Le baptême, notre résurrection à nous

Homélie pour la solennité de Pâques, Année «A », Samedi 15 et dimanche 16 avril 2017, Mt.28, 8-15

Introduction : Le désir de découvrir Dieu…

…  chez nos catéchumènes

Chers frères, un de nos catéchumènes a écrit à notre évêque que ce qui l’a conduit au baptême, c’est l’émerveillement des Chrétiens pour leur Seigneur : « leur foi en notre Seigneur les [ravit] chaque jour ». Il a eu soif, avec les autres, de découvrir ce  « secret » des Chrétiens : Ils vivent d’une vie qui n’a pas son fond propre en lui-même.

… chez Andrew Goodwin

Andrew Goodwin sur Revelation TV, en 2012, témoigne d’un chemin identique. A quatre ans, sa mère lui demande d’aller se coucher. Il regarde en haut de l’escalier et voit un  grand personnage de couleur verte, avec des yeux jaunes qui le regardent méchamment. Il reste là, paralysé d’effroi. Puis il court vers sa mère, en disant : « Maman, maman, il y a un monstre en haut de l’escalier. » Sa mère ne voit rien et le couche. Quand il ira au lit, il sentira souvent cette présence. Après un déménagement, tout rentre dans l’ordre. Cette expérience affecte néanmoins sa confiance en la vie. A l’âge de 10 ans, il est abusé sexuellement par un garçon de 14 ans. Alors qu’il est abusé, il entend des voix se rire de lui. Il se rappelle alors ce monstre vu en haut de l’escalier dans sa petite enfance.  Il ne dit rien à personne de ce nouveau traumatisme, mais il ne peut plus regarder dans les yeux ni son ami, ni les parents de cet ami.

Il aura alors des rêves étranges : le diable semble être entré en lui et lui parler. La médecine diagnostique une schizophrénie paranoïaque. Il n’y croit pas : sa vue du réel, pense-t-il,  est la bonne. A l’âge de 13 ans, il  commence à fumer de la marijuana, à l’âge de 15 ans, il en fume tous les jours. Il se rend enfin à la raison : il est bien malade, mais cette maladie lui fait perdre espoir. Ne lui a-t-on pas dit qu’il serait incapable de conduire, d’avoir un travail ? Ne lui a-t-on pas dit qu’il devait accepter d’être sous traitement tout le reste de sa vie ? Les médicaments l’aident à diminuer l’angoisse, mais il a encore des cauchemars, des pleurs sans raison, des désirs suicidaires. Rien ne le motive.

A l’âge de 20 ans, il rencontre un jeune en 1ère année de formation biblique à qui il raconte sans fard sa situation.  Ce jeune lui parle de Jésus. Il ne comprend pas un mot de ce qui lui est dit, mais son cœur comprend. Il accueille Jésus dans son cœur, croit que Dieu peut le guérir. Dans sa tête, tout est changé, même si son état ne change pas de but en blanc. « Cela m’a pris 20 ans. Après ma conversion, la schizophrénie a été pire encore, avant que cela n’aille mieux. Quand je prenais la Bible, j’entendais des voix crier dans ma tête. » Andrew revoit son ami Paul. Ils entrent dans une relation plus intime encore. Ils vont ensemble à l’église, prient,  jouent, vont à des conférences ensemble. Des prières de délivrance le rendent à la santé. Il juge aujourd’hui que cette schizophrénie était démoniaque. Une fois les démons partis, la restauration s’est faite en cherchant Dieu davantage encore : « C’était merveilleux de le connaître : je pouvais avoir une destinée, un futur, une vie ! Je ne crois pas en un appel où nous deviendrions indépendants de Lui. Dieu ne nous sauve pas pour que nous disions : « Maintenant je vais pouvoir faire ma vie. » 

… chez le disciple

Hélas, faire sa vie est un comportement qui revient vite. Quand le Berger, Jésus, est frappé, Ses disciples, aussitôt se dispersent :

  • L’un pleure et pleure encore, parce qu’il a trahi;
  • L’autre se pend, parce qu’il a trahi en Le vendant pour trente pièces d’argent.
  • Le troisième ronchonne, se renferme en lui-même et rompt avec ses compagnons, si bien qu’il faudra toute l’autorité du Seigneur pour qu’il revienne à la foi : «Avance ici ton doigt, dit-Il à Thomas, et regarde Mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans Mon côté; et ne sois pas incrédule, mais crois. » (Jn. 20, 27)
  • Pierre, selon un récit apocryphe, fuit Rome alors que les Chrétiens y sont persécutés. Le Seigneur lui apparaît : « Domine, quo vadis ! » « Seigneur, où vas-tu ? » lui demande Pierre. Jésus lui répond : « J’entre dans Rome pour y être crucifié. » Pierre comprend : il revient sur ses pas et à accepte le martyr auquel il voulait échapper.

La question que pose Jésus à l’apôtre qui fuit est aussi celle qu’Il nous pose : « Et toi, où vas-tu ? »; « Où vas-tu disciple ? » Vas-tu aller à ta propre vie, maintenant que Je t’ai plongé dans Ma mort et Ma résurrection ou vas-tu vivre de cette vie qui n’a pas son principe en toi-même, mais en Moi ?

1. L’événement du baptême expliqué par la sainte Ecriture…

L’événement de la Pâque pourrait être extérieur à nous si nous n’étions pas baptisés. Mais le baptisé ne peut plus vivre cet événement comme lui étant extérieur, parce que, par le baptême :

  • Le « vieil homme », l’homme indépendant, qui mène sa propre vie, a été crucifié avec le Christ: « Notre vieil homme a été crucifié avec Lui. » (Rm.6, 6)
  • Le « vieil homme », l’homme indépendant, qui mène sa propre vie, est mort : « C’est dans Sa mort que… nous avons été baptisés. » (Rm.6, 3)
  • Le « vieil homme », l’homme indépendant qui mène sa propre vie, a été enseveli : « Nous avons été mis au tombeau avec Lui par le baptême dans Sa mort. » (Rm.6, 4)
  • Le « vieil homme », l’homme asservi par le péché, a été rendu à l’impuissance : « Notre vieil homme a été crucifié avec Lui, pour que fût réduit à l’impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d’être asservis au péché. » (Rm.6, 6)

Par le baptême :

  1. Un principe de vie nouvelle a été implanté en lui : « Nous avons été mis au tombeau avec Lui…pour que nous menions une vie nouvelle. » (Rm.6, 4)
  2. Un principe de vie à Dieu a été implanté en lui : « Considérez que vous êtes … vivants à Dieu dans le Christ Jésus. » (Rm.6, 10-11)
  3. Un principe de vie avec le Christ a été implanté en lui : « Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivons aussi avec Lui. » (Rm.6, 8)
  4. Un principe d’unité avec le Christ a été implanté en lui : « C’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la Sienne. » (Rm.6, 5)

2. L’événement du baptême expliqué par …

… Jean-Paul II

Le Saint Père Jean-Paul II,  le 24 novembre 1993, au cours d’une Audience Générale, se faisait plus concret. « Au moyen du baptême se greffe la sainteté… » :

  • « Ontologique ». C’est-à-dire que, toi, baptisé, tu participes à l’être-même de Dieu.
  • « Ecclésiologique ». C’est-à-dire que, toi, baptisé, tu participes à la vie d’une nouvelle famille, l’Eglise. Tu fais partie d’un corps, l’Eglise.
  • « Et éthique ». C’est-à-dire que, toi, baptisé, tu participes à la sainteté morale de Dieu Lui-même. Tu es pur, sans tache, sans péché. Par nature, par ta nature baptismale : tu aimes Dieu, tu aimes ton prochain. Tu te distingues de tous les autres, en ce monde, par ta faculté surnaturelle d’aimer. Tu ne fais pas de tort à ton prochain et tu es même rendu capable de donner ta vie pour lui.

… Vatican II

Et le Saint Père souligne cette grandeur du baptême, en citant Vatican II : « Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres, (de leurs bonnes actions) mais au titre de Son dessein et de Sa grâce, …les disciples du Christ sont véritablement devenus, dans le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine, et, par conséquent, réellement saints. » (Lumen Gentium, n°40)

Conclusion : Le caractère imprimé par le baptême et la confirmation…


En quoi consiste donc le baptême en un mot ? Le baptême est notre résurrection à nous.

…agit de lui-même

On a souvent dit des sacrements qu’ils agissent « ex opere  operato », qu’ils agissent d’eux-mêmes, C’est vrai : les sacrements créent une « disposition » (un « habitus »).

  • Le baptême « imprime le caractère du Christ » et à jamais : « Le caractère (baptismal) demeure et ne peut être effacé. » (S. Thomas, Somme III Q.66 a.1 sol.1)
  • La confirmation confère un « caractère » ou « sceau » par lequel, comme pour le baptême et l’Ordre, le chrétien participe au sacerdoce du Christ et fait partie de l’Église selon des états et des fonctions diverses. (cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 1121)

Ces sacrements sont si grands qu’ils sont :

… inspire nos actions

Nous étions, jusqu’à notre baptême, notre propre principe de vie : nous nous mouvions selon notre volonté. Au baptême, nous avons reçu un principe de vie autre, une source de mouvement autre : « Nous pouvons accomplir nos actions divinement, parce que leur principe est divin. » (Dom Columba Marmion, Le Christ dans ses Mystères, p. 276)

Andrew Goodwin ne veut plus agir selon un principe de vie naturel. Il a retenu la suggestion de Paul aux Galates : « Puisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse agir », (Gal. 5, 25). Retenons-la aussi : Que nos actes soient inspirés par l’Esprit et non par nous-mêmes.  Que l’Esprit du Christ, dorénavant, nous inspire en tout temps.


Prions : « Seigneur, Tu as mis en nous, par notre baptême, un principe de vie nouveau. Donne-nous, de le laisser croître au point que se réalise en nous la parole de S. Paul : « Si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi. » (Gal.2, 20)

 

Oraison jaculatoire : « Que Ton Esprit me fasse vivre ! »

 

Question : En quoi, pour vous, consiste votre baptême ?

 

Suggestion : Se décider à vivre non de sa vie, mais de la vie de Dieu.

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A propos Geoffroy de Lestrange 75 Articles
Le père de Lestrange, curé dans le monde rural, a fait ses études supérieures aux États-Unis. Il y a découvert le Renouveau charismatique catholique ainsi que les églises évangéliques. Bénédictin, puis profès simple chez les frères de Saint-Jean, il a découvert par ces contacts divers, l'importance de la prière pour une nouvelle Pentecôte dans l'Église, souhaitée par tant de papes.

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