Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne

Homélie du 23° dimanche Ordinaire C : Luc 14, 25-33

heureux l'homme avisé

Résumé : Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne. Cela signifie que nous devons choisir d’aimer notre prochain comme Jésus en donnant notre vie pour lui.

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne : une exigence qui choque

« De grandes foules faisaient route avec Jésus » : Quand Jésus a vu la foule immense qui le suivait, savez-vous quelle question lui est venue à l’esprit? Combien de disciples y a-t-il parmi eux? Cela me fait penser à l’Église du Québec des années 50 ou 60. Il y avait des foules immenses dans les églises de ce temps. Mais combien parmi elles y avait il de disciples véritables? Jésus nous donne dans l’évangile deux conditions pour être devenir ses disciples: « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » Voilà une parole qui peut nous choquer et même nous désarçonner. En réalité, Jésus, par cette phrase choc, veut interpeller tous ceux qui le suivent en les avertissant que pour devenir ses disciples, il ne suffit pas de le suivre bêtement comme des moutons. Mais il est nécessaire que chacun puisse exercer sa propre liberté afin de véritablement choisir librement de le suivre. Ainsi, Jésus nous invite à exercer notre liberté i.e. notre capacité de choisir en le préférant, Lui, à toute autre personne et à toute autre chose sur la terre. Voilà tout un programme !

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne : c’est l’exigence de Jésus pour tous ses disciples quels qu’ils soient

Mais beaucoup alors peuvent se dire en eux-mêmes : « Ce programme radical qui consiste à préférer Jésus à toute autre personne et à toute chose et même à sa propre vie, cela peut être valable pour les prêtres, les missionnaires, les religieux(ses) qui quittent tout pour suivre le Christ mais ce n’est pas pour moi simple laïc. Le Seigneur ne peut pas nous en demander autant ». Et pourtant, S. Luc est très clair : Jésus se retourne vers les foules qui le suivent et leur adresse cette parole tout à fait choquante. C’est à tous ceux qui désirent devenir chrétien que Jésus adresse cette parole étonnante. Comment alors peut-on comprendre cette parole ?

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne : comment concrètement pouvons-nous Le préférer à tous et à nous-mêmes?

Tout d’abord, pour préférer le Christ à quiconque et même à sa propre vie, cela suppose que nous avons fait la rencontre personnelle avec le Christ ressuscité et que nous avons expérimenté son Amour qui a transformé notre vie. C’est à cette condition que nous pourrons être en mesure de préférer Jésus à tout. En fait, préférer Jésus à toute autre chose ne signifie pas que nous devons aimer Jésus au détriment de l’amour que nous portons naturellement à nos parents, notre conjoint, nos enfants ou à nous-mêmes. Car, Jésus ne supprime pas nos amours. Il vient plutôt les purifier, les transformer et les diviniser. Concrètement, comment cela peut-il se faire ? Comment pouvons-nous réalistement préférer Jésus à tous nos proches et à nous-mêmes ?

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne : différents exemples concrets

Par exemple, si j’aime Jésus de préférence à mon épouse (mari), cela pourra se vérifier si je suis prêt(e) à lui pardonner ses défauts et ses fautes par amour de Jésus plutôt que de me mettre en colère et de vouloir me venger.

Si j’aime Jésus de préférence à mon père ou ma mère, je serai prêt(e) à ne pas profiter d’un beau dimanche après-midi ensoleillé où je pourrais aller me divertir afin de choisir d’aller visiter et aider mes parents âgés ou malades.

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne en choisissant d’aimer notre prochain comme Jésus nous aime i.e. en donnant notre vie pour eux

Comme vous le voyez, « préférer Jésus » à toute autre personne, ce n’est pas enlever de l’amour à nos frères et sœurs, mais c’est plutôt choisir de leur en donner davantage et surtout de mieux les aimer. Au fond, c’est choisir de les aimer comme Jésus nous aime en donnant notre vie pour eux.

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne afin de nous laisser « décaper » de nos péchés

Malheureusement, il est facile de croire que nous aimons notre mari (épouse), parents, enfants. Car nous oublions souvent que notre amour est empreint d’égoïsme, d’orgueil, de jalousie, de recherche de nous-même.  Pour faire une comparaison, nous ressemblons souvent à ces vieux planchers tout salis et ternis avec l’usure et le temps. Pour les faire reluire d’un bel éclat, rien ne sert de les laver ou de les cirer à répétition, mais il faut plutôt les poncer vigoureusement afin de décaper les couches accumulées de saletés.

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne : la « croix » est un moyen concret pour nous libérer de nos mauvaises manières d’aimer

De même, pour être en mesure de choisir ou de préférer Jésus à toute autre personne et à soi-même, il est nécessaire que nous nous débarrassions de nos attachements désordonnés (comme dirait S. Ignace de Loyola) i.e. de changer nos mauvaises habitudes, nos défauts et nos mauvaises manières d’aimer qui se sont imprégnées en nous avec le temps et qui nous empêchent de pouvoir choisir d’aimer à la manière de Jésus. Le produit décapant ou la ponceuse qui permettra à notre liberté de retrouver sa vigueur et sa bonne forme afin de pouvoir choisir d’aimer Jésus plus que tout, on l’appelle dans le vocabulaire chrétien : la Croix. Voilà pourquoi Jésus nous donne une deuxième condition pour devenir ses disciples : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. »

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne : chacun possède « sa croix » personnelle qui l’amène à aimer comme Jésus

Chacun de nous possède sa propre croix taillée sur mesure. Notre croix est constituée de plusieurs éléments qui nous viennent de la vie qui ont un effet décapant sur notre cœur afin que nous soyons capables d’aimer de façon plus gratuite, plus pure, plus profonde et plus vraie. Par exemple, notre croix peut s’appeler « devoir d’état ». Car ce n’est pas toujours facile d’aimer dans les conditions concrètes de nos engagements de vie comme par exemple cette maman qui doit se lever à 3h du matin pour soigner son bébé qui pleure ou qui est malade.

Notre croix peut aussi s’appeler : « maladie, souffrance, infirmité » que nous devons porter patiemment malgré tous les traitements et les soins des thérapeutes et des médecins.

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne : cela nous amènera à imiter Jésus en acceptant librement notre croix par amour de Dieu

Notre croix peut s’appeler : « échec » : échec dans notre mariage, au travail par le chômage, échec dans la fidélité de nos amitiés. La croix peut s’appeler : « contrariétés, malchance, accidents, deuil ». En fait, ce qui est la caractéristique générale de tous ces éléments crucifiants dans notre vie, c’est que l’on ne les choisit pas. Toutes ces ‘croix’ nous tombent dessus sans que nous les ayons cherchées ou désirées. Jésus, lui aussi n’a pas choisi sa croix. On la lui a imposée de force. Lui aussi a eu la tentation de refuser la croix : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse ! » Ainsi, c’est en acceptant sa croix par amour pour son Père et pour nous que Jésus nous a sauvés. De même, notre croix aura un effet salvifique pour nous et nos frères dans la mesure où nous arriverons à accepter notre croix librement par amour de Dieu et de nos frères et sœurs.

Jésus nous invite à le préférer à toute autre personne en comptant uniquement sur sa grâce

Cela n’est pas facile à faire. C’est là que débute le combat spirituel entre la chair et l’Esprit. D’où la comparaison de l’évangile du « roi qui part en guerre » et de l’Ennemi à abattre, c’est le Prince de ce monde qui cherche à nous décourager en usant de la peur et de la tristesse face à notre croix. Voilà pourquoi il nous faut nous « asseoir pour calculer la dépense ». En d’autres mots, il nous faut prier afin de discerner la Présence de Jésus et de son Esprit Saint présent en nous, dans les autres et les événements de la vie. Car sans Lui, sans sa grâce, il nous sera totalement impossible d’aller fidèlement jusqu’au bout du chemin qui nous mène à l’Amour de Dieu. C’est la grâce que je nous souhaite à tous !

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A propos Gérald Lajeunesse 334 Articles
Le père Gérald Lajeunesse est prêtre et membre de la Congrégation des Oblats de la Vierge Marie (omv). Il est curé de la paroisse St Enfant-Jésus de la Pointe-aux-Tremble, à Montréal.

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