Amour de Dieu pourra nous libérer et nous émerveiller.
Demandons donc au Seigneur d’augmenter notre foi si bien que nous puissions nous laisser conduire et former par sa grâce afin que nous devenions de véritables serviteurs de Dieu par toute notre vie et qu’ainsi nous soyons sauvés par sa Bonté et sa Miséricorde infinies.