Croire que la miséricorde de Dieu suffit

Cet article est numéro 6 d'une série de 9 Surmonter les obstacles à l'évangélisation

Croire que la miséricorde de Dieu suffit: obstacle à l’évangélisation

On peut formuler en d’autres mots cet obstacle à l’évangélisation en disant: « Il n’y a pas besoin d’évangéliser les autres car Dieu est infiniment miséricordieux et puisqu’il désire sauver tous les hommes, sa miséricorde est assez puissante pour le faire tout seul sans la collaboration des pauvres pécheurs que nous sommes. D’ailleurs, prétendre collaborer avec Dieu au salut du monde, n’est-ce pas une prétention orgueilleuse de l’homme ?»

Croire que la miséricorde de Dieu suffit contredit la pensée de l’Église et des Papes

Cette argumentation est pernicieuse car elle nous invite à la passivité et au laisser faire devant la misère spirituelle et morale, en prétextant que la miséricorde de Dieu sauvera tous les hommes sans que nous ayons à collaborer d’aucune manière au salut de nos frères et sœurs. Cette manière de penser et de voir le salut de l’humanité contredit la pensée de l’Eglise exprimée par de nombreux Papes dans l’histoire de l’Eglise. Par exemple, voici ce que le Pape François affirmait dans son Encyclique Evangelii Gaudium pour montrer que tous les baptisés doivent évangéliser :

Croire que la miséricorde de Dieu suffit contredit l’enseignement du Pape François

« En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19). (…) Cette conviction se transforme en un appel adressé à chaque chrétien, pour que personne ne renonce à son engagement pour l’évangélisation, (…). Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ ; (…). Si nous n’en sommes pas convaincus, regardons les premiers disciples, qui immédiatement après avoir reconnu le regard de Jésus, allèrent proclamer, pleins de joie : « Nous avons trouvé le Messie » (Jn 1, 41). La Samaritaine, à peine eut-elle fini son dialogue avec Jésus, devint missionnaire, et beaucoup de Samaritains crurent en Jésus « à cause de la parole de la femme » (Jn 4, 39). Saint Paul aussi, à partir de sa rencontre avec Jésus Christ, « aussitôt se mit à prêcher Jésus » (Ac 9, 20). Et nous, qu’attendons-nous ? » (#120)

Croire que la miséricorde de Dieu suffit contredit le mandat missionnaire de Jésus

De fait, quand on lit les évangiles, on voit Jésus qui sollicite constamment la liberté de ses interlocuteurs afin qu’ils puissent décider librement de se mettre à sa suite sur le chemin du Royaume de Dieu et du salut. Le mandat missionnaire que Jésus a donné à tous ses disciples démontre bien que Jésus comptait sur chacun d’eux (et sur chacun de nous) pour proclamer la bonne nouvelle du salut à toute l’humanité : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu 28, 19-20)

Croire que la miséricorde de Dieu suffit vs Orgueil 

Il aurait été effectivement orgueilleux de notre part de vouloir collaborer au salut du monde si cela n’avait pas été la volonté expresse du Seigneur. Or, si Dieu a voulu que nous participions par l’évangélisation au salut du monde, c’est parce qu’il ne nous considère pas comme des marionnettes c’est-à-dire comme des êtres sans intelligence ni volonté libre mais au contraire, il désire nous demander notre coopération pour le salut de l’humanité afin que nous soyons des « fils et des filles bien-aimés » qui sont capables de s’associer à Lui dans la foi, l’espérance et la charité pour le Salut de chacun(e).

Croire que la miséricorde de Dieu suffit vs Paresse spirituelle

Or, derrière cette argumentation qui évacue la nécessité de nous mettre à la suite du Christ afin de continuer son œuvre d’évangélisation, on peut peut-être soupçonner en fait, la tentation de la « paresse spirituelle ». Car il serait en effet plus facile et plus commode pour nous de ne pas prendre notre part de labeur et d’efforts pour témoigner de notre foi et de notre espérance dans la charité par l’évangélisation de nos frères humains. Ce serait aussi le signe certain que notre cœur ne vibre pas au diapason de Celui du Seigneur Jésus qui a tout donné (jusqu’à sa propre vie) par Amour pour le salut de tous les humains.

Croire que la miséricorde de Dieu suffit peut avoir de graves conséquences

De plus, il est important de prendre conscience des graves conséquences que peut entraîner notre paresse spirituelle. Car lorsque nous refusons de coopérer avec le Seigneur au salut de nos frères humains par l’évangélisation, nous faisons comme ceux qui refusent de porter assistance aux personnes qui souffrent et qui sont en danger de mort. Nous portons alors, d’une certaine manière, la grave coresponsabilité de la souffrance spirituelle d’un grand nombre de nos frères. En fait, notre refus de les éclairer avec la Lumière de l’Évangile par notre témoignage de foi les coupe de l’espérance du salut et de la joie de connaître le Christ Sauveur qui seul peut leur donner une raison de vivre qui puisse combler leur soif d’amour et de bonheur.

Pour le partage en petit groupe :

  • Après la lecture de ce texte, qu’est-ce qui monte dans mon cœur ?
  • Est-ce que je peux reconnaître en moi quelques fois cette tentation de la « paresse spirituelle » qui m’invite à ne pas prendre ma part de labeur pour le témoignage de ma foi aux autres ?
  • Comment est-ce que j’arrive à surmonter cette tentation ?
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A propos Gérald Lajeunesse 312 Articles
Le père Gérald Lajeunesse est prêtre et membre de la Congrégation des Oblats de la Vierge Marie (omv). Il est curé de la paroisse St Enfant-Jésus de la Pointe-aux-Tremble, à Montréal.

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