Résumé : Comment croire encore en l’Église après les scandales? Il y a une différence importante entre « croire en l’Église » et « croire l’Église ». Croire l’Église est préférable afin que l’Église puisse laisser voir le Ressuscité à travers ses failles.
Comment croire encore en l’Église après les scandales? L’Église est le moyen de la foi et non son objet
« L’Église est le moyen de la foi, elle n’en est pas l’objet. L’objet de la foi, c’est Dieu. L’Église est dans la situation de la Samaritaine qui revient au milieu des siens et qui dit : « J’ai vu le Messie ». Et à la fin, les gens disent : « Ce n’est pas à cause de tes dires que nous croyons mais parce que nous l’avons rencontré, nous le Messie ». (Jn 4,42)
Comment croire encore en l’Église après les scandales? « Croire en l’Église » ou « Croire l’Église »?
Donc, l’Église est présente dans notre foi mais, en même temps, elle s’efface. Au-delà d’elle-même, il y a la tête, le Christ. Et croire à l’Église, c’est croire qu’elle reste capable, dans ses péchés mêmes, d’indiquer quelqu’un qui la dépasse. Quelqu’un qui est en elle, qui l’habite et qui est autre qu’elle-même. C’est son époux, c’est le Christ. Et pour moi, croire l’Église est beaucoup plus important que de croire en l’Église.
Comment croire encore en l’Église après les scandales? Qu’est-ce que « Croire en l’Église »?
Croire en l’Église voudrait dire que l’on va essayer de réécrire l’histoire pour gommer les erreurs ou justifier les péchés de ses représentants. Or ce n’est pas le bon itinéraire.
Comment croire encore en l’Église après les scandales? Qu’est-ce que « Croire l’Église »?
Croire l’Église, c’est croire qu’un lys peut pousser au milieu des marais. Croire l’Église, c’est croire que dans telle prise de position difficile à admettre, dans telle tendance politique dans laquelle les gens d’Église s’engagent, dans telle histoire dramatique d’un homme d’Église et même dans des circonstances assez moches, il peut y avoir une fenêtre, une déchirure qui montre le Christ.
Comment croire encore en l’Église après les scandales? Un exemple pour mieux comprendre
Je me rappelle un épisode qui m’a frappé à l’âge de 7 ans dans mon petit village. Le prêtre était un ivrogne et les gens se moquaient de lui quand il passait dans la rue. Et un jour, à 70 ans, cet homme a vraiment réalisé qu’il était sous la dépendance de l’alcool. Aussi a-t-il pris la décision de desservir à pied, en restant à jeun depuis minuit, et quel que soit le temps, ses trois paroisses distantes l’une de trois kilomètres, l’autre de six. Et un matin d’hiver, on l’a trouvé mort dans la neige.
Comment croire encore en l’Église après les scandales? « Croire l’Église », c’est croire à plus qu’elle
Les gens du pays qui avaient ri de lui et qui même parfois l’avaient fait boire étaient tous présents à ses obsèques. Il y avait de la sainteté dans cet homme. Je ne croyais pas en lui mais je le croyais car, dans son effort désespéré pour réduire sa dépendance, il visait plus grand que lui. Et pour moi, croire l’Église, c’est croire à plus qu’elle. La marque d’une foi adulte, c’est d’accepter de ne pas utiliser les failles de l’Église comme un prétexte pour rejeter l’Église.
Comment croire encore en l’Église après les scandales? Dieu se révèle à travers nos failles et même nos péchés
Si l’on va plus loin, cela veut dire qu’à travers les failles de chacun de nous, et à travers nos propres faiblesses, Dieu peut se faire voir, si on ouvre une brèche en nous. Et il y a des ouvertures chez les gens qui sont abîmés par des failles psychologiques, par des péchés et c’est par là que le Christ passe. Lui qui n’avait pas un endroit où reposer sa tête et qui est mort sur une croix, n’est-il pas le Dieu de la pauvreté?
Comment croire encore en l’Église après les scandales? Croire quelqu’un, c’est croire qu’il est traversé par plus que lui
Et pour la foi, croire une personne, c’est croire qu’elle est traversée par quelqu’un qui est plus grand qu’elle. C’est pourquoi il ne faut pas consentir à la médiocrité de l’Église. Mais on a du mal à croire, c’est vrai, que Dieu puisse passer à travers les péchés car on a une vision beaucoup plus moralisatrice que théologale. Il y a le bien et il y a le mal, pense-t-on. Mais cette approche n’est pas celle du Christ. La question du Christ, c’est plutôt : est-on ouvert à l’autre ou se ferme-t-on? Il faut savoir cependant que l’on peut s’enfermer dans le bien, et s’ouvrir dans le mal. Mais c’est un autre débat. (…) »
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