Introduction : L’homme…
…à la disposition de la femme
Le 1er décembre 2016, les députés Français ont adopté en première lecture une proposition de loi qui vise à étendre le délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Le gouvernement, à l’origine de cette initiative, considère que certains sites internet donnent de fausses informations sur l’IVG et cherchent « à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif », les femmes qui consultent ces sites. Par contre, les sites qui donnent des informations qu’on pourrait considérer comme agissant « dans un but incitatif » à l’IVG, ne sont pas visées. La ministre des Affaires Sociales et de la Santé a d’abord cherché à faire adopter par le Sénat un amendement au projet de loi Egalité et Citoyenneté, en septembre dernier, inutilement. Le groupe socialiste à l’Assemblée nationale a alors pris le relais en présentant une proposition de loi (PPL) contenant ce même amendement. Le gouvernement a déclaré l’urgence sur ce texte, pour qu’il soit adopté avant la fin de la législature. Le Sénat va examiner à son tour la PPL, qui ne contient qu’un seul article, dès le mardi 6 décembre en commission, et mercredi 7 décembre en séance publique. Au cours des débats qui ont duré plusieurs heures, les positions sont restées tranchées et les échanges parfois vifs : d’un côté, l’affirmation d’un droit des femmes à disposer de leur corps et donc d’un « droit fondamental à l’IVG » qui ne doit supporter aucune mise en cause ; de l’autre, l’inquiétude pour la liberté d’expression et le droit des femmes à s’informer ailleurs que sur les sites gouvernementaux.
… dans une situation dramatique
Pourquoi évoquer ce sujet en cette Solennité de l’Immaculée Conception ? Saint Anselme nous le fait comprendre. Avant la venue du Rédempteur dans le sein immaculée de sa mère, la situation de l’homme était dramatique. « Tous étaient morts…dépouillés de leur dignité naturelle, qui est d’être au pouvoir et au service de ceux qui louent Dieu (…) Ils étaient opprimés et dégradés par un culte idolâtrique, étranger au but de leur existence ». (Liturgie des Heures, éd. Cerf, 1980, tome I, p. 1296)
… rendu à sa beauté première
L’œuvre de la rédemption change la donne, l’homme est rendu à sa beauté première : « Le ciel et les astres, la terre et les fleuves, le jour et la nuit, et tout ce qui obéit ou sert à l’homme, se félicite d’être par toi, ô notre Dame, rendu en quelque sorte à sa beauté première et même doté d’une grâce nouvelle et ineffable », dit S. Anselme. (Liturgie des Heures, ibidem, p. 1295)
… réjouit la cité céleste
Non seulement la rédemption est un motif de réjouissance pour la nature humaine rendue à sa beauté première, mais pour les anges : En la Conception Immaculée de Marie, « tous se réjouissent d’être comme ressuscités, (…) tous les justes disparus avant (la) mort vivifiante (du glorieux Fils de ta glorieuse virginité) exultent de voir la fin de leur captivité, et les anges, le relèvement de leur cité à moitié détruite ». (Liturgie des Heures, ibidem, p. 1296)
…réjouit Dieu Lui-même
Il n’est pas jusqu’à Dieu qui ne se réjouisse de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie : « O Vierge bénie et plus que bénie, (ta) bénédiction est source de bénédiction pour toute la nature, non seulement pour la nature créée, de la part de son Créateur, mais aussi pour le Créateur, de la part de sa Création ! » (Liturgie des Heures, ibidem, p. 1296)
I. Le plan de Dieu…
… au concile d’Ephèse
Au Concile d’Ephèse, au 5ème siècle, en 431, l’Eglise nomme Marie « Mère de Dieu ». Au 15ème siècle, l’Eglise, dans sa liturgie, professe que Dieu a préparé à son Fils « une demeure digne de Lui par la conception immaculée de la Vierge ». Elle ajoute que Dieu « comble » Marie de grâce et « l’enveloppe du manteau de l’innocence ».
… l’homme comblé de grâce et innocent
Je voudrais revenir sur ces deux traits de la nature de Marie : comblée de grâce et enveloppée du manteau de l’innocence. Ces deux caractéristiques sont les nôtres ! En effet, nous venons d’entendre cette affirmation bien extraordinaire de S. Paul, disant que « [Le Père] nous a bénis et comblés de bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ ». (Ep. 1, 1) Bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit et « choisis […] pour que nous soyons saints et immaculés devant Lui, dans l’amour ». (Ep. 1, 2) A l’évidence, le plan de Dieu est de donner en Marie une image anticipée de ce que l’Eglise sera : en Marie, dit la Préface du 8 décembre, Dieu « préfigurait l’Eglise, la fiancée sans ride, sans tache, resplendissante de beauté ».
II. La vision de l’enfant…
… par la femme chrétienne
Voilà donc, notre identité future. Il est bon de la professer parce que c’est le plan de Dieu sur nous.
Quand une femme donne naissance à un enfant :
- Elle donne vie à un être prédestiné à être saint, immaculé et fils adoptif du Père.
- Elle participe au « dessein bienveillant » (Ep. 1, 9) de Dieu.
- Elle veut, pour cet enfant, le sceau (Ep. 1, 13) de l’Esprit de Dieu.
- Elle espère, pour cet enfant, la vie éternelle. (Ep. 1, 18)
- Elle souhaite que cet enfant participe un jour à « un héritage parmi les saints ». (Ep. 1, 18)
- Elle sait que cet enfant, intégré à l’Eglise par le baptême, participera à la « plénitude » donnée par le Christ, Tête de l’Eglise. (Ep. 1, 22)
- Elle attend que cet enfant, au cours de sa vie, participe à « l’extraordinaire richesse de la grâce (de Dieu) ». (Ep. 2, 7)
…par Marie
Marie comprend tout cela quand elle exulte en son Magnificat : « Il élève les humbles, Il comble de biens les affamés. » (Lc. 1, 52-53) C’est d’elle qu’elle parle, mais aussi de nous tous, de toute cette humanité qui aspire à être délivrée de l’esclavage de la mort, de la dégradation d’une vie sans Dieu.
…partagée par toute femme ?
Toute femme d’Israël aspirait à concevoir, parce qu’elle aspirait à concevoir le Christ, même si elle s’en sentait indigne. Aujourd’hui, il devrait en être de même. Toute femme qui conçoit, conçoit un être :
- qui pourrait être « étranger aux alliances de la Promesse », (Ep. 1, 12)
- qui pourrait être « sans espérance, ni Dieu en ce monde ». (Ep. 1, 12)
Mais :
- qui sera « proche » du Christ (Ep. 1, 13), grâce à Son sang,
- qui aura « accès au Père ». (Ep. 1, 18)
Ainsi, la femme qui porte un enfant, porte une vie promise à un avenir qui la dépasse. Marie le découvrira, émerveillée, en portant l’Enfant Dieu.
Conclusion : Aller à Marie …
Dieu refait tout en Marie.
« Toute la création est l’œuvre de Dieu, et Dieu est né de Marie ! Dieu a tout créé, et Marie a enfanté Dieu ! Dieu qui a tout formé, s’est formé Lui-même du sein de Marie, et ainsi Il a refait tout ce qu’Il avait fait. Lui qui a pu tout faire de rien, n’a pas voulu refaire sans Marie sa création détruite. Dieu est donc le Père de toutes les choses créées, et Marie la mère de toutes les choses recréées. Dieu est le Père de toute la création universelle, et Marie la mère de la rédemption universelle. » (Livres des Heures, ibidem, p.1296-1297)
- Il faut donc aller à Marie pour comprendre la grandeur d’une femme qui enfante, puisque c’est par Marie que Dieu, en son Fils, refait, recrée, rachète l’humanité et la rend à sa destinée première. « Dieu a engendré Celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté Celui par qui tout a été sauvé. » (ibidem, p.1297)
Prions Marie, Mère du Sauveur
« O Marie, nous avons grande confiance en toi. Tu es la Mère du Sauveur, la Mère du Rédempteur, la Mère de la création recréée, rachetée et sauvée. Sois Mère pour les mères qui ne comprennent plus la grandeur de leur maternité. Nous te confions ces mères qui semblent ne plus vouloir la vie. Tu es la Mère de la création rachetée, recréée et sauvée : viens au secours des mères, viens à notre secours. Prends cette humanité sur tes genoux, comme tu le fis pour ton Fils, lors de sa mise en tombeau, et prie pour elle, afin qu’elle ressuscite. Amen. »
Oraison jaculatoire
« Viens, ô Marie, relever l’humanité déchue par la grâce de ta maternité spirituelle. Amen. »
Homélie pour la Solennité de l’Immaculée Conception
Année «C »
Jeudi 8 décembre 2016
Lc 1, 26-38
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