C’est principalement par la méditation des Saintes Lettres, des Pères de l’Église, grecs et latins, des grands théologiens de l’histoire chrétienne orthodoxe et catholique que j’ai croisé la profondeur de l’Amour de Dieu pour l’humanité. C’est donc par le message de l’Église, qui est l’éternité dans le temps, que je retrouve tous les jours le visage bien-aimé du Sauveur.
Le philosophe Jean Guitton, mort à Paris en 1999, presque centenaire, affirmait un jour que si on devait perdre les Saintes Lettres, il faudrait au moins sauver de la catastrophe l’épisode des disciples d’Emmaüs. C’est le texte évangélique qu’on lira lors de mon «endormission» dans l’espérance de la Résurrection. Pourquoi ce texte ? Parce que, selon Jean Guitton, il y a dans cette page d’Évangile, tout le condensé de l’Ancien et du Nouveau Testament. J’ai pu faire cette route d’Emmaüs en me rendant en Terre sainte.
Je me suis rendu au Mont Athos il y a quelques années. Endroit unique au monde, les moines m’ont appris une chose: la futilité des biens de ce monde. Il vaut mieux être que de sombrer dans l’avoir. Leur prière, le silence, l’immensité de la mer Égée, les monastères accrochés au flanc de la montagne, le recueillement, la méditation constante, ont fait qu’un tel lieu m’a définitivement ancré dans la foi en la divine Trinité.
La Terre sainte m’a donné aussi une visualisation des grands lieux où les mystère de notre foi s’enracinent: tombeau du Christ, lieu du baptême de Jésus, Mont Thabor, Mont des Béatitudes, Mont de l’Ascension, le lieu de la dernière Cène, ont fait que je ne lis plus les évangiles de la même manière.
En allant en Turquie, ancienne Asie mineure, où l’apôtre Paul fonda les principales premières églises de la chrétienté, je me suis enraciné davantage en visitant la Cappadoce. J’ai pu prier dans ces églises rupestres, descendre dans les profondeur de la terre, pour y visiter certaines églises souterraines. Je me suis particulièrement amouraché de la ville d’Éphèse, où selon la lettre aux Ephésiens, Marie aurait passé ses derniers jours, et où l’apôtre Jean a passé quelques années, avant d’aller écrire l’Apocalypse sur l’île de Patmos.
J’ai aussi roulé 70,000 km en auto dans toute l’Europe. Visitant surtout les abbayes, les grandes cathédrales, les musées et les lieux d’apparitions de la Vierge (Fatima, Lourdes, Médaille miraculeuse rue du Bac à Paris, La Salette, etc. Ces contacts visuels m’ont démontré que l’Europe chrétienne s’est bâtie depuis des siècles par des gens souvent incultes mais dont la foi s’élevait jusqu’au haut des clochers des cathédrales.
Le lieu où j’ai vu le mal profond du monde, et le désir de salut, a été à Auschwitz (Oświęcim), en Pologne où on retrouve les vestiges du plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich, à la fois camp de concentration et d’extermination. J’ai touché l’abîme de la tragédie humaine. Le travail du Malin. J’en suis revenu accroché encore davantage à la Croix du Christ.
Âgé de 77 ans, je continue à visiter l’humanité. Je lis beaucoup les Pères de l’Église (trop méconnus dans la catholicité); j’écris aussi. C’est une manière de véhiculer le mystère de notre Rédemption. Le Christ, je l’ai découvert en priant, en méditant, en lisant les grands auteurs chrétiens: Saint-Augustin, Saint-Thomas, sainte Thérèse d’Avila où j’ai vu sa chambre à coucher, Saint Jean-de-la Croix, Bernanos, Léon Bloy, et surtout mon ami Jean Guitton. J’ai eu le privilège de participer à ses funérailles à Paris en 1999.
Je n’ai donc pas une foi sentimentale (ce que je reproche à beaucoup de jeunes aujourd’hui), mais une foi enracinée dans la recherche, la contemplation, en unissant toujours foi et raison comme l’enseigne Jean-Paul 2, dans sa merveilleuse encyclique qui traite admirablement de ce sujet. Je donne aussi régulièrement des entretiens aux jeunes de 5e secondaire et aux personnes âgées et j’ai commencé à faire des funérailles. Je dois refuser des demandes.
Je pense que la foi est un don de Dieu. Tout comme l’espérance et la charité qui sont toutes les trois des vertus théologales. Mais, malheureusement, cette foi n’a pas été entretenue au Québec. L’enseignement s’est résumé à des enseignements moraux qui faisaient davantage peur qu’ils ne convertissaient. A la demande de groupes suffisamment nombreux, je me déplace pour donner certains enseignements. Le tout gratuitement.
Je trouve et je maintiens ma foi en la transmettant. C’est ainsi qu’on vécu les premiers témoins du Christ. C’est ainsi que doivent mourir les derniers.
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