Sommes-nous des aveugles nous aussi?

Homélie du 30° Dimanche ordinaire B : Marc 10, 46b-52

Résumé : Sommes-nous des aveugles nous aussi? Bien que nous ne soyons pas aveugles physiquement, nous pouvons l’être d’une autre manière.

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Il y a plusieurs années, j’ai vu un film américain très intéressant. Le titre en anglais était “The game” avec le célèbre acteur: Michael Douglas. C’est l’histoire d’un homme très riche (M. Van Orton). Il est si riche qu’il a perdu le goût de vivre. Il est désenchanté de la vie et il est profondément triste et enfermé en lui-même. En raison de sa richesse, il est totalement indépendant. Il n’a besoin de rien ni de personne. Son frère qui l’aime beaucoup veut l’aider à sortir de sa tristesse en l’invitant à faire une expérience nouvelle proposée par une entreprise qui créera un jeu de situation (« game ») adapté à sa personnalité. Grâce à ce jeu de situation, M. Van Orton devra sortir de ses sécurités habituelles. Il fera ainsi l’expérience de sa fragilité et de ses limites humaines. Ainsi, sa vie sera transformée par ce jeu. Il deviendra plus sensible aux autres et il reconnaîtra ses erreurs du passé. Cela aura aussi pour effet de le sortir de son isolement et de sa tristesse.

Sommes-nous des aveugles nous aussi? Bartimée reconnaissait sa cécité

Peut-être que vous vous demandez pourquoi est-ce que je vous parle de ce film dans cette homélie? Si je vous parle de ce film, c’est parce que je crois que l’aveugle dont parle saint Marc dans l’Évangile me semble le parfait opposé de l’homme riche du film (M. Van Orton). “Bartimée, qui était aveugle, était assis dans la rue pour mendier.” Bartimée était un mendiant qui reconnaissait bien sa pauvreté, ses limites et ses besoins. C’est pourquoi il recherchait l’aide de ceux qui l’entouraient. Au contraire, M. Van Orton ne reconnaissait pas ses limites personnelles. Il pensait avoir aucun problème. Selon lui, c’était plutôt les autres qui avaient des problèmes, pas lui. Il était prisonnier de lui-même et il ne sentait pas le besoin de demander l’aide des gens qui l’entouraient.

Bartimée criait sa douleur et appelait Jésus qui passait en disant: “Fils de David, Jésus, aie pitié de moi!” Ce cri était rempli de foi puisque Bartimée appelait Jésus “Fils de David“. Ainsi, il reconnaissait que Jésus était le Messie, c’est-à-dire le Sauveur envoyé par Dieu. Bartimée croyait que Dieu était miséricordieux et c’est pourquoi il implorait sa piété et sa bonté. Tandis que M. Van Orton dans le film ne reconnaissait pas Dieu qui était présent dans sa vie. Par conséquent, il ne priait pas Dieu et ne s’ouvrait pas à sa bonté et à sa miséricorde.

Sommes-nous des aveugles nous aussi? Bartimée voyait spirituellement

Bien que physiquement aveugle, Bartimée “voyait spirituellement” car il savait reconnaître qui était Jésus en vérité. Dans le film, M. Van Orton, bien que n’étant pas physiquement aveugle, il était aveugle spirituellement car il ne pouvait pas reconnaître les signes de la présence de Dieu dans sa vie et à cause de cela, il ne pouvait pas voir le sens de sa vie et il était sans espérance.

Or, nous pouvons nous demander: quel est le lien entre l’évangile et notre vie actuelle? Nous pouvons dire qu’il n’est pas nécessaire d’être très riche pour être aveugle spirituellement. Car nous sommes tous plus ou moins aveugles vis-à-vis de nous-mêmes, des autres et de Dieu. Malheureusement nous sommes souvent aveugles vis-à-vis de nous-mêmes quand nous nous croyons meilleurs ou pires que ce que nous sommes en réalité ou lorsque nous ne nous considérons pas comme les enfants bien-aimés de Dieu notre Père. D’autre part, nous pouvons être aveugles vis-à-vis de nos frères et de nos sœurs lorsque nous les considérons comme des adversaires ou même des ennemis ou lorsque nous agissons comme s’ils n’existaient pas. Enfin, nous sommes aveugles à Dieu lorsque nous vivons comme s’il n’existait pas c’est-à-dire que nous vivons sans tenir compte de ses commandements.

Alors, comment sortir de notre aveuglement? A mon avis, il faut imiter l’aveugle Bartimée. Nous devons d’abord reconnaître notre pauvreté et devenir des mendiants qui demandent humblement l’aide de Dieu et de nos frères. Deuxièmement, nous devons reconnaître Jésus comme notre Sauveur. Nous devons faire un acte de foi envers lui pour qu’il puisse nous guérir profondément. Troisièmement, nous devons ouvrir totalement notre cœur à Jésus, qui demande à Bartimée: “Que veux-tu que je fasse pour toi?” Ainsi, le Seigneur nous invite à examiner notre cœur (comme Bartimée l’a fait) afin de pouvoir découvrir les obstacles qui nous empêchent d’être remplis de la paix et de la joie de Jésus.

Quand Bartimée a crié vers Jésus, les gens autour de lui ont voulu le faire taire. Nous rencontrerons aussi des oppositions de la part des personnes autour de nous et qui n’ont pas vraiment la foi et qui ne veulent pas que nous nous approchions du Seigneur Jésus. En fait, la prière de Bartimée a perturbé l’ordre établi car, selon ces gens, cela ne devait pas se faire. Peut-être avez-vous déjà remarqué que, lorsque quelqu’un souhaite faire un nouveau projet pour aider les autres, il arrive souvent qu’il se heurte à toutes sortes d’oppositions de la part de ceux qui l’entourent, sous prétexte qu’on n’a jamais agi de la sorte auparavant. Ce qui est beau dans l’attitude de Bartimée, c’est qu’il ne s’est pas laissé arrêter par ceux qui s’opposaient à sa prière. Bartimée a persévéré dans sa prière et il a finalement été entendu. Son exemple nous encourage à ne jamais nous décourager face aux obstacles.

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A propos Gérald Lajeunesse 338 Articles
Le père Gérald Lajeunesse est prêtre et membre de la Congrégation des Oblats de la Vierge Marie (omv). Il est curé de la paroisse St Enfant-Jésus de la Pointe-aux-Tremble, à Montréal.

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