Résumé : Jésus nous exhorte à la conversion missionnaire. Ainsi, il faut convertir notre cœur, notre prière, nos paroles et nos actions afin que toute notre vie soit au service de l’Amour de Dieu et de nos frères.
Quelle image avons-nous de la mission ?
Nous célébrons aujourd’hui la journée mondiale des missions. Si je faisais un sondage parmi nous pour savoir quelle est votre première image qui vous vient à l’esprit lorsqu’on évoque les « missions » ? Nous aurions probablement plusieurs réponses variées :
- Soit l’image d’un vieux prêtre missionnaire à la longue barbe blanche portant une soutane et un crucifix annonçant l’évangile à une foule autochtone d’un pays du tiers monde ;
- Soit l’image d’une religieuse enseignant à des enfants pauvres dans une classe de fortune ;
- Soit l’image de jeunes laïcs qui creusent un puits dans un village désertique.
Le Concile Vatican II a renouvelé le sens de la « vie missionnaire »
Selon vous, y a-t-il des points communs entre toutes ces images ? En fait, toutes ces images réfèrent à la mission dans des pays lointains et pauvres où les missionnaires vont prodiguer une aide matérielle et spirituelle. Eh oui, pour la plupart des gens, la mission de l’Eglise s’exerce plus particulièrement auprès des personnes qui sont éloignées et qui vivent dans la misère matérielle et spirituelle. On pourrait dire que cette conception de la mission de l’Eglise correspond à une vision que nous avions avant le Concile Vatican II. Or, comme vous le savez sans doute, le Concile Vatican II a opéré un grand « aggiornamento » i.e. renouvellement pour la vie de toute l’Eglise en commençant par son activité missionnaire dans le document « Ad gentes ». Dans ce document ‘Ad gentes’ de Vatican II, il est rappelé à tous les chrétiens que la mission d’annoncer le salut en Jésus Christ n’est pas réservée aux prêtres et aux religieux (ses) ou aux missionnaires spécialisés. Chaque chrétien reçoit à son baptême la mission du Christ de témoigner de l’Amour gratuit et inconditionnel de Dieu qui nous invite à vivre en communion avec Lui pour la Vie Eternelle. Pour cela, il n’est pas besoin d’aller à l’autre bout du monde puisque nous pouvons tous exercer notre mission là où nous vivons dans notre famille, notre lieu de travail, dans notre voisinage,…
Comment exercer notre mission dans notre monde actuel ?
Jésus nous exhorte à la conversion missionnaire. Mais la question la plus difficile est : comment exercer notre mission spécialement dans notre monde qui paraît souvent insensible aux valeurs spirituelles ? Je répondrais que nous pouvons tous exercer notre mission de baptisé de 3 manières : par notre prière, par nos paroles et par nos actions.
Être missionnaires de tout notre cœur par la prière
- Jésus nous exhorte à la conversion missionnaire par la prière car la mission commence au niveau de notre cœur : nous devons tout d’abord avoir un cœur missionnaire qui englobe tous les hommes de la terre. Nous ne devons pas prier seulement pour nous-mêmes ou pour notre avantage personnel. Dans l’évangile, on voit Jacques et Jean faire une prière à Jésus : « Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande … accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ta gloire. » Mais Jésus va leur répondre : « vous ne savez pas ce que vous demandez. » autrement dit : vous ne savez pas prier. Votre prière n’est pas inspirée par l’Esprit Saint mais par l’esprit du monde. Il est frappant de voir combien les apôtres étaient très humains comme nous : ils cherchaient à obtenir des privilèges et des postes de pouvoir dans le Royaume de Dieu. Dans les associations ou dans les entreprises de notre société capitaliste, il est très fréquent de voir des personnes ambitieuses qui cherchent les postes de pouvoir et de prestige. Si nous nous reconnaissons à travers les apôtres, je pense que le Seigneur nous invite aujourd’hui à nous interroger sur le contenu de notre prière. Est-ce que les demandes que nous faisons à Dieu sont vraiment inspirées par l’Esprit Saint ? Tout d’abord, il me semble important de prier l’Esprit Saint afin qu’il nous éclaire sur les véritables choses que nous pouvons demander à Dieu notre Père. Par exemple : Si mon fils prend de la drogue, alors je peux demander à Dieu : « Seigneur, fais que mon fils cesse de se droguer ». Cela est certes une bonne prière. Mais peut-être que si je demandais davantage l’inspiration de l’Esprit Saint dans ma prière, celle-ci se transformerait en : « Seigneur aide-moi à découvrir les motifs qui poussent mon fils à se droguer » ou bien « Seigneur, aide-moi afin que je puisse établir une vraie relation de confiance et d’amitié avec mon fils pour que je puisse mieux le connaître, le comprendre et dialoguer avec lui. » Cette nouvelle façon de prier Dieu fait en sorte que nous le considérons moins comme un magicien qui avec sa baguette magique va exaucer nos moindres désirs presque malgré nous. En priant avec l’inspiration de l’Esprit, nous considérerons davantage notre mission et notre contribution personnelle dans l’obtention des grâces dont nous avons besoin. Par notre prière, nous acquerrons alors un cœur missionnaire qui nous permettra de croire et d’annoncer la Bonté et la Miséricorde de Dieu.
Être missionnaires en suivant Jésus sur le Chemin de la Croix
- Aussi, Jésus nous exhorte à la conversion missionnaire par nos paroles et nos actions : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire …recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » Pour être missionnaire du Royaume, il nous faut être prêt à passer par le même chemin où Jésus notre Maître est passé : celui de la Passion et de la Croix qui mène à la mort et à la Résurrection. Car le baptême dont parle Jésus signifie la mort au péché, à nous-mêmes et à nos ambitions humaines afin que nous puissions renaître à la Vie nouvelle de l’Amour qui se met au service de Dieu et des autres de façon gratuite et désintéressée.
Et pour que les apôtres comprennent bien ce qu’il veut dire, Jésus prend l’exemple opposé « des chefs des nations païennes qui commandent en maîtres et qui font sentir leur pouvoir (…) Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur (…) Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir…» Cette phrase de Jésus me rappelle une citation fameuse de Goethe : « Savez-vous où il n’y a ni patron, ni esclave ? Là où on sert l’autre par amour. » Prendre une responsabilité dans la communauté, ce n’est pas chercher un pouvoir sur les autres mais c’est devenir serviteur en cherchant à réaliser le bien commun pour l’ensemble de la communauté. Notre communauté chrétienne a un besoin urgent de missionnaires afin d’être en mesure de poursuivre la mission du Christ.
Pour être missionnaires, il faut être évangélisés par les plus petits
En terminant, j’aimerais vous partager un exemple de vie de Henri Nouwen, prêtre et théologien qu’il nous donne dans son livre : Vivre sa foi au quotidien. Henri Nouwen était allé pour aider les personnes handicapées de l’Arche de Jean Vanier. Mais il s’est rendu compte après son expérience que ce sont plutôt les personnes handicapées qui l’ont vraiment aidé et évangélisé plus que lui-même avait pu les aider et les évangéliser. Cet exemple nous montre que tous (même et surtout le plus petit d’entre nous) peuvent être missionnaires de l’Amour de Dieu.
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