Résumé : L’Église dans la vision de l’évangile de Jean. Saint Jean utilise différentes images de l’Église telles que : la Bergerie et la Vigne qui sont complémentaires aux images de Temple de l’Esprit et du Corps du Christ.
Des images de l’Église qui nuancent notre manière de voir l’Église
Je vais vous présenter un très beau thème : L’Église dans la vision de l’évangile de Jean. Ce thème apporte des nuances très importantes dans notre manière de voir l’Église en tant que communauté des croyants. Quand on pense à l’Église et quand on veut parler des fondements bibliques de l’Église, on ne pense pas spontanément à l’évangile de Jean. On peut penser à l’évangile de Matthieu qui est l’évangile qui parle le plus de l’Église. On l’appelle d’ailleurs l’évangile ecclésiastique. Mais on pense surtout aux lettres de Paul qui parlent beaucoup de l’Église et un peu la première lettre de Pierre. Alors, je vais partager ce thème en deux entretiens. Dans ce premier entretien, nous allons nous attarder dans l’évangile de Jean aux chapitres 10 et 15. Nous mettrons ces passages avec l’évangile de Matthieu chapitre 18, 20 et 21 des trois paraboles des ouvriers à la vigne. On va faire des liens avec la 1° lettre aux Corinthiens aux chapitres 12 et 13, aussi le chapitre 3. Un peu la lettre aux Éphésiens chapitre 4. Et finalement, la 1°lettre de Pierre chapitre 2.
Saint Paul donne les images du Corps du Christ et celle du Temple de Dieu
Quand on pense à l’Église, on pense spontanément à deux images : l’Église comme Corps du Christ et comme Temple de l’Esprit. Donc, l’Église comme Corps du Christ, c’est une image très connue qui nous vient principalement de Paul et qui nous enseigne beaucoup de choses qui sont très intéressantes. Le Christ est la Tête et nous sommes son corps. La relation entre le corps et la tête : dans le corps il y a plusieurs membres et chaque membre est important car nous avons besoin des uns et des autres. Le pied ne peut pas dire à la main : je n’ai pas besoin de toi ou l’oreille dire à l’orteil … Dans ce corps, il y a une diversité de fonctions et même diversité de ministères. Dans ce corps, il y a des articulations entre les divers ministères (surtout au chapitre 4 de la lettre aux Éphésiens). Il y a aussi une diversité de charismes. Ceci est l’image du « corps ».
L’Église dans la vision de l’évangile de Jean : L’image de la bergerie
Jean, lui, va utiliser une autre image pour parler de l’Église : l’image de la bergerie (chapitre 10 de saint Jean). Vous vous souvenez, je l’avais mentionné il y a quelques jours après qu’on ait parlé de la guérison de l’aveugle-né. J’avais dit au chapitre 9 dans lequel l’aveugle-né rencontre toute une série de difficultés après être devenu croyant. Et donc, pour persévérer, il a besoin de l’Église (chapitre 10) il y a une suite. Dans ce chapitre 10, Jean présente l’Église comme une bergerie. Paul va dire que le Christ est la Tête et nous sommes son corps. Jean va dire que le Christ est le Pasteur et nous sommes ses brebis. Ce sont les deux images pour parler du prêtre en tant que sacrement de l’Ordre. Dans la théologie classique, on dit que le prêtre est le signe du Christ Tête. En latin on dit qu’il agit : « in persona Christi capitis ». Dans une théologie plus pastorale, on va dire que le prêtre est le signe du Christ Pasteur. Vous voyez, l’image du corps est empruntée davantage à saint Paul tandis que celle du pasteur est empruntée à saint Jean. Il y a une complémentarité des images.
L’Église dans la vision de l’évangile de Jean : le bon Pasteur
Dans la bergerie, chaque brebis a une relation personnelle avec le pasteur qui les connaît par leur nom et les appelle par leur nom. Dans le corps, on pourrait dire cela aussi que chaque membre est dirigé par la tête. Mais dans la bergerie, il n’y a pas de diversité de ministères. Il n’y a pas de diversité de charismes. Tous sont absolument égaux. Le berger connaît chacune de ses brebis par son nom. Il a une relation personnelle avec chacune d’elles. Il n’y a pas toute une série de fonctions différentes ou de ministères différents. Paul est obligé de faire un long discours dans le chapitre 13 de la lettre aux Corinthiens (l’hymne à l’amour) pour dire : « Arrêtez de vous chicaner par rapport au charisme de l’un ou de l’autre car le charisme le plus important, c’est l’amour. Jean lui, nous dit : « Il y a un seul charisme, c’est l’amour. Tout le reste est sans importance. Il y a un seul charisme, c’est l’Amour ».
Dans l’évangile de Matthieu au chapitre 18 qui est entièrement consacré à parler de la communauté de l’Église, au centre de ce chapitre, il y a quelques versets qui nous parle de la bergerie qui nous disent que le bon berger laisse les 99 brebis pour aller à la recherche de la brebis égarée. Il y a un lien entre la bergerie et l’Église mais ce n’est pas du tout l’accent que veut donner Matthieu mais on va y revenir.
L’Église comme Temple de l’Esprit
L’Église comme Temple de l’Esprit ou comme édifice, on trouve cette image en plusieurs endroits, entre autres dans la 1° lettre aux Corinthiens, chapitre 3 où Paul dit : « Nous sommes des collaborateurs de Dieu et vous, vous êtes une maison que Dieu construit. Selon la grâce que Dieu m’a donnée, moi comme un bon architecte, j’ai posé la pierre de fondation et un autre construit dessus. Mais que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction, la pierre de fondation, personne ne peut en mettre une autre que celle qui s’y trouve : Jésus Christ ». C’est très beau comme image, mais avouez que présenter le Christ comme pierre de fondation, cela ne fait pas très chaleureux. Et on va trouver la même chose dans la 1° lettre de Pierre qui dit : « Vous aussi comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle. En effet, il est dit dans l’Écriture, je vais poser en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie précieuse. Ainsi donc, honneur à vous les croyants. Mais pour ceux qui refusent de croire il est écrit : « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, une pierre d’achoppement, un rocher sur lequel on trébuche ». C’est une image qui est très belle mais encore une fois, c’est un peu froid. Moi je n’ai pas une relation très chaleureuse avec la pierre d’angle de l’église de Sainte-Mélanie. Je n’irai pas la serrée dans mes bras. Et encore moins avec un roc sur lequel on trébuche. Il nous faut le complément de saint Jean qui nous dit que le Christ est le bon Pasteur, il connaît chacune de ses brebis. Il donne sa vie pour elles. Il en prend soin. Elles sont libres d’entrer et de sortir. Il les serre sur son cœur. Etc…
L’Église dans la vision de l’évangile de Jean : l’Église comme Vigne
L’Église comme Vigne. Jean utilise une autre belle image, celle de la vigne au chapitre 15 : « Je suis la Vigne, vous êtes les sarments et mon Père est le vigneron ». La vigne est une image traditionnelle dans la Bible pour parler du Peuple de Dieu. Matthieu dans les chapitres 20 et 21 de son évangile rapporte trois paraboles de Jésus qui concernent la vigne. Et dans les trois paraboles, qui sommes-nous dans l’histoire? Nous sommes les ouvriers à la vigne. Lorsque Jean parle de la vigne, nous ne sommes pas des ouvriers de la vigne, nous sommes les sarments. Et Jésus est le cep à travers lequel nous recevons la vie. Alors, qui est l’ouvrier dans la vigne selon saint Jean? C’est le Père. C’est lui qui travaille et qui est le Vigneron et qui est à l’œuvre. C’est important! Nous, nous nous laissons travailler. Nous sommes émondés par le Père. On reçoit la vie par Jésus qui est le Cep et on est travaillé par le Père qui est le Vigneron. Dans l’Église, c’est Dieu qui est à l’œuvre en premier, ce n’est pas nous. L’automne dernier nous avons eu une formation par l’abbé Gilles Routhier pour nous faire comprendre que la mission de l’Église est en fait, la mission du Père. Et combien de fois dans l’évangile de Jean, Jésus a dit : « Le Père est à l’œuvre et moi aussi je suis à l’œuvre ». Et en reprenant l’image de la vigne, Jésus va dire : « Hors de moi, vous ne pouvez rien faire ». Jean veut nous rappeler ce volet qu’on risque facilement d’oublier. Le vigneron, ce n’est pas moi, c’est le Père. Avant d’être des ouvriers, nous sommes des sarments de la vigne. On reçoit la vie qui vient du Père à travers Jésus qui est le Cep de la vigne. Si nous oublions cela, qu’est-ce qui se passe? On risque de faire nôtre la mission de l’Église. Et on risque de ne plus faire la mission du Père mais de faire nos affaires à nous. Je vous invite à méditer sur ces images complémentaires. De voir comment vous vous situez dans l’Église.
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